MARSEILLE: "Le racisme, c'est un poison qui s'inocule et consomme à petit feu", a tancé vendredi le procureur qui a requis trois mois de prison avec sursis contre l'ex-président d'un club nautique marseillais ayant proféré des injures racistes lors d'une réunion avec des élus.
"En France, on n'a pas le droit de tenir des propos racistes", a rappelé le procureur Nicolas Ruby réclamant également contre Christian Tommasini 3 000 euros d'amende.
Le 22 février, lors d'une réunion d'un conseil portuaire, sous l'égide de la métropole Aix-Marseille-Provence, M. Tommasini, alors président du club nautique de la Pointe-Rouge, avait dit qu'il serait "le premier à aller faire de la ratonnade".
Selon les révélations du site d'investigation local Marsactu, qui s'était appuyé sur un enregistrement de la réunion apporté à l'enquête, le sexagénaire s'en était également pris en des termes très virulents et péjoratifs à des personnes qu'il qualifiait d'"Arabes" qu'il "faut éradiquer", demandant à la secrétaire sur place de bien noter ses propos.
"Mes paroles ont dépassé ma pensée, j'ai fait un amalgame de tout, j'ai dit n'importe quoi. J'ai dépassé un peu les bornes", s'est défendu à la barre le sexagénaire qui a depuis quitté ses fonctions au sein du club.
"Je regrette énormément ces propos, je ne suis absolument pas raciste, j'ai des amis issus de l'immigration, j'ai été à l'école avec eux", a-t-il poursuivi, expliquant maladroitement que ses propos étaient destinés à "attirer l'attention de la Métropole" sur des incivilités aux abords du club nautique.
"Ce qui me choque, c'est que personne n'intervient pour condamner ces propos", a relevé Me Serge Tavitian, l'avocat de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, partie-civile.
Le prévenu a confirmé. "A la fin personne ne m'a réprimandé.(...) S'ils m'avaient arrêté, je me serais arrêté", a-t-il affirmé à propos de cette réunion à laquelle assistaient le vice-président LR de la Métropole et une élue du Printemps Marseillais, la majorité de gauche à la tête de Marseille.
"En parlant des Arabes au pluriel, vous niez leur singularité, leur humanité", a renchéri Me Amine Abdelmadjid, avocat de la Ligue des droits de l'Homme.
"Si ces mots tombent dans des oreilles malveillantes on conforte ces personnes et on les incite à aller jusqu'au bout", lui a rappelé avec émotion un témoin cité par les parties-civiles Khaled Sid, victime d'une agression raciste pour lequel son agresseur a été condamné en février à Besançon.
Si ces propos sont "inacceptables", ils n'ont pas été tenus dans une réunion ouverte au grand public, a plaidé l'avocat du prévenu, Me Jean Boudot, demandant la nullité de la procédure.
Le jugement sera rendu le 17 décembre.