LONDRES: Après un début de mois chargé, la reine Elizabeth, 95 ans, n'a plus été vue du grand public depuis le 19 octobre, mise au repos par ses médecins et contrainte d'annuler ses engagements.
Voici un récapitulatif de ce mois éprouvant pour la plus vieille monarque régnante, à la santé jusque là remarquable.
- Entre le 6 et 19 octobre : elle tient plusieurs audiences au chateau de Windsor, se rend au Palais de Buckingham pour le lancement du relais du Bâton des Jeux du Commonwealth (le 7), assiste à une célébration à l'abbaye de Westminster (le 12) où elle s'aide d'une canne pour marcher, pour la première fois depuis 2004.
- Le 14 octobre elle se déplace à Cardiff pour un discours à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle session du Parlement gallois, avant une journée passée aux courses d'Ascot le 16.
- Le 19 octobre, elle est tout sourire à une réception organisée au château de Windsor, avec notamment le fondateur de Microsoft Bill Gates, l’envoyé spécial américain pour le climat John Kerry, le Premier ministre britannique Boris Johnson, et les princes Charles et William.
«Tournant»
Monarque depuis près de 70 ans, la reine, qui doit célébrer l'année prochaine son jubilé de platine, affichait encore récemment une très bonne forme en public.
Après ses traditionnelles vacances d'été à Balmoral, en Ecosse, elle a participé quasi quotidiennement à des engagements officiels, renouant avec son rythme pré-pandémie: 295 engagements en 2019. Sans compter le travail moins visible d'examens des documents gouvernementaux et ses entretiens quasi-hebdomadaires avec le Premier ministre.
Elizabeth II a été vue récemment en train de marcher avec une canne, une première depuis 2004. Selon The Sun, la monarque a aussi arrêté ces derniers jours de promener ses chiens corgis.
« C'est un peu un tournant », estime Penny Junor, spécialiste de la famille royale. « Elle a travaillé au rythme de quelqu'un de 20 ans plus jeune, et je pense que le public doit ajuster ses attentes et reconnaître qu'elle a 95 ans ».
Un sentiment partagé par des Britanniques interrogés. La reine devrait « passer de plus en plus au second plan et prendre enfin la retraite heureuse qu'elle mérite », estime ainsi Suzanne Foutain, 68 ans.
Pour elle, Elizabeth II avait « besoin de continuer à travailler après la perte de son mari » Philip, décédé à 99 ans en avril, et en a trop fait.
« Elle a besoin de ralentir », renchérit Michelle Hall, « un peu inquiète ».
- Le 20 octobre, elle annule à la dernière minute et « à regret » un voyage de deux jours prévu en Irlande du Nord, au motif que ses médecins lui ont demandé de se reposer.
- Le 21 octobre, le Palais de Buckingham, contraint et forcé par une révélation du quotidien the Sun, reconnaît qu’elle a passé la nuit précédente à l’hôpital pour des « examens préliminaires » sur lesquels aucun détail n'est donné.
La reine est de retour à Windsor pour le déjeuner, a « bon moral » selon le Palais qui ajoute qu'elle a repris à son bureau des « activités légères ».
- Le 24 octobre, elle manque la messe à Windsor.
- Le 26 octobre, première réapparition virtuelle, par lien vidéo, pour recevoir les lettres de créance des ambassadeurs de Corée du sud Gunn Kim, et de Suisse, Markus Leitner. Des photos la montrent souriante dans une robe jaune à l'encolure flottante, l'une à son bureau regardant les ambassadeurs dans son écran, l'autre telle que les ambassadeurs l’ont vue, à travers un autre écran.
Quelques heures plus tard, elle annule encore « à regret », pour se reposer, son déplacement très attendu à Glasgow pour la conférence des Nations Unies sur le climat (CPO26). Elle devait notamment y participer à une réception le 1er novembre. Le Palais de Buckingham précise que la reine enregistera son allocution par vidéo.
- Le 27 octobre: elle tient son point hebdomadaire avec le Premier ministre Boris Johnson par téléphone.
Davantage d'événements par visioconférence ?
Pour Penny Junor, la souveraine fera à l'avenir « moins d'apparitions en personne ». Et « quand elle apparaîtra, ca sera en tant que spectatrice, plutôt que pour rencontrer des dizaines de personnes lors de réceptions ».
C'est son fils Charles, héritier de la couronne, qui délivrera le discours d'ouverture de la COP26. Le prince de 72 ans, moins aimé des Britanniques, la représente déjà à l'étranger depuis qu'elle ne s'y rend plus. La reine pourra aussi compter sur son petit-fils le prince William, troisième dans l'ordre de succession et bien plus populaire que son père.
Richard Fitzwilliams s'attend aussi à voir Elizabeth II participer à plus d'événements par visioconférence: « C'est formidable la façon dont elle parvient à communiquer virtuellement », estime-t-il, citant ses adresses à la nation en temps de pandémie.
De quoi rassurer Linda Smart, Londonienne de 73 ans.
« Elle est plus forte que tout. Elle a encore quelques années devant elle, c'est certain ».
(Avec AFP)