CHICAGO: La représentante américaine Betty McCollum, présidente de la sous-commission des crédits de défense de la Chambre des représentants des États-Unis, a présenté jeudi une résolution condamnant les autorités israéliennes pour avoir qualifié six organisations de défense des droits humains de «groupes terroristes».
Le ministre de la Défense, Benny Gantz, qui a accepté un accord de partage du pouvoir pour succéder au président sortant, Naftali Bennett, dans deux ans, a annoncé la désignation des groupes la semaine dernière. Cela donne aux autorités israéliennes le pouvoir de fermer des bureaux, de saisir des biens et d'arrêter et d'emprisonner le personnel sans procès judicaire ni procédure publique formelle.
«Quand un gouvernement utilise l'étiquette de “terroriste” comme une arme pour taire le travail d'organisations et de défenseurs des droits de l'homme qui représentent courageusement des personnes vulnérables vivant sous occupation militaire, c'est un signe de faiblesse incroyable, plus conforme à un régime autoritaire qu’à une démocratie saine», a affirmé McCollum dans une déclaration préparée publiée avec la résolution.
«La décision d'Israël de qualifier ces importants groupes de la société civile palestinienne d'organisations terroristes révèle la vérité selon laquelle l'occupation israélienne est violente, immorale et injuste, et que les efforts pacifiques pour défendre les droits des enfants, des femmes, des agriculteurs ou des prisonniers palestiniens doivent être déclarés illégaux.»
Les six organisations visées par le gouvernement israélien sont Al-Haq, Addameer, Defence for Children Palestine, l'Union des comités de travail agricole, le Centre Bisan pour la recherche et le développement et l'Union des comités des femmes palestiniennes.
Al-Haq, une organisation non gouvernementale indépendante de défense des droits humains, a été fondée en 1979 pour protéger l'État de droit dans les territoires occupés. Addameer, dont le nom signifie «conscience» en arabe, se concentre sur les abus commis contre des civils arrêtés, détenus et emprisonnés pour des raisons politiques. Actuellement, 4 650 dissidents politiques palestiniens sont emprisonnés par Israël.
McCollum, dont la sous-commission a une influence significative sur le financement de l'aide étrangère, a déclaré: «Les États-Unis investissent des milliards de dollars de nos contribuables dans le but de soutenir la sécurité d'Israël, et non le système israélien d'occupation et de répression des Palestiniens. Il incombe aux démocrates de la Chambre des représentants et à l'administration Biden de condamner cette décision israélienne et d'établir clairement que la répression antidémocratique de la société civile palestinienne n'est pas tolérée.»
La résolution de McCollum est coparrainée par la représentante du Michigan, Rachida Tlaib, la représentante de New York, Alexandria Ocasio-Cortez, le représentant de l'Arizona, Raul Grijalva, le représentant de l'Indiana, Andre Carson, la représentante du Minnesota, Ilhan Omar, la représentante de l'Illinois, Marie Newman, la représentante du Massachusetts Ayanna Pressley et la représentante du Missouri Cori Bush.
L'attaque d'Israël contre les organisations de défense des droits humains a été largement condamnée au niveau international. Les critiques aux États-Unis incluent l'American Arab Anti-Discrimination Committee (ADC).
«Il s'agit d'une nouvelle tentative flagrante d'Israël de freiner le soutien croissant aux Palestiniens vivant sous occupation, qui s’inscrit dans le cadre d'un modèle et d'une pratique du gouvernement israélien pour faire taire les voix qui contestent son régime d'apartheid», a écrit le président de l'ADC, Samer Khalaf, dans une lettre adressée au secrétaire d'État américain Antony Blinken.
«Israël a continuellement attaqué les droits humains des Palestiniens, que ce soit en limitant l'approvisionnement en eau, en utilisant des points de contrôle pour entraver les déplacements pour le travail et l'école, en arrêtant illégalement des individus ou en démolissant des tombes palestiniennes pour construire des parcs d'attractions, etc.»
«Le gouvernement israélien utilise cette désignation afin d’imposer davantage son régime autoritaire à un peuple qui est déjà opprimé par ses lois. Il faut noter qu'Israël a été désigné par Amnesty International et Human Rights Watch comme un État d'apartheid qui a violé plusieurs lois internationales.»
La classification des organisations de défense des droits de l'homme comme groupes terroristes a suscité des appels de la part de certains en Israël pour que cette étiquette soit appliquée aux groupes israéliens propalestiniens.
Jeudi, Avigdor Maoz, membre de droite à la Knesset, a écrit au procureur général, Avichai Mandelblit, pour demander que les Combattants pour la paix, une organisation d'anciens soldats israéliens qui défendent la paix, et B'Tselem, un groupe israélien de défense des droits humains, soient également désignés comme organisations terroristes parce qu'ils condamnent la désignation de Gantz et soutiennent les six organisations palestiniennes.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com