WASHINGTON : Le marché du travail s'est redressé aux Etats-Unis en octobre, rebondissant après la vague du variant Delta et malgré le manque de travailleurs, tandis que le Congrès doit voter les plans d'investissements de Joe Biden censés assurer la croissance à long terme.
Le taux de chômage a reculé de 0,2 point par rapport à septembre, pour tomber à 4,6%, encore loin cependant des 3,5% d'avant la crise, a annoncé vendredi le département du travail.
Par ailleurs, 531 000 emplois ont été créés en octobre, secteurs public et privé confondus, quasiment deux fois plus qu'en septembre.
En octobre, "la croissance de l'emploi a été généralisée", a précisé le département du Travail dans son communiqué, évoquant notamment les loisirs et l'hôtellerie, les services aux entreprises, l'industrie, ou encore la logistique.
"Notre économie est en marche", a salué le président Joe Biden lors d'une conférence de presse.
"La pandémie n'est pas encore derrière nous", a-t-il ajouté, appelant à accélérer le rythme des vaccinations, désormais ouvertes aux enfants de 5 à 11 ans, tandis que l'administration Biden a annoncé une obligation vaccinale pour environ deux tiers des salariés dès janvier.
Le président américain a également appelé à "adopter" ses plans d'investissements, débattus au même moment au Congrès, et censés assurer la croissance et l'emploi à long terme. Leur montant total d'un peu moins de 3 000 milliards de dollars, est cependant bien loin de ses ambitions initiales.
«Les nuages se dissipent»
Les créations d'emplois, après avoir dépassé le million en juin puis en juillet, avaient ensuite ralenti à cause du variant Delta de la Covid-19, moins cependant qu'initialement annoncé. Ainsi, en août, 483 000 emplois avaient été créés, puis 312 000 en septembre, selon des données révisées en hausse.
"Les nuages qui planent sur le marché du travail se dissipent", a salué Gregory Daco, économiste pour Oxford Economics.
Au total, 18,2 millions d'emplois ont été recréés depuis mai 2020, mais, il en manque toujours 4,2 millions pour retrouver le niveau d'avant la pandémie, lorsque le marché du travail était au meilleur de sa forme.
Et cette amélioration cache de grandes disparités, puisque le taux de chômage est deux fois plus élevé pour les travailleurs noirs (7,9%) que pour les travailleurs blancs (4%).
Les employeurs, paradoxalement, peinent toujours à recruter, et des millions de postes restent vacants dans les restaurants, usines, services de livraison, crèches...Car depuis le début de la pandémie, les rangs se sont clairsemés, entre les personnes qui craignent pour leur santé, les problèmes persistants de garde d'enfants, ou encore les départs anticipés en retraite.
Le taux d'activité (les personnes qui travaillent ou cherchent un emploi) qui était de 63,3% juste avant la crise, stagne désormais à 61,6%. Il est "peu probable" qu'il retrouve son niveau antérieur, a récemment averti un responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed).
L'économiste Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, pense au contraire que "la plupart des personnes chassées du marché du travail par la Covid reviendront". Il table sur plus d'un million de créations d'emplois pour novembre et décembre "si le taux de participation augmente".
Salaires en hausse
La reprise de l'école en septembre, libérant les mères après un an et demi d'école souvent sur ordinateur, et l'expiration, le 6 septembre, des allocations chômage plus généreuses qui étaient distribuées depuis le début de la pandémie, laissaient espérer une ruée vers l'emploi.
Mais "ça ne semble pas avoir été le cas", a récemment souligné le président de la Fed, Jerome Powell.
Les salariés, désormais en position de force, "quittent leur emploi en nombre record, mais dans de nombreux cas, ils retournent au travail et obtiennent des salaires plus élevés" dans une autre entreprise, selon Jerome Powell.
Cette "Grande démission" - en référence au "Grand confinement" du printemps 2020, à la "Grande récession" de 2008-2009, et à la "Grande dépression" des années 1930 - a même atteint des niveaux record au cours de l'été.
Car face à cette pénurie, les employeurs rivalisent à coups de rémunérations attrayantes, primes alléchantes, assurance santé confortables, ou encore horaires souples. Le salaire horaire moyen du secteur privé a ainsi, sur les 12 derniers mois, augmenté de 4,9%, atteignant, en octobre, 30,96 dollars.