Procès 13-Novembre, deux pères inconsolables et hors de contrôle

Patrick Jardin ne voit dans le box des accusés que «des monstres» et revendique sa «haine» à leur encontre. (Photo, AFP)
Patrick Jardin ne voit dans le box des accusés que «des monstres» et revendique sa «haine» à leur encontre. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 27 octobre 2021

Procès 13-Novembre, deux pères inconsolables et hors de contrôle

  • Patrick Denuit est persuadé que son fils Alban a été torturé dans la salle de spectacles du Bataclan, où 90 personnes ont été assassinées
  • Dans le box des accusés, Salah Abdeslam est le seul membre encore en vie des jihadistes du 13 novembre 2015

PARIS : L'un a perdu son fils, l'autre sa fille, tous deux assassinés lors des attentats djihadistes du 13 novembre 2015. Témoignant mardi à la barre de la cour d'assises spéciale à Paris, les deux hommes, inconsolables, ont exprimé une colère rarement entendue depuis l'ouverture du procès.

Patrick Denuit est persuadé que son fils Alban a été torturé dans la salle de spectacles du Bataclan, où 90 personnes ont été assassinées par un commando islamiste, malgré toutes les constatations policières et médico-légales. Patrick Jardin ne voit dans le box des accusés que "des monstres" et revendique sa "haine" à leur encontre.

"J'attends de ce procès qu'ils aillent tous brûler en enfer", dit-il.

Le père d'Alban donne des détails sordides. Il prétend qu'une employée de l'Institut médico-légal (IML) lui a affirmé que son fils avait eu "les testicules coupés et mis dans sa bouche", qu'il a été énucléé.

De façon exceptionnelle, le président Jean-Louis Périès l'interrompt : "Les lésions que vous décrivez ne sont pas avérées".

"Votre fils est décédé par lésions balistiques. Aucune plaie au niveau de l'appareil génital. Pas d'éventration non plus", énumère le président en s'appuyant sur les rapports d'experts.

"Il y a les examens médicaux qui ont été effectués et il y a aussi les témoignages de celles et ceux, survivants, qui n'ont pas fait état de la moindre scène de torture. On ne voit pas pourquoi les témoins, traumatisés, auraient caché ce genre de choses. La scène qui a duré quelques minutes est déjà en soit d'une gravité extrême", met au point M. Périès.

Patrick Jardin, habitué des discours vengeurs contre l'islam sur les réseaux sociaux, s'avance à son tour à la barre.

"Ma fille a été tuée par des monstres et je pèse mes mots", dit-il d'emblée.

L'assassinat de sa fille a été "un crime de guerre", s'emporte-t-il.

"J'ai connu de vrais combattants, des amis qui ont combattu dans la Légion étrangère ou dans les paras. Jamais aucun d'entre eux ne se serait permis de tirer à bout portant ou même à bout touchant contre des personnes désarmées", poursuit M. Jardin.

D'ailleurs, ajoute ce partisan de la peine de mort, "si ça ne tenait qu'à moi, j'enverrais Abdeslam rejoindre les 72 vierges qu'ils convoite tant".

Dans le box des accusés, Salah Abdeslam est le seul membre encore en vie des jihadistes du 13 novembre 2015.

Patrick Jardin qui peste contre "la bien-pensance" affirme "ne pas faire de politique" mais ne peut s'empêcher de fustiger les dirigeants politiques d'alors, le président François Hollande ou le Premier ministre Manuel Valls.

"Il manque dans ce box les politiques qui doivent la sécurité aux citoyens", soutient-il.

"Je sais qu'on va encore me traiter de facho, d'islamophobe. Si j'étais d'ultra droite comme ils disent, ma douleur serait-elle moindre?", demande-t-il.

Comme le père d'Alban, M. Jardin se dit certain qu'il y a eu "des exactions".

"Il n'y en a pas eu. Ce n'est pas la peine de rajouter de l'horreur à ce qui est déjà horrible", le reprend le président.

Soudain, l'humanité resurgit quand M. Jardin évoque sa fille. "Elle me manque de plus en plus. Plus le temps passe, plus la douleur augmente".

Il continue de payer l'abonnement téléphonique de sa fille pour avoir la joie brève d'entendre sa voix enregistrée sur son répondeur. "Quelques fois, je l'appelle", dit-il hors de la salle d'audience et, à ce moment, ne reste que la douleur d'un père.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".