PARIS: Un "contrat" plutôt qu'un "revenu d'engagement": l'exécutif a présenté mardi un dispositif pour les jeunes dont les ambitions initiales sont recentrées sur les plus éloignés de l'emploi, avec l'objectif d'aider au moins 400.000 d'entre eux en 2022.
C'est le président Emmanuel Macron qui a levé le voile, dans un message posté sur les réseaux sociaux, sur les détails de cette mesure qu'il avait esquissée le 12 juillet et dont la présentation se faisait attendre depuis la rentrée.
En cause, une bataille entre le ministère du Travail, qui militait pour l'extension la plus large possible, et Bercy qui cherchait à en limiter le coût.
Le "Contrat d'engagement jeune" s'adresse aux "centaines de milliers" de jeunes "depuis trop longtemps sans emploi, souvent sans ressources, sans perspectives", a expliqué M. Macron.
Concrètement, il proposera aux moins de 26 ans sans formation ni emploi depuis plusieurs mois une allocation allant jusqu'à 500 euros par mois en échange de 15 à 20 heures par semaine de formation ou d'accompagnement, pour une durée de six à 12 mois.
Cette allocation sera versée "sous condition de revenus, d'assiduité et d'acceptation des offres d'activité faites", a souligné le chef de l'Etat.
Au cours d'un déplacement à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), le Premier ministre Jean Castex a précisé que le gouvernement se fixait pour objectif d'accompagner "au moins 400.000 jeunes en 2022 grâce au Contrat d'engagement jeune".
L'exécutif identifie "500.000 jeunes en situation d'éloignement durable de l'emploi" parmi le million de jeunes NEET (ni en emploi ni en formation ni en études).
La mesure refond et "harmonise" des dispositifs existants, notamment la Garantie jeunes, opérée par les missions locales et qui peut durer de neuf à 18 mois, et l'Accompagnement intensif des jeunes (AIJ) piloté par Pôle emploi, qui s'étend sur six mois maximum.
Elle promet un accompagnement "plus intensif" et plus individualisé, qui pourra désormais être dispensé par les 900 agences de Pôle emploi et les 1.400 Missions locales, ainsi que par d'autres organismes publics ou privés.
Le financement du dispositif "s'appuiera d'abord sur les crédits du plan +1 jeune, 1 solution+, dont il mobilisera une part estimée à 2 milliards d'euros", a précisé M. Castex.
"Mais cette somme ne suffira pas", a-t-il ajouté en annonçant un supplément de crédits de 550 millions d'euros inscrit par amendement au projet de budget 2022.
«Chèque sans provision»
Pour éviter toute confusion avec un RSA jeunes dont il ne veut pas, l'exécutif a choisi le terme de "contrat d'engagement" plutôt que celui de "revenu d'engagement" utilisé le 12 juillet par le Président.
Mais cela n'empêche pas l'opposition d'y voir une nouvelle mesure électoraliste à l'approche de l'élection présidentielle.
"La mesure est valable uniquement en 2022. On a un Président qui ne se soucie pas du long terme, il fait campagne avec le chéquier de la France tous les jours et ça, c'est insupportable", a déploré sur France 2 Xavier Bertrand, qui espère représenter la droite à la présidentielle.
"C'est un chèque de plus, sans provision à ce stade", a aussi critiqué le patron de LR, Christian Jacob, sur BFMTV.
Pour les associations et les syndicats, en revanche, le compte n'y est pas.
"On est très loin des annonces du 12 juillet (...) et de l'ambition de garantie universelle", a regretté Antoine Dulin, le président de la commission de l'insertion des jeunes au Conseil d'orientation des politiques de jeunesse.
Il avait été envisagé cet été que la mesure concerne un million de jeunes voire plus, certains souhaitant l'inclusion des travailleurs précaires et de la totalité des jeunes sans emploi ni formation.
"Un million de jeunes", ça couvrait déjà "à peine les jeunes qui sont NEET. Dès le départ, les ambitions étaient bien trop basses. Concernant les étudiants, rien n'est fait, rien n'est annoncé", a critiqué la présidente de l'Unef (Union nationale des étudiants de France), Mélanie Luce, sur RTL.
La semaine dernière, une vingtaine de syndicats et d'associations, dont la CFDT et la Fondation Abbé Pierre, avaient appelé Emmanuel Macron à "aller au bout" de sa promesse d'un revenu d'engagement, en disant "craindre des renoncements".