NOUMEA, Nouvelle-Calédonie: Les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont demandé samedi à Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, de reporter le référendum sur l’indépendance du 12 décembre à cause de l’épidémie de Covid-19, tandis que les loyalistes ont prôné son maintien.
En déplacement jusque lundi dans l’archipel, M. Lecornu s’est entretenu avec les différents groupes politiques du Congrès [assemblée délibérante] alors qu’une brutale épidémie de coronavirus, qui a fait 236 morts depuis début septembre, trouble l’organisation du troisième et dernier référendum sur l’indépendance de l’accord de Nouméa (1998).
"On demande le report du scrutin à cause de l’impact social, sociologique et psychologique de cette crise (de Covid-19) sur nos populations. Elles ne sont pas prêtes", a déclaré Pierre-Chanel Tutugoro, chef du groupe UC-FLNKS au Congrès, à l’issue de son échange avec le ministre.
"Nous sommes en train d’assumer un processus de décolonisation. C’est l’avenir du pays qui est en jeu et il ne peut pas tenir qu’à des indicateurs de vaccination ou de taux d’incidence", a ajouté l’élu Kanak, précisant toutefois que "la non-participation n’était pas pour l’instant discuté au niveau du FLNKS (Front de libération national kanak et socialiste)".
Arguant qu’en "démocratie, les élections se tiennent à l’heure", Sébastien Lecornu a, à plusieurs reprises, souhaité le maintien du scrutin au 12 décembre, sauf "si l’épidémie devenait hors de contrôle".
Chef du groupe de l’UNI-FLNKS, l’autre branche de la coalition indépendantiste, Jean-Pierre Djaïwé a rappelé que son parti s’est opposé à cette date du 12 décembre dès sa fixation en juin dernier, reprochant notamment à l’Etat de ne pas avoir respecté de précédents engagements excluant la période "entre septembre 2021 et août 2022".
L’objectif était d’éviter que la question calédonienne ne devienne un thème de campagne de l'élection présidentielle et des législatives.
"Notre population va sortir meurtrie de cette crise (sanitaire de Covid-19). Ce sera difficile de faire campagne, ce serait un affront à la dignité des gens qui portent la douleur d’avoir perdu un être cher », a ajouté M.Djaiwé, pônant un report du vote.
En revanche, Virginie Ruffenach, chef du groupe Avenir en Confiance (loyaliste) a estimé qu’il "n’y avait aucune raison objective de reculer la date du référendum car la crise sanitaire est en cours de maitrise".
"Il ne faut pas l’utiliser comme prétexte politique. Notre vie est cristallisée par cet enjeu du oui et du non, donc ou c’est le 12 décembre ou c’est jamais », a-t-elle indiqué, souhaitant que « l’horizon des Calédoniens soit libéré ».
Enfin, Philippe Michel, chef du groupe du parti de centre droit Calédonie Ensemble a estimé que "si d’ici un mois nous avons des indicateurs sanitaires, qui permettent de reprendre une vie normale alors on doit tenir le référendum, si ça n’est pas le cas alors il faut reporter".