RABAT: Les autorités algériennes menacent l’Agence France-Presse (AFP) d’une possible perte de son accréditation et d’une «interdiction d’exercer en Algérie».
Dans un communiqué du 27 octobre 2021, le ministère algérien de la Communication appelle l’AFP à «cesser immédiatement» ce qu'il considère être «une campagne hostile» contre l’Algérie, accusant par la même occasion l’agence d’être «devenue porte-parole de lobbies connus et de cercles officiels qui nourrissent une hargne envers l'Algérie».
Un avertissement relayé par l'agence officielle APS et qui intervient après la publication par l’AFP d’un reportage enquêtant sur les arrivées de harragas (migrants sans-papiers) sur les côtes espagnoles.
Mardi dernier, l’AFP a en effet publié un reportage sur la migration clandestine (irrégulière) depuis l'Algérie vers l'Espagne, avec pour titre: «De l'Algérie à l'Espagne, les harragas prêts à mourir en mer pour ne pas rester au pays.»
Le reportage met en lumière les raisons qui poussent certains migrants algériens à quitter leur pays à tout prix. L’un d’eux, interrogé par l’AFP, assure dans un témoignage choc préférer «mourir en mer que de rester en Algérie». L’enquête fait également état d’une hausse de la harraga familiale, autrement dit l’arrivée de femmes enceintes et de bébés sur les côtes espagnoles.
Un reportage qui ne passe donc pas aux yeux des autorités algériennes, qui accusent l'agence de presse française de ternir l'image de l'Algérie. «Le flux de dépêches mensongères et la désinformation diffusée par cette agence à des fins subversives et ses démarches incessantes pour ternir l'image de l'Algérie et entamer sa réputation, sont autant de preuves qui traduisent son orientation douteuse et abjecte», indique le communiqué.
Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, s’est exprimé dans une déclaration à l’APS (Algérie Presse Service). «Nous avons constaté que la récente ligne éditoriale de l’AFP caractérisée par la subversion et la diffamation visaient en vain la stabilité de l’Algérie, ses services de sécurité et son armée nationale populaire», a-t-il affirmé, ajoutant qu’il «appartient à l’AFP de respecter les règles en vigueur d’éthique et de déontologie professionnelles dans son traitement médiatique».
Ces déclarations contre l’une des agences de presse les plus crédibles au monde interviennent dans un contexte de crise diplomatique entre Alger et Paris qui dure depuis plusieurs semaines.