Quand un influenceur et d'anciens combattants US viennent au secours de l'Afghanistan

A la chute de Kaboul, «j'étais au-delà de l'horreur et du dégoût. Je voulais juste aider», raconte Tommy Marcus, entrepreneur et influenceur, qui dit vivre de ses interventions sur Instagram depuis Brooklyn et le New Jersey. (AFP)
A la chute de Kaboul, «j'étais au-delà de l'horreur et du dégoût. Je voulais juste aider», raconte Tommy Marcus, entrepreneur et influenceur, qui dit vivre de ses interventions sur Instagram depuis Brooklyn et le New Jersey. (AFP)
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Publié le Mercredi 03 novembre 2021

Quand un influenceur et d'anciens combattants US viennent au secours de l'Afghanistan

  • En quelques clics sur son compte Instagram, il donne l'impulsion à ce qui va devenir une opération hors normes d'évacuation de centaines d'Afghans
  • D'après Karen Kraft, deux nouveaux avions pour un total de près de 600 passagers sont prêts à partir dès que possible, dont l'un assuré par Kiwijet

ENGLEWOOD: "Je voulais juste aider!": lorsqu'il découvre "horrifié" sur son smartphone que Kaboul tombe le 15 août aux mains des talibans, Tommy Marcus, influenceur sur Instagram, ignore que d'anciens combattants américains cherchent aussi à porter secours à des milliers d'Afghans terrorisés.


Le New-Yorkais de 26 ans, connu de ses 800 000 abonnés sous le pseudo "Quentin Quarantino" grâce à ses mèmes humoristiques en faveur de la vaccination, de l'avortement ou contre Donald Trump, est stupéfait par les images d'Afghans accrochés à un avion militaire américain qui décolle de l'aéroport de Kaboul.


En quelques clics sur son compte Instagram, il donne l'impulsion à ce qui va devenir une opération hors normes d'évacuation de centaines d'Afghans: il amasse en trois jours une cagnotte de 7,2 millions de dollars et rallie des militaires en retraite et d'anciens diplomates, spécialistes du droit d'asile, de l'aide humanitaire ou encore du transport aérien en zones de guerre.


Un scénario digne d'Hollywood, où se conjuguent puissance des réseaux sociaux, levées de fonds ultra-rapides par financement participatif et efficacité logistique des Américains. 


L'AFP a recueilli les témoignages d'acteurs de cette "opération Flyaway" lancée le 17 août et toujours en cours, consulté des messages d'Afghans -- femmes, enfants travailleurs sociaux, journalistes, interprètes -- suppliant de quitter leur pays, et reçu des documents contractuels et budgétaires attestant du "sauvetage direct" par plusieurs avions affrétés de 565 Afghans, certains en transit et d'autres déjà arrivés aux Etats-Unis.

«Puissance» d'Instagram
A la chute de Kaboul, "j'étais au-delà de l'horreur et du dégoût. Je voulais juste aider", raconte Tommy Marcus, entrepreneur et influenceur, qui dit vivre de ses interventions sur Instagram depuis Brooklyn et le New Jersey.


Il ameute alors ses abonnés, conscient de "la puissance de (sa) plateforme".


Des "milliers et des milliers" de réponses affluent en quelques minutes, dont l'un de ses premiers fans qui affirme être "en contact avec un groupe qui vient de faire évacuer une centaine de personnes vers la France et qui a besoin d'argent", selon M. Marcus.


Il croule aussi sous les messages et photos insoutenables le suppliant d'agir: "Aux noms de l'humanité et de la justice, acceptez-moi comme réfugiée dans un pays en sécurité!", implore une femme, quand un homme lui demande avec "une grande douleur" d'exfiltrer sa famille terrorisée par le retour des talibans.


Débordé de demandes, Tommy Marcus exhorte ses abonnés à l'aider à "lever au moins un demi-million de dollars en 24 heures". Il assure aujourd'hui avoir reçu "un million en deux heures (...), 5 millions en 24 heures (...) et 7 millions en trois jours".

«Pacifiste de gauche»
Face à cet "afflux dingue et viral d'argent", celui qui se dit "pacifiste de gauche" se tourne néanmoins à la hâte vers des professionnels des zones de guerre.


Il est approché par Raven Advisory, une officine de services de sécurité constituée d'anciens du Pentagone et de la CIA, et s'adjoint l'expertise de Karen Kraft, une ex-officière de réserve de l'armée de Terre reconvertie en productrice télé, à la tête d'une association d'anciens combattants.


Emmenés par le novice Tommy Marcus, "nous avons tous ressenti le même appel à agir", s'enthousiasme Karen Kraft, cheville ouvrière de l'opération.


"C'est la chose la plus pure que j'aie jamais faite", souffle Jason Hatch, vieux routier des forces armées et de la diplomatie, chargé pour l'occasion de dresser des listes de passagers à évacuer et de rassembler les documents nécessaires aux Afghans en transit aux Emirats arabes unis, au Qatar, au Kosovo, en Ouganda et en Albanie.


Des documents fournis par Flyaway détaillent le budget global de l'opération et la liste précise de la dizaine de vols d'évacuation entre août et début octobre: pas moins de 4,79 millions de dollars, partagés entre plusieurs compagnies charters comme l'égyptienne Mayfair ou Kiwijet, détenue par un homme d'affaires néo-zélandais, Nicolas Steele, qui selon le Washington Post a eu maille à partir avec les autorités américaines.

Attentat suicide 
Les organisateurs de Flyaway déplorent que dans le contexte du retrait chaotique d'Afghanistan, l'attentat suicide perpétré par le groupe Etat islamique à l'aéroport de Kaboul le 26 août (plus de 100 morts, dont 13 militaires américains) ait "complètement gelé" les évacuations: des vols ont été annulés alors qu'ils étaient déjà payés, en raison de la détérioration de la situation sécuritaire et de la flambée des primes d'assurance.


D'après Karen Kraft, deux nouveaux avions pour un total de près de 600 passagers sont prêts à partir dès que possible, dont l'un assuré par Kiwijet.


Près de 123 000 personnes ont contribué à amasser 7,2 millions de dollars de cagnotte sur le site de financement participatif GoFundMe, qui a assuré à l'AFP que Flyaway avait satisfait aux règles financières et internationales de contrôle et de sécurité.


Les ministères américains de la Défense et des Affaires étrangères ne se sont en revanche pas exprimés publiquement sur l'opération.


En privé, des détracteurs relèvent que les centaines de personnes secourues sont une goutte d'eau par rapport aux 123.000 exfiltrées par le gouvernement américain et d'autres Etats.


Alors "pourquoi ça valait le coup?", fait mine de demander Enrique Herrera, ancien de l'armée de l'air ayant participé à l'opération: "Parce qu'il s'agit de vies humaines".


A l'image de Somayah, 21 ans, dont le père a été tué par des talibans et qui a été évacuée le 21 septembre dans le cadre de l'opération Flyaway vers les Etats-Unis. Elle espère en faire sa "nouvelle patrie".


Une journaliste russe critique de l'invasion de l'Ukraine se réfugie en France

Sur cette photo de famille diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux journalistes à Moscou, le 21 avril 2025. (AFP)
Sur cette photo de famille diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux journalistes à Moscou, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Elle s'est évadée en pensant au chanteur Brassens et à l'acteur Pierre Richard: la critique de cinéma russe Ekaterina Barabach, qui risquait jusqu'à dix ans de prison dans son pays pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine, a fui pour la France
  • Le service pénitentiaire fédéral russe avait annoncé le 21 avril qu'elle était placée sur la liste des personnes recherchées

PARIS: Elle s'est évadée en pensant au chanteur Brassens et à l'acteur Pierre Richard: la critique de cinéma russe Ekaterina Barabach, qui risquait jusqu'à dix ans de prison dans son pays pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine, a fui pour la France grâce à l'aide de Reporters sans frontières (RSF).

"J'ai laissé ma mère de 96 ans en me disant que je ne la verrai plus jamais. Mais il était préférable de ne plus la voir en étant en liberté plutôt que ne plus la voir à cause de la prison", a déclaré la journaliste de 64 ans, lundi lors d'une conférence de presse au siège de RSF à Paris.

"L'aventure" de son évasion a duré deux semaines et demie mais Mme Barabach, qui s'exprimait en anglais, n'a pas dévoilé les détails de son périple, pour des raisons de sécurité.

"Maintenant, je suis ici et ce ne sera pas facile de commencer une nouvelle vie", a poursuivi la journaliste, en remerciant tous ceux qui l'ont aidée dans sa fuite, dont RSF et des Russes en exil. Elle demande désormais l'asile politique en France.

Le service pénitentiaire fédéral russe avait annoncé le 21 avril qu'elle était placée sur la liste des personnes recherchées.

Mme Barabach avait disparu de son domicile le 13 avril, alors qu'elle était assignée à résidence dans le cadre d'une enquête pour diffusion de "fausses informations" sur l'armée russe. Cette mesure avait été ordonnée par un tribunal de Moscou après son arrestation fin février.

"Pire que la mort" 

Selon elle, les autorités russes lui reprochent quatre anciennes publications sur les réseaux sociaux, dans lesquelles elle critiquait avec virulence l'offensive menée en Ukraine depuis février 2022.

"Alors, bande de salauds, vous avez bombardé (l'Ukraine), rasé des villes entières, tué une centaine d'enfants, abattu des gens pacifiques, maintenu Marioupol sous blocus, privé des millions de personnes d'une vie normale, forcées de partir à l'étranger?", avait-elle écrit dans une publication citée par le média indépendant Meduza.

"Cette guerre est particulièrement horrible pour moi car mon fils et sa famille vivent en Ukraine, à Kiev, et j'imagine les missiles s'abattre sur leur maison", a expliqué la journaliste née à Kharkiv sous l'URSS (en Ukraine actuelle).

Selon elle, sa "chance" est d'avoir été assignée à résidence après son arrestation, plutôt qu'emprisonnée: "C'est pourquoi j'ai décidé de m'échapper". "La prison en Russie, c'est pire que la mort", a-t-elle ajouté, en assurant avoir pensé au suicide.

Selon RSF, Mme Barabach a arraché son bracelet électronique pour s'échapper et a parcouru plus de 2.800 kilomètres.

Son voyage a été "long et éreintant", a précisé le directeur général de l'ONG, Thibaut Bruttin.

"Plusieurs fois, on a pu croire qu'elle avait été arrêtée ou risquait de l'être; plusieurs fois, le plan a changé. Une fois, on l'a cru morte", a-t-il renchéri, en louant "sa détermination morale" et son "courage physique".

"Censure" 

"Elle a fait le choix de la France avec gaieté et joie: tout au long de son évasion, elle a chanté Georges Brassens et elle rêvait de Pierre Richard lors de sa première nuit de liberté", a souri le responsable, en espérant que Mme Barabach puisse assister au festival de Cannes, qui commence le 13 mai.

Journaliste pour le service en langue russe de Radio France Internationale (RFI) jusqu'en 2022, Ekaterina Barabach collaborait depuis avec le média indépendant Republic.

En octobre 2022, RSF avait déjà participé à l'évasion d'une autre journaliste russe, Marina Ovsiannikova, qui encourait dix ans de prison après avoir brandi une pancarte anti-guerre à la télévision d'Etat.

"Depuis l'évasion de Marina Ovsiannikova, les possibilités de s'échapper se sont réduites. C'est pour ça que nous sommes soulagés aujourd'hui, car cela prouve que c'est possible", même si "c'est très dangereux", a commenté M. Bruttin.

Dans le dernier classement annuel de RSF sur la liberté de la presse, publié vendredi, la Russie est 171e sur 180.

"Il n'y a plus de journalisme en Russie" à cause de "la censure", a déploré Mme Barabach, qui espère pouvoir continuer son métier en France.


Trump assure que l'économie va décoller mais reconnaît un risque de récession

Des camions transportant des conteneurs sont vus au port de Los Angeles le 30 avril 2025 dans le quartier de San Pedro à Los Angeles, en Californie. Dans le port de Los Angeles, la valse des grues déchargeant les conteneurs acheminés d'Asie par d'immenses navires s'est déréglée ces derniers jours : ce baromètre de l'économie américaine tourne au ralenti en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. (AFP)
Des camions transportant des conteneurs sont vus au port de Los Angeles le 30 avril 2025 dans le quartier de San Pedro à Los Angeles, en Californie. Dans le port de Los Angeles, la valse des grues déchargeant les conteneurs acheminés d'Asie par d'immenses navires s'est déréglée ces derniers jours : ce baromètre de l'économie américaine tourne au ralenti en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. (AFP)
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  • Donald Trump a assuré vendredi que ses choix politiques allaient, au bout du compte, doper l'économie américaine, tout en reconnaissant l’existence d'un risque de récession dans un premier temps
  • Le produit intérieur brut des Etats-Unis s'est contracté au premier trimestre 2025 (-0,3% en rythme annualisé), pour les débuts du second mandat du président

WASHINGTON: Donald Trump a assuré vendredi que ses choix politiques allaient, au bout du compte, doper l'économie américaine, tout en reconnaissant l’existence d'un risque de récession dans un premier temps.

Le produit intérieur brut des Etats-Unis s'est contracté au premier trimestre 2025 (-0,3% en rythme annualisé), pour les débuts du second mandat du président, selon des chiffres publiés mercredi.

"C'est une période de transition, et je pense que ça va super bien se passer", a déclaré Donald Trump à la chaîne NBC News, selon un extrait diffusé vendredi d'un entretien à paraître entièrement dimanche.

Interrogé sur le risque d'une récession aux Etats-Unis, le président américain a répondu que "tout peut se passer."

"Mais je pense que nous allons avoir la plus grande économie de l'histoire de notre pays. Je pense que nous allons observer le plus grand boom économique de l'histoire", a-t-il déclaré à NBC.

Le milliardaire républicain a déclenché une guerre commerciale en imposant d'importants droits de douane à de très nombreux pays, faisant initialement chuter les cours à Wall Street.

Mais les marchés ont terminé vendredi la semaine en hausse après des chiffres de l'emploi meilleurs qu'attendu.


Vatican: la cheminée sur la chapelle Sixtine installée en vue du conclave

Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
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  • Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans
  • À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle

CITE DU VATICAN: Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle. La cheminée, visible depuis la place Saint-Pierre, émet alors une fumée noire si aucun pape n'a été élu, ou une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans.

Les 133 "Princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans et donc habilités à élire son successeur - il y en a 135 mais deux se sont fait porter pâle - se réuniront à partir du 7 mai pour commencer à voter en secret, au cours d'un processus qui devrait durer plusieurs jours.

Le premier jour, ils voteront une fois, puis deux fois le matin et deux fois l'après-midi.

Pour qu'un cardinal soit élu, il doit obtenir la majorité des deux tiers requise, soit au moins 89 voix.

Si aucun candidat n'obtient suffisamment de voix lors du premier vote du matin, les cardinaux procéderont à un second vote, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y aura de la fumée.

Il en va de même pour la session de l'après-midi : si un pape est élu lors du premier vote, il y aura de la fumée blanche, mais si ce n'est pas le cas, les cardinaux procéderont à un second vote sans brûler les bulletins.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.