PARIS : Encadrement renforcé des tirs de LBD et grenades réputées moins dangereuses ou tactiques contre les « casseurs »: le ministère de l'Intérieur a publié jeudi une nouvelle doctrine du maintien de l'ordre qui vise à « adapter » la gestion des manifestations en France.
Présentées comme une « étape cruciale dans la pratique du maintien de l'ordre en France », ces mesures interviennent après des polémiques à répétition sur la gestion controversée des manifestations par les forces de l'ordre. En particulier, lors du mouvement des « gilets jaunes » où plusieurs personnes ont été gravement blessées par des tirs de LBD et de grenade.
Voici les principaux points de nouveau « Schéma national du maintien de l'ordre »:
Nouvelle grenade et tirs de LBD mieux encadrés:
Le modèle de grenade à main (GMD) est remplacé depuis septembre par un nouveau modèle réputé moins dangereux, la grenade à éclats non létaux (GENL). Le texte rappelle aussi que depuis janvier la grenade GLI-F4 a été abandonnée au profit de la grenade GM2L, « qui ne contient pas d'explosifs ».
L'usage des lanceurs de balles de défense (LBD) va être, lui, mieux encadré. Les tireurs devront dorénavant être assistés d'un « superviseur » chargé notamment d' « évaluer la situation d'ensemble et les mouvements des manifestants ».
Unités plus « mobiles »:
Pour « mettre fin aux exactions » et répondre à « l'infiltration plus systématique des casseurs au sein des cortèges », une plus grande mobilité des forces de l'ordre est un « impératif », écrit le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en préambule du texte.
Des unités « spécialement constituées » disposant d'un « grand pouvoir de mobilité » pourront être mises en place. Est également prévue une « contribution grandissante des unités hors unités de force mobile », les CRS et les gendarmes mobiles.
« Modernisation » des sommations, meilleure information:
Le nouveau schéma prévoit aussi une « modernisation des sommations », avec notamment l'ajout de la phrase « quittez les lieux » en plus des traditionnelles indications, afin d' « exprimer plus clairement ce qui est attendu de la part des manifestants ».
Un « dispositif de liaison et d'information » doit aussi être mis en place, pour que « la communication avec les organisateurs et les manifestants » soit « désormais une priorité dans la gestion de l'ordre public ».
« Une communication beaucoup plus fournie qu'actuellement et constante tout au long de la manifestation » sera mise en oeuvre et les forces de l'ordre seront équipées en « matériels nouveaux » comme des « haut-parleurs de forte puissance » ou des « panneaux à message variable » pour mieux informer les manifestants.
Affichant aussi une volonté d'une plus grande « transparence » dans l'action des forces de l'ordre, le texte souligne que toutes les unités porteuses d'un uniforme devront avoir un marquage dans le dos pour permettre leur « identification ».
Place « particulière » des journalistes:
Le nouveau schéma insiste aussi sur la nécessité de reconnaitre la « place particulière des journalistes au sein des manifestations ». Pendant les manifestations des « gilets jaunes » plusieurs journalistes s'étaient dit victimes de violences physiques ou verbales de la part des policiers.
Le texte pointe notamment leur droit à « porter des équipements de protection », « dès lors que leur identification est confirmée et leur comportement exempt de toute infraction ou provocation ».
Pour autant, le texte rappelle « que le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes ou de membres d'associations ». « Ils doivent, comme n'importe quel citoyen obtempérer aux injonctions des représentants des forces de l'ordre en se positionnant en dehors des manifestants appelés à se disperser », est-il écrit.