RABAT : L'historien et défenseur des droits humains marocain Maâti Monjib, poursuivi devant la justice, a annoncé mercredi qu'il entamait une grève de la faim pour protester contre une décision des autorités de l'empêcher de quitter le Maroc.
Dans une publication sur sa page Facebook, M. Monjib se dit "obligé" de recourir "de nouveau" à un tel geste de protestation.
"Ils m'ont interdit de quitter le territoire pour voir ma famille installée en France et me soigner d’une maladie cardiaque", explique l'intellectuel sexagénaire, qui est en liberté provisoire.
"L'interdiction ne vise qu'à me mettre sous pression, m'humilier", poursuit-il, précisant que ses comptes bancaires ont également été gelés "illégalement".
Dans un communiqué publié mercredi soir, le procureur du Roi a assuré que les déclarations de l'historien sont "contraires à la réalité et complètement loin de la vérité".
Selon le procureur, la liberté provisoire accordée à M. Monjib, dans le cadre d'une affaire de "blanchiment d'argent", est "conditionnée par deux mesures de contrôle judiciaire, à savoir la fermeture des frontières à son encontre et le retrait de passeport".
"M. Monjib a formulé, par l'intermédiaire de ses avocats, une requête pour la levée du gel de son compte bancaire et de ses biens, la récupération de son passeport et l’ouverture des frontières devant lui, laquelle a été rejetée par le juge d’instruction", précise le communiqué.
"Les biens de M. Maâti Monjib ont été gelés en liaison avec ladite affaire", ajoute la même source.
L'historien est sous le coup d'une enquête pour "blanchiment de capitaux", ce qui lui a valu trois mois de détention préventive avant que la liberté provisoire ne lui soit accordée fin mars, au terme de 19 jours de grève de la faim.
Maâti Monjib est parallèlement poursuivi pour "fraude" et "atteinte à la sécurité de l'Etat", un cas qui mobilise des ONG au Maroc et au-delà.
Il a été condamné fin janvier à un an de prison ferme au terme d'un procès en première instance ouvert en 2015. Une nouvelle audience en appel est prévue le 2 décembre.
Le défenseur des droits humains est accusé de malversations dans la gestion d'un centre qu'il avait créé pour promouvoir notamment le journalisme d'investigation. Des faits qu'il conteste, tandis que les donateurs ayant financé ses activités ne se sont jamais plaints d'irrégularités.
"J'aimerais prouver devant les juges l'inconsistance des accusations aussi fallacieuses que ridicules", explique-t-il sur Facebook.
Son comité de soutien estime que les poursuites engagées contre lui sont "dénuées de fondement et portent gravement atteinte au droit à la liberté d'expression".
Les autorités considèrent que M. Monjib a bénéficié d'un "procès équitable".