NEW YORK: Selon un nouveau rapport du Centre de lutte contre le terrorisme (CTC), un organisme de recherche de l'académie militaire américaine de West Point à New York, l'homme largement considéré comme le nouveau chef de Daech n’est qu’un ex- informateur pour les États-Unis.
« Sortir de l’ombre: l'interrogatoire du futur calife de l'État islamique » est basé sur les rapports d'interrogation tactique (TIR) de l'époque d'Al-Mawla en captivité dans la fin des années 2000.
Le rapport qui se baser sur la trace écrite que l'armée américaine crée lorsque des combattants ennemis sont détenus et interrogés indique qu’avant sa libération en 2009, Al-Mawla a identifié 88 extrémistes impliqués dans des activités terroristes. Les informations qu'il a divulguées lors de ses interrogatoires ont conduit les forces américaines dans la région à capturer ou tuer des dizaines de combattants d'Al-Qaïda, selon le rapport.
Le CTC a déclaré qu'il était « entièrement convaincu » qu'Al-Mawla est devenu le nouveau chef de Daech après que l'ancien dirigeant, Abu Bakr Al-Baghdadi, ait été tué lors d'un raid aérien américain en Syrie en octobre 2019.Bien que Daech ait annoncé qu’un homme nommé Abu Ibrahim Al-Hashimi Al-Qurashi était le successeur de Baghdadi, les responsables américains ont aussi déclaré que la véritable identité d’Al-Qurashi était en fait Al-Mawla - également connu sous le nom de Hajj Abdullah.
Avant de rejoindre Daech, Al-Mawla était possiblement le chef adjoint d'Al-Qaïda.
Alors que les détails sur l'opération ayant abouti à sa capture sont rares, les TRI révèlent qu'il a été capturé le 6 janvier 2008.
Le lendemain de sa capture, le Commandement central américain a annoncé l’arrestation d'une personne recherchée qui « avait auparavant été juge d'un système judiciaire illégal impliqué dans l'ordonnance et l'approbation des enlèvements et des exécutions ».
Au cours de ses interrogatoires, Al-Mawla a fourni des détails sur les complots terroristes à ses interrogateurs, tout en minimisant sa propre implication. Il a identifié de nombreux djihadistes par leur nom et a offert des descriptions de leurs rôles dans l'organisation terroriste et des détails sur leur implication dans les attaques contre les forces de la coalition dirigées par les États-Unis lors de l'invasion de l'Irak en 2003.
Al-Mawla - ancien officier de l’armée de Saddam Hussein et autrefois rédacteur de discours d’Al-Baghdadi – réapparait dans les TIR comme une personnalité mystérieuse au passé vague et dont l’ethnicité ne peut être déterminée avec certitude. Les déclarations contenues dans les rapports regorgent d'éléments contradictoires et sont ouvertes à un large éventail d'interprétations. Comme le soulignent les auteurs dans leur introduction: « Il est extrêmement difficile de déterminer si ce qu'Al-Mawla a dévoilé sur lui-même ou sur l’ISI (le précurseur de Daech) en tant qu'organisation était vrai. »
Les détails du lieu de naissance d’Al Mawla, Al-Muhalabiyyah, dans le district iraquien de Tal Afar, sont vagues, mais il est généralement connu que la population de cette région est majoritairement turkmène. Les auteurs du rapport soulignent que certaines sources ont suggéré que « cela pourrait lui poser des problèmes de légitimité parce que (Daech) compte principalement des Arabes parmi ses hauts leaders », mais ajoutent qu'au moins deux autres décideurs du groupe étaient turkmènes.
Al-Mawla a également affirmé avoir évité de prêter allégeance à l'ISI parce qu'il était soufi. Les auteurs du rapport jettent le doute sur cette affirmation, étant donné sa rapide montée en puissance au sein du groupe terroriste et le fait que l’ISI et Daech ont qualifié le soufisme d’athéisme.
Mais les auteurs estiment que les TRI donnent, quand même, des informations précieuses sur la personnalité d’Al-Mawla.
« Le fait qu'il ait révélé ses activités en détail et qu'il ait témoigné contre (d'autres djihadistes) évoque une volonté de proposer d'autres membres du groupe à ses propres fins », ont-ils écrit. « Le grand nombre d’informations et la volonté apparente de partager des informations sur les autres membres de l'organisation inspirent un degré de nonchalance, de calcul stratégique ou de démission de la part d'Al-Mawla quant à la sécurité opérationnelle.
« Il semble avoir nommé des personnes avec leurs rôles de responsabilité à tous les niveaux de l'organisation, tout en décrivant certaines personnes en détail », ont-ils poursuivi.
Le ministère américain de la Justice a offert une récompense de 10 millions de dollars pour des informations sur l'identification ou l'emplacement d'Al-Mawla.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com