L’Arabie saoudite se dirige lentement mais sûrement vers la création de sa première équipe nationale féminine de football. Au centre du projet, Monika Staab, ancienne footballeuse allemande et désormais entraineur et formatrice de football.
"Une voix me dit : ‘Bonjour, ici la Fédération saoudienne de football. Nous aimerions organiser notre première formation de Licence C pour les entraîneurs féminins", raconte-t-elle a Fifa.com.
Celle qui a officié dans pas moins de 85 pays durant sa carrière se dit surprise par la volonté et l'enthousiasme de centaines de femmes saoudiennes qui se passionnent pour le football.
"Quand je suis arrivée, on m’a annoncé que le travail commençait à six heures du matin. Je n’avais jamais vu des gens débuter leur journée aussi tôt. À six heures précises, j’ai trouvé en face de moi 24 femmes prêtes à se lancer dans l'aventure. J’avais du mal à en croire mes yeux. Je les ai regardées et j’ai vu qu’elles débordaient d’enthousiasme, de passion et de dynamisme. Elles ont suivi cette formation de Licence C avec moi pendant deux semaines et tous les jours, elles étaient là six heures sonnantes", explique-t-elle.
Lors de son séjour en Arabie Saoudite, Monika Staab visitera 25 clubs à Dammam, Riyad et Djeddah, dans lesquels elle trouvera à chaque fois au moins 40 inscrites. Certaines de ces femmes devaient faire 2 heures de voiture, s'entraînaient et faisaient encore deux heures de voiture pour rentrer chez elles. “ En parallèle, elles travaillent ou étudient. Aucune n’est professionnelle. Ce sont avant tout des passionnées, qui sont convaincues que leur rêve est en train de se réaliser” raconte-t-elle.
Le 2 novembre sera une date charnière pour le football féminin saoudien. Cette date historique retiendra que l'équipe féminine saoudienne de football a effectué son premier entraînement sous les ordres de Monika Staab. 700 joueuses étaient éligibles à la sélection, toutes participeront aux essais, au final seules 30 seront retenues.
"Ce qui se passe ici est incroyable. Ces femmes sont portées par un sentiment de liberté. Elles peuvent exprimer publiquement leur amour pour le football", apprécie Staab, qui doit parfois modérer les ambitions locales. "Elles espèrent participer à la Coupe du Monde Féminine d’ici dix ans. Je leur ai tout de suite répondu : Doucement, doucement. L’Allemagne a dû attendre 21 ans et vous, vous n’auriez besoin que de dix ans ? Ce n’est pas réaliste. Mais elles ne veulent pas renoncer à leur rêve. Elles sont soutenues par le président et le secrétaire général de la fédération. Que demander de plus ?" conclut-elle.