STRASBOURG : Une mosquée et deux associations turques de l'est de la France ont été taguées avec des croix de Lorraine, symbole traditionnellement attribué au gaullisme et à la Résistance, a-t-on appris dimanche auprès du parquet et de responsables musulmans qui ont dénoncé une "provocation".
"Une enquête va être diligentée", a indiqué le parquet de Besançon.
À Pontarlier, les croix ont été apposées sur les murs de la mosquée Philippe-Grenier et sur ceux de l'Association des Turcs de Pontarlier, a indiqué Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national de lutte contre l'islamophobie.
Sur la mosquée, les policiers ont ainsi dénombré "six croix", tracées avec une bombe de peinture rouge, selon le parquet.
Des croix similaires ont aussi été retrouvées sur le bâtiment de l'Association de l'amitié franco-turque de Montlebon, près de Morteau, à une trentaine de kilomètres au nord de Pontarlier, selon M. Zekri et le parquet.
Les tags sur la mosquée ont été constatés dimanche matin par des fidèles qui allaient prier, a indiqué son président Boubaker Lamamra, qui devait déposer plainte.
La mosquée Philippe-Grenier avait déjà fait l'objet dans le passé de dégradations mais "c'est la première fois que je vois des croix de Lorraine", a expliqué M. Lamamra.
L'emploi de la croix de Lorraine, symbole de la Résistance, pourrait signifier "on résiste à l'islam", a-t-il estimé, voyant dans ces tags un acte "islamophobe".
"Nous condamnons avec force cette provocation", a déclaré M. Zekri.
"Nous sommes très surpris que ce soit une croix de Lorraine (...) mais (...) nous sommes en pleine ligne droite vers l'élection présidentielle et les discours actuellement de haine (...) ne font que renforcer les actes" anti-musulmans, a-t-il ajouté.
M. Zekri a encore dénoncé un "climat malsain" autour de l'islam et redouté une "surenchère" qui durerait, selon lui, "jusqu'à l'élection présidentielle".
À l'approche de la présidentielle d'avril 2022 - à laquelle le président Emmanuel Macron, qui n'a pas encore exprimé ses intentions, devrait se représenter -, la scène politique française est remuée par l'entrée en piste d'un ex-journaliste du Figaro devenu polémiste d'extrême droite, Eric Zemmour, qui cible prioritairement l'islam dans un discours radical.