NOUMEA: La population de Nouvelle-Calédonie a exprimé des inquiétudes sur l'avenir politique de l'archipel et les difficultés à « vivre-ensemble », formulant sa volonté d'un « geste pour refermer la période coloniale » lors d'une consultation citoyenne avant un troisième référendum sur l'indépendance, dont les résultats ont été restitués lundi.
Cette restitution, qui s'est déroulée au Centre culturel Tjibaou à Nouméa, a été ouverte en visioconférence par Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, depuis la Polynésie Française où il est en déplacement officiel. Ce dernier a invité les responsables politiques calédoniens, dont plusieurs ont émis des critiques sur la démarche, « à ne pas mépriser cette parole ».
Entre mi-janvier et mi-avril, une « écoute profonde » a notamment été conduite auprès d'un échantillon représentatif de plus de 1 000 personnes.
Elle révèle notamment que plus de la moitié des Calédoniens (52%) sont inquiets quant au « développement et à l'avenir de la Nouvelle-Calédonie » où un troisième et dernier référendum sur l'indépendance aura lieu avant octobre 2022, dans le cadre du processus de décolonisation de l'accord de Nouméa (1998).
Les deux premiers en 2018 et 2020 ont été remportés par les pro-français (56,7% puis 53,3%).
La question de l'indépendance ou non de l'archipel est le sujet de préoccupation principal devant la santé, la situation économique ou l'éducation.
Concernant la période coloniale, l'enquête souligne que les partisans de l'indépendance « attendent un geste de pardon de la part de l'Etat et que les non indépendantistes sont plus nuancés, mais n'y sont pas totalement opposés ».
Ainsi, 58% des répondants sont favorables « à un geste à caractère officiel » en présence du président de la République, qui s'adresserait au peuple autochtone, les Kanak, mais aussi aux « victimes de l'histoire » (bagnards, travailleurs engagés asiatiques, petits colons...).
Quelles que soient les intentions de vote, le lien à la France est jugé indispensable (53%) ou important (41%). Un attachement à la nationalité française est par ailleurs clairement exprimé (73%) et plus de la moitié des partisans de l'indépendance (54%) souhaitent d'ailleurs disposer d'une double nationalité.
Les fortes inégalités sociales, les incompréhensions entre les communautés et les discriminations apparaissent comme les principales raisons d'un « vivre-ensemble qui reste à construire ». « Les inégalités catalysent les rancœurs avec l'emploi et le pouvoir d'achat comme thèmes centraux », analysent les auteurs de l'enquête.
Plus de 1 000 étudiants, une centaine d'associations, syndicats et groupes de réflexions ainsi que les milieux économiques et scientifiques ont également apporté leur contribution à cette consultation.