Covid-19: un «stress test» pour l'Etat de droit en Europe

La crise, analysent les auteurs du rapport parlementaire français, a plutôt joué comme un «stress test» conduisant «certains Etats à remettre en cause temporairement les droits fondamentaux». (Photo, AFP)
La crise, analysent les auteurs du rapport parlementaire français, a plutôt joué comme un «stress test» conduisant «certains Etats à remettre en cause temporairement les droits fondamentaux». (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 28 octobre 2021

Covid-19: un «stress test» pour l'Etat de droit en Europe

  • A l'heure où Varsovie et Budapest sont déjà en conflit avec l'UE sur l'indépendance de la justice, un rapport parlementaire vise à analyser les risques engendrés par la pandémie pour la cohésion européenne
  • Le constat est mitigé: pas d'effondrement durable des droits mais des mesures en ordre dispersé et une menace qui demeure

PARIS : L’épidémie de Covid-19 est un "stress test" pour l’Etat de droit dans l’UE, qui a fait preuve de "résilience" mais doit renforcer ses outils pour éviter de se fracturer sur d'autres crises, estime un rapport parlementaire publié mercredi.

A l'heure où Varsovie et Budapest sont déjà en conflit avec l'Union sur l'indépendance de la justice et les droits fondamentaux, ce rapport vise à analyser les risques engendrés par la pandémie pour la cohésion européenne.

Le constat est mitigé: pas d'effondrement durable des droits mais des mesures en ordre dispersé et une menace qui demeure.

Confinements, frontières fermées... "aucun Etat membre n'a eu une réaction idéale, respectant à la fois l'objectif d'efficacité dans la lutte contre l'épidémie et le respect absolu des critères de l'Etat de droit", relèvent ses auteurs, la députée LREM Coralie Dubost et son collègue LR Philippe Benassaya.

Pour autant, la crise sanitaire "n'a pas créé de situations inédites en ce qui concerne le respect de l'Etat de droit", et l'Europe a connu une "résilience globale" dans ce domaine face à la pandémie.

La crise, analysent les auteurs du rapport, a plutôt joué comme un "stress test" (épreuve de résistance) conduisant "certains Etats à remettre en cause temporairement les droits fondamentaux".

Mais "les Etats pour lesquels un risque (d'affaiblissement de l'Etat de droit ndlr) était déjà identifié avant la crise sanitaire suscitent des inquiétudes renforcées", ajoutent-ils.

Une référence à la Pologne et la Hongrie, soupçonnées de profiter de la crise du Covid pour renforcer des évolutions déjà problématiques au regard de l'UE.

«Bombe à fragmentation»

Pour Sabine Thillaye, présidente de la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale, d'autres crises comme celle du Covid pourraient servir de "prétexte" pour affaiblir l'Etat de droit et constituer une "bombe à fragmentation" pour l'UE.

Déjà, une grande diversité caractérise les réponses des 27 membres de l'Union, souligne le rapport parlementaire.

Ainsi, il cite le Democracy Reporting International Report selon lequel 15 pays membres -dont la France, l'Allemagne, la Grèce ou la Belgique- ont pris des "mesures hautement restrictives" -fermeture des frontières, couvre-feu, fermeture des écoles et services non-essentiels etc.

Dans huit autres pays, des "mesures restrictives significatives" (Italie, Espagne notamment) ont été instaurées, et quatre ont connu des "mesures modérément restrictives" (Portugal, Suède...). Aucun membre de l'UE ne s'est contenté de "mesures peu restrictives".

Les deux députés rappellent que dès novembre 2020 le Parlement européen s'est inquiété du recours de "manière disproportionné" de certains pays à des mesures répressives pour faire respecter par exemple le confinement ou les quarantaines.

Ils relèvent aussi des déséquilibres "problématiques" au profit du pouvoir exécutif dans les réponses à la crise, avec une "capacité de contrôle parlementaire réduite".

Le rapport souligne également "l'exercice plus compliqué de l'activité des médias et des journalistes": accès limité aux conférences de presse, réponses "inadéquates ou inexistantes" des pouvoirs publics aux questions de la presse, entre autres.

Il suggère pour faire face aux risques de dérive que le rapport annuel de la Commission européenne sur l'Etat de droit dans l'UE contienne bien des "recommandations précises" assorties d'un "suivi".

La conditionnalité du versement des fonds européens aux Etats violant ces grands principes devrait également être renforcée.

Il recommande aussi l'élaboration par la Commission européenne d'une "boîte à outils" explicitant les lignes rouges à ne pas franchir en matière de rôle des parlements nationaux, séparation des pouvoirs ou encore liberté de la presse.

Autre suggestion: une "coopération renforcée" entre les parlements nationaux de l'UE afin de mettre en commun les "bonnes pratiques de contrôle de l'exécutif" par temps de crise, et s'assurer que toute mesure d'urgence garde un caractère "limité".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.