Bus privé, tuk-tuk ou vélo! Les Libanais s'adaptent à la crise

Un taxi tuktuk roule dans une rue de la ville libanaise de Batroun, au nord de la capitale, le 6 octobre 2021.
Un taxi tuktuk roule dans une rue de la ville libanaise de Batroun, au nord de la capitale, le 6 octobre 2021.
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

Bus privé, tuk-tuk ou vélo! Les Libanais s'adaptent à la crise

  • La voiture est considérée comme reine dans le pays où le nombre de véhicules dépasse les deux millions pour une population de six millions
  • Mais la crise socio-économique inédite a poussé à certains changements d'habitudes

BEYROUTH : Tuk-tuks, bus privés à bas prix et vélos! Au Liban, la population a de plus en plus recours à ces modes de transport après l'effondrement économique du pays, la crise des carburants et la chute libre de la monnaie locale. 

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Des taxis Tuktuk roulent dans une rue de la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, le 6 octobre 2021. Joseph EID / AFP

Infrastructures défaillantes et transports en commun quasi absents; la voiture est considérée comme reine dans le pays où le nombre de véhicules dépasse les deux millions pour une population de six millions. Mais la crise socio-économique inédite a poussé à certains changements d'habitudes.

Depuis fin juin, les subventions ont été quasiment levées sur les carburants dont les prix ont plus que triplé et les salaires se sont effondrés. Et les voitures sont devenues hors de prix.

Grace Issa, 23 ans, se rendait toujours en voiture ou en taxi à son travail. Mais depuis quelques mois, elle a découvert un réseau de bus privés à des prix abordables.

"Avant la crise, j'utilisais la voiture familiale ou un taxi mais maintenant cela me coûte trop cher", dit-elle à bord d'un bus privé reliant le nord du Liban à Beyrouth.

"Je dépense 30% de mon salaire pour les transports, contre 70% lorsque je prenais la voiture ou un taxi", explique la jeune femme qui travaille au service clientèle d'un restaurant.

Aujourd'hui, 20 litres d'essence valent environ le tiers du salaire minimum, alors que près de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le salaire minimum est toujours de 675.000 livres libanaises, soit moins de 35 dollars, alors qu'il représentait près de 450 dollars il y a deux ans.

Clientèle féminine

Grace Issa assure qu'elle n'aurait pas accepté de travailler aussi loin de chez elle si elle n'avait pas découvert le réseau de bus modernes et équipés de wifi, mis en place par un groupe de jeunes libanais.

"Le problème de la quasi absence de transports publics s'est aggravé avec la crise de l'essence et la hausse des prix des transports", souligne Boutros Karam, 26 ans, qui a lancé avec trois de ses amis la plateforme Hadir.

Il indique que les jeunes ont dû lutter contre les préjugés des Libanais, qui rechignent d'ordinaire à emprunter les rares bus publics vétustes encore en fonction, les considérant comme sales et pas sûrs.

Son réseau s'est constitué une clientèle en grande partie constituée de femmes, attirées surtout par la propreté des véhicules et l'absence de harcèlement ou de vols à la tire.

Le Liban était doté au XIXe siècle d'une ligne de chemin de fer restée en fonction jusqu'au début de la guerre civile (1975-1990) et les plans visant à établir un réseau de transports publics n'ont jamais été appliqués.

La Banque mondiale (BM) avait approuvé en 2018 un plan d'un coût de 295 millions de dollars destiné à créer un réseau de transport public dans le Grand Beyrouth.

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Un passager prend une ligne de bus opérant dans Caza de Byblos au Liban, dans le village de Jeddayel au nord de la capitale le 8 octobre 2021. JOSEPH EID / AFP

Mais ces fonds n'ont jamais été utilisés et le gouvernement tente aujourd'hui de les récupérer pour les allouer à un programme visant à soutenir les familles les plus pauvres. Une porte-parole de la BM a confirmé à l'AFP des discussions sur une réallocation de ces fonds.

Economique, rapide

Dans la ville côtière de Batroun, au nord de Beyrouth, les habitants utilisent désormais les tuk-tuks prisés en été par les touristes pour découvrir la cité.

"Le tuk-tuk est plus économique et plus rapide, surtout aux heures de pointe", dit Tony Gerges, responsable du bureau de "Tuksi".

Dans plusieurs villes, les gens s'essayent au covoiturage pour se rendre au travail ou déposer les enfants à l'école par le biais d'une page Facebook.

A Tripoli, principale ville du Nord, Nazir Halwani lance des initiatives pour convaincre les habitants de sa ville d'abandonner la voiture polluante et coûteuse pour la bicyclette, un moyen de transport qu'il privilégie depuis deux décennies.

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Le Libanais Natheer Halawani fait du vélo dans la ville de Tripoli, au nord de Beyrouth, le 6 octobre 2021. JOSEPH EID / AFP

"La voiture est au Liban un mode de vie, plus qu'un mode de transport", affirme ce directeur d'une société de marketing de 35 ans, pour lequel la crise actuelle constitue "une occasion pour repenser" le concept du transport public.

Pour Tony Gerges, "la crise a changé les habitudes des Libanais".


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".