GENÈVE: L'affaire des filatures d'ex-employés de Credit Suisse a rebondi dimanche après des révélations des médias selon lesquels l'établissement aurait aussi projeté d'espionner l'ex-mari de la compagne de Tidjane Thiam, l'ancien patron de la banque.
Selon Le Matin Dimanche et le SonntagsZeitung, qui citent plusieurs sources sans les nommer, il n'est pas clairement établi si cette filature a été menée à bien, mais les journaux estiment fort probable que M. Thiam ait eu connaissance de ces plans de filatures.
Interrogé par l'AFP, Credit Suisse a indiqué ne pas commenter "les spéculations concernant des tierces personnes, d'anciens employés ou actuels".
Ces révélations interviennent alors que l'autorité de surveillance des marchés en Suisse, la Finma, a annoncé cette semaine que son enquête "a montré que Credit Suisse a planifié et en grande partie effectué sept filatures entre 2016 et 2019".
"Ce sont, dans deux de ces cas, des membres de la direction qui ont été suivis en Suisse. Mais les filatures ont aussi concerné d'autres collaborateurs et des tiers à l'étranger", indique-t-elle, dans les conclusions de l'enquête.
En février 2020, M. Thiam avait dû donner sa démission dans cette affaire à rebondissements qui avait démarré en septembre 2019 par des révélations dans la presse sur la filature dont avait fait l'objet l'ancien directeur de la gestion internationale de fortune de Credit Suisse, Iqbal Kahn, après son départ pour la banque concurrente UBS.
Une enquête interne sur cette première filature avait abouti en octobre 2019 à la démission du directeur des opérations, Pierre-Olivier Bouée, qui avait dit avoir lui "seul" ordonné la filature.
L'affaire avait rebondi deux mois après lorsque la banque avait reconnu un deuxième cas d'espionnage, concernant cette fois l'ancien directeur des ressources humaines, puis en février 2020 après des révélations dans la presse selon lesquelles la surveillance avait également visé l'organisation écologiste Greenpeace.
Dans les conclusions de son enquête, la Finma "constate de graves violations du droit de la surveillance".
"Les directives de la banque n'interdisaient pas de suivre des personnes, mais elles ne fixaient pas non plus de règles spécifiques pour ce genre d'activité", déplore-t-elle.
Dans la plupart des cas, les décisions de filatures étaient prises "de manière informelle et sans justification valable", indique la Finma, selon qui les filatures était connues et décidées "à divers degrés et par des équipes différentes, allant jusqu'à des membres de la direction".
La Finma a formulé "un blâme" contre deux personnes et ouvert une "procédure d'enforcement" à l'encontre de trois autres personnes, et a demandé à Credit Suisse de prendre des mesures afin notamment que les éventuelles filatures soient "approuvées par le plus haut niveau de direction" pour en attribuer la responsabilité de manière claire et documentée.