WASHINGTON : Les six pays frontaliers de l'Afghanistan et la Russie ont appelé mercredi les talibans à "adopter une approche amicale" envers leurs voisins, ainsi qu'à tenir leurs engagements, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.
"Nous prenons note des assurances et engagements des responsables afghans envers la communauté internationale que leur territoire ne représentera aucune menace pour les pays voisins", ont indiqué dans un communiqué commun les ministres des Affaires étrangères de sept pays à l'issue d'une rencontre à Téhéran.
Les chefs de la diplomatie de l'Iran, du Pakistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan se sont réunis dans la capitale iranienne mercredi, tandis que leurs homologues russe et chinois ont participé par visioconférence. Il s'agit de la seconde rencontre de ce genre et une troisième est prévue en 2022 à Pékin.
Les participants, qui craignent que la reconquête du pouvoir par les talibans entraîne un retour d'Al-Qaïda, comme ce fut le cas entre 1996 et 2001, ont "pris note" des engagements pris par les talibans en février 2020.
L'accord de Doha, conclu avec les Etats-Unis, avait ouvert la voie à un retrait total des troupes américaines, conditionné notamment au respect par les talibans de garanties sécuritaires.
Ces derniers avaient alors assuré que l'Afghanistan "ne serait pas une menace pour les pays frontaliers", qu'il "ne servirait pas de base aux groupes criminels, terroristes" et qu'ils "frapperaient les groupes terroristes jusqu'à leur élimination".
Le ministre iranien des Affaires Étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a insisté sur la nécessité pour "les pays voisins, la communauté internationale, l'ONU et d'autres organisations internationales, de se mobiliser pour l'aide humanitaire à l'Afghanistan".
"Si ce problème n'est pas résolu, cela pourrait entraîner de nouvelles vagues de déplacés en Afghanistan" pendant l'hiver, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse.
Dans un message vidéo adressé aux participants, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a lui rappelé la nécessité de "protéger et d'aider les réfugiés" et d'"éviter l'effondrement total de l'économie afghane".
"Le peuple afghan a besoin d'un gouvernement représentatif et inclusif, respectant la législation humanitaire internationale et les libertés fondamentales", a également dit M. Guterres.
Il s'est déclaré "profondément perturbé par les violations des droits humains, dont celui des femmes, des enfants, des minorités ethniques" et par les "attaques terroristes horribles contre des institutions religieuses" qui ont récemment frappé l'Afghanistan.
Les nouveaux maîtres du pays ont établi un gouvernement exclusivement masculin, composé uniquement de talibans appartenant presque tous à l'ethnie pachtoune.
Ils ont en outre restreint le droit des femmes à travailler et étudier, s'attirant nombre des condamnations à l'étranger.
L'Afghanistan est au seuil d'une des pires crises humanitaires au monde, car plus de la moitié de sa population, soit 22,8 millions de personnes, sera cet hiver en situation d'insécurité alimentaire aiguë, a averti lundi l'ONU.