Tunisie: l'ex-président Marzouki, critique en chef du coup de force de Saied

Short Url
Publié le Lundi 18 octobre 2021

Tunisie: l'ex-président Marzouki, critique en chef du coup de force de Saied

TUNISIE: Après avoir obtenu un score dérisoire au premier tour de la présidentielle de 2019, l'ex-président Moncef Marzouki s'était rangé derrière le futur élu, un certain Kais Saied. Mais depuis que le chef de l'Etat s'est arrogé les pleins pouvoirs, il en est devenu le principal détracteur.


Depuis le coup de force du président Saied le 25 juillet, M. Marzouki, qui vit à Paris, est sorti de sa réserve, multipliant les intervention sur les chaînes de télévision, notamment Al-Jazeera, et sur les réseaux sociaux pour appeler à la destitution d'un homme qu'il qualifie de "putschiste" et "dictateur" et l'accuse d'avoir trahi la constitution.


Opposant historique à la dictature de Ben Ali puis premier président de l'après-révolution (2011-2014), Moncef Marzouki, 76 ans, a longtemps symbolisé le combat pour la démocratie en Tunisie, même si son image s'est brouillée du fait notamment de son alliance controversée avec le parti d'inspiration islamiste d'Ennahdha.


Son aisance oratoire n'est pas sans rappeler celle du chef de l'Etat, même s'il s’illustre dans un registre intellectuel alors que M. Saied, élu avec plus de 70% des voix, tient un discours aux accents populistes.


Si M. Marzouki adresse ses virulentes critiques directement au chef de l'Etat, ce dernier ne cite jamais le nom de son adversaire, comme lorsqu'il l'a accusé, jeudi, de "comploter" contre la Tunisie pour avoir appelé la France ne pas soutenir son "régime dictatorial".

« L'Egypte de Sissi »

M. Saied a appelé la ministre de la Justice à ouvrir une enquête sur "cette affaire", et ordonné le retrait du passeport diplomatique de celui qui figure à ses yeux "parmi les ennemis de la Tunisie".


La riposte de M. Marzouki n'a pas tardé. 


Il a dénoncé sur Facebook "une dictature naissante dans laquelle la personnalité du dictateur se confond avec la patrie, rappelant le régime de Ben Ali sous lequel s'opposer au dictateur était considéré comme une trahison". 


Il a aussi accusé M. Saied de chercher à importer en Tunisie le modèle de "l'Egypte de Sissi".


Abdel Fattah al-Sissi, ex chef de l'armée, est arrivé au pouvoir en 2014 en Egypte après avoir renversé le premier président démocratiquement élu du pays, l'islamiste Mohamed Morsi, et mène depuis une répression implacable contre l'opposition, particulièrement les Frères musulmans. 


Pour l'analyste politique Slaheddine Jourchi, M. Marzouki, par ses prises de position "ambitionne de devenir la voix la plus audible au sein de l'opposition et jouer un rôle de premier plan dans le processus politique".


"Il n'a rien à perdre" comparé au reste de l'opposition, notamment Ennahdha, qui s'est gardée d'entrer dans une confrontation frontale avec M. Saied après sa décision de suspendre le Parlement et limoger le gouvernement, note M. Jourchi.


"La situation actuelle lui permet de faire un retour en force à la vie politique après s'en être retiré", ajoute-il.

« Important réseau »

En dépit de son activisme, M. Marzouki continue de pâtir d'un déficit de popularité dans l'opinion publique, peu encline à lui pardonner ses compromissions passées avec Ennahdha pendant ses années au pouvoir.


Mais il rejette cette proximité et dirige ses flèches à la fois contre M. Saied et le chef d'Ennahdha et du Parlement, Rached Ghannouchi, imputant aux deux hommes la responsabilité de la crise politique qui risque de saborder la démocratie née du Printemps arabe dont la Tunisie fut le berceau en 2011.


Les deux dirigeants doivent selon lui "quitter les pouvoir, sinon ils vont conduire la Tunisie à sa perte". 


Mais le politologue et professeur en histoire contemporaine Abdellatif Hannachi, estime que M. Marzouki, en devenant le fer de lance visible de l'opposition à M. Saied, assume un rôle qui doit être celui d'Ennahdha en tant que première force parlementaire du pays.


"Il essaye de revenir à la vie politique et Ennahdha tire profit de sa présence sur le devant de la scène. Il joue à présent le rôle qu'Ennahdha est censé jouer", décrypte-il.


Selon lui, M. Marzouki a plusieurs leviers d'influence. "D'abord c'est un ancien président qui dispose d'un important réseau de relations à l’international, et deuxièmement c'est quelqu'un avec une histoire dans la lutte pour les droits humains et les libertés".


"Mais je ne pense pas qu'il puisse devenir un symbole de l'opposition", affirme M. Hannachi en invoquant l'impopularité de l'ex-président.


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Short Url
  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.


Les Émirats arabes unis inaugurent leur premier avion de combat Rafale de fabrication française à Paris

Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
Short Url
  • L'accord entre la France et les Émirats arabes unis représente un accord de défense clé entre les deux alliés
  • Les Émirats arabes unis souhaitent renforcer leurs capacités de défense en modernisant leur flotte aérienne

LONDRES : Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré son premier avion de combat Rafale de fabrication française, marquant ainsi un renforcement significatif des capacités des forces armées émiraties.

Le ministère a déclaré jeudi que cette initiative s'inscrivait dans le cadre d'un accord signé avec l'entreprise aérospatiale française Dassault Aviation, soulignant ainsi le solide partenariat stratégique entre Paris et Abou Dhabi.

Le Rafale, de fabrication française, est considéré comme l'un des avions de combat multirôles les plus avancés au monde.

Les Émirats arabes unis entendent renforcer leurs capacités de défense en modernisant la flotte de l'armée de l'air grâce à l'acquisition d'avions de combat Rafale, afin de relever les défis régionaux et mondiaux en matière de sécurité, a rapporté l'agence de presse Emirates News Agency.

La cérémonie de lancement a eu lieu à Paris en présence de Mohamed bin Mubarak Fadhel Al-Mazrouei, ministre d'État des Émirats arabes unis chargé des affaires de défense, et de Sébastien Lecornu, ministre français de la défense.

M. Al-Mazrouei a déclaré que la "stratégie des Émirats arabes unis est axée sur l'acquisition des armes et des systèmes les plus avancés, qui s'adaptent à la nature évolutive de la guerre moderne et aux progrès technologiques, améliorant ainsi l'efficacité de combat globale de notre système de défense national".

L'accord avec Rafale comprendra un programme de formation pour qualifier les pilotes et les techniciens émiratis, garantissant ainsi le niveau de préparation du personnel national, a ajouté WAM.

Le général de brigade Mohamed Salem Ali Al-Hameli, de l'armée de l'air et de la défense aérienne des Émirats arabes unis, a déclaré que l'avion Rafale était doté de technologies avancées pour la reconnaissance et les attaques précises sur des cibles terrestres et maritimes, ce qui en fait un ajout précieux à l'armée de l'air des Émirats arabes unis.

L'accord de 16,6 milliards d'euros (17,3 milliards de dollars) entre les Émirats arabes unis et Dassault Aviation est un accord de défense clé dans les relations franco-émiraties, qui prévoit la production de 80 avions de combat avancés dotés de technologies de pointe.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Algérie : Une experte de l'ONU «profondément déçue» du traitement des défenseurs des droits

 La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
Short Url
  • Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques"
  • L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie"

GENEVE: La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati.

Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques en vertu de dispositions pénales formulées en termes vagues, telles que 'porter atteinte à la sécurité nationale'".

L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie".

Elle a mis en exergue le cas de Merzoug Touati "l’un des cas les plus alarmants que j’ai récemment examinés", a souligné Lawlor, qui s'est rendue en Algérie fin 2023.

Selon l'experte, M. Touati a été détenu à trois reprises depuis 2024.

"Lors de sa dernière arrestation en août 2024, sa famille aurait été victime de mauvais traitement. Il aurait ensuite subi des tortures physiques et psychologiques durant sa garde à vue pendant cinq jours. Il continue d’être harcelé par la justice, même après sa libération", écrit Mme Lawlor.

Elle juge "tout aussi préoccupante" l’arrestation de trois avocats de défense des droits humains et d’un jeune lanceur d’alerte entre février et juillet 2024 Toufik Belala, Soufiane Ouali et Omar Boussag ainsi que Yuba Manguellet.

Lawlor a également attiré l’attention sur le cas du Collectif des Familles de Disparu(e)s, une organisation créée pendant la guerre civile algérienne des années 1990 pour faire la lumière sur les disparitions forcées.

Selon l'experte, les membres de l’association, dont beaucoup sont des mères de personnes disparues, ainsi que leur avocate, "auraient été malmenés et sommés de quitter les lieux à ces occasions".

"Je tiens à répéter que j’ai rencontré presque tous ces défenseurs des droits de l’homme", a déclaré la Rapporteure spéciale.

"Aucun d’entre eux ne s’engageait de quelque manière que ce soit dans des actes de violence. Ils doivent tous être traités conformément au droit international des droits de l’homme, que l’Algérie est tenue de respecter", insiste t-elle.