PARIS : Prix bloqués, baisse des taxes, chèque ou indemnité, aides ciblées... Face à la flambée des prix de l'énergie, voici les mesures mises en place par plusieurs gouvernements européens pour limiter l'impact sur le pouvoir d'achat et la facture des consommateurs.
L'explosion des prix du gaz entraîne dans son sillage les prix de l'électricité tandis que les carburants augmentent, dans un contexte de hausse de la demande avec la reprise post-Covid et l'approche de l'hiver.
Jeudi, les Vingt-Sept ont salué les outils "utiles" proposés par la Commission européenne pour amortir l'envolée des prix (rabais fiscaux, aides aux ménages...) après d'intenses débats sur la crise de l'énergie.
Aides ciblées, notamment pour les plus précaires
Après plusieurs jours de tergiversations entre un chèque carburant et une baisse des taxes, une "indemnité classe moyenne" défiscalisée de 100 euros a été annoncée jeudi pour 38 millions de Français gagnant moins de 2.000 euros nets par mois.
Le gouvernement avait déjà prévu un versement exceptionnel de 100 euros en décembre pour les six millions de ménages bénéficiaires du chèque énergie, qui aide certains foyers à payer leur facture.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé il y a quelques semaines un fonds de 500 millions de livres afin d'aider les plus précaires à payer leurs factures d'énergie, notamment de chauffage, mais aussi à couvrir des dépenses d'alimentation et d'habillement.
Début octobre, le gouvernement belge a décidé d'étendre jusqu'en mars 2022 le bénéfice du tarif social de l'énergie pour les foyers les plus pauvres. Cette mesure s'accompagne d'"un chèque énergie" de 80 euros envoyé dès l'automne à un million de familles.
La Pologne a prévu une enveloppe d'un montant maximal de 1,1 milliard d'euros pour 2022 afin d'aider notamment les retraités et les familles nombreuses face à la hausse des prix. Un foyer sur cinq sera éligible.
En Lettonie, environ 150.000 foyers parmi les plus modestes, ceux qui comptent un membre handicapé et les familles nombreuses recevront entre 15 et 20 euros par mois de novembre jusqu'à au moins fin 2022 pour payer leur facture d'électricité ou de gaz.
Le gouvernement estonien va mobiliser environ 75 millions d'euros pour faire baisser la facture d'électricité de tous les consommateurs et 20 millions pour aider environ 72.000 familles parmi les plus modestes de septembre à mars 2022.
Le Parlement lituanien doit adopter plusieurs propositions du gouvernement, notamment l'étalement de la hausse des prix du gaz sur cinq ans et l'élargissement d'une aide chauffage pour les plus pauvres à 110.000 familles.
Gel des prix: une mesure encore rare
La France a aussi décidé de geler les prix du gaz jusqu'à fin 2022 tandis que la prochaine hausse des prix de l'électricité en février sera limitée à 4% par une baisse de taxe.
Baisse des taxes
Le gouvernement allemand va baisser de près de moitié au 1er janvier la redevance sur les énergies renouvelables, une taxe qui concerne l'ensemble des consommateurs.
La diminution sur la facture des Allemands sera proportionnelle à la consommation mais elle pourrait être compensée par une hausse sur d'autres composantes du prix de l'électricité, qui figure déjà parmi les plus chères en Europe, selon des analystes.
L'Espagne, plus dépendante du gaz pour sa production d'électricité que ses voisins européens, a agi dès juillet avec une baisse temporaire de la TVA sur l'électricité.
Mais cette baisse a déjà en partie été absorbée par l'envolée des prix, et le gouvernement a présenté une seconde salve de mesures mi-septembre, dont une baisse temporaire de l'impôt spécial sur l'électricité et une limitation des bénéfices extraordinaires engrangés par les compagnies d'électricité.
Le gouvernement tchèque a, lui, supprimé la TVA sur l'électricité et le gaz pour novembre et décembre, et approuvé cette semaine une proposition de loi pour l'annuler également en 2022. Mais il doit pour cela obtenir l'autorisation de l'Union européenne.
L'Italie a annoncé en septembre une enveloppe totale de trois milliards d'euros. L'enveloppe permettra notamment d'exonérer les plus précaires de la hausse sur leur facture d'électricité. Quelque 2,6 millions de personnes bénéficiant d'ores et déjà d'un "bonus social" ne subiront pas la hausse des prix du gaz. Pour les autres, la TVA sera abaissée à 5%.