LONDRES : De nombreux gouvernements à travers le monde ont profité de la pandémie de coronavirus pour mettre en place des entraves "sans précédent" à la liberté d'expression et faire taire les critiques, a dénoncé Amnesty International dans un rapport publié mardi.
Combinées à une vague de désinformations, ces mesures répressives ont souvent empêché les populations d'avoir accès à des informations exactes sur le virus, pourtant indispensables pour leur permettre d'y faire face dès l'émergence de la pandémie début 2020, a souligné l'organisation de défense des droits humains.
"Tout au long de la pandémie, des gouvernements ont lancé une attaque sans précédent sur la liberté d'expression", a déclaré un responsable d'Amnesty, Rajat Khosla, dans un communiqué.
"Des canaux de communication ont été pris pour cibles, des réseaux sociaux censurés et des organes de presse fermés", a-t-il ajouté, et "des journalistes et des professionnels de santé ont été réduits au silence et emprisonnés".
Pour Amnesty, le manque d'informations résultant a constitué un "facteur" aggravant le bilan de la pandémie, qui approche les cinq millions de morts.
Amnesty International cite notamment le cas de la Chine, où plus de 5.000 enquêtes pénales avaient été ouvertes à février 2020 contre des personnes accusées de "fabriquer et volontairement répandre des informations fausses et préjudiciables" sur la nature et l'étendue de l'épidémie.
En Tanzanie, le gouvernement de l'ancien président John Magufuli, qui n'a cessé de minimiser l'impact du coronavirus et refusé de prendre des mesures pour endiguer la pandémie, a eu recours à des lois interdisant et punissant les "fausses informations" pour restreindre notamment l'activité des médias.
Au Nicaragua, les autorités ont adopté une législation visant à lutter contre la cybercriminalité, qui leur permet en fait de "punir ceux qui critiquent les politiques du gouvernement" et de "réprimer la liberté d'expression".
En Russie, une loi sanctionnant sévèrement la diffusion de fausses informations relatives au coronavirus risque fort de rester en place une fois la pandémie terminée, a prévenu Amnesty International.
Outre les gouvernements, l'ONG basée à Londres a critiqué les plateformes numérique, qui n'en font pas assez selon elle pour lutter contre la désinformation.
Tout cela "rend de plus en plus difficile pour des personnes de se faire une opinion totalement informée et de faire des choix en connaissance de cause sur leur santé", a-t-elle souligné. Une information exacte est pourtant "cruciale", selon elle, pour "réduire combattre l'hésitation vaccinale.