Les talibans peuvent-ils éradiquer la puissante menace de l’État islamique?

Les talibans ont refusé de coopérer avec les États-Unis contre l’EI, avant que les deux parties ne s'entretiennent directement le week-end dernier. (AFP)
Les talibans ont refusé de coopérer avec les États-Unis contre l’EI, avant que les deux parties ne s'entretiennent directement le week-end dernier. (AFP)
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Publié le Mercredi 13 octobre 2021

Les talibans peuvent-ils éradiquer la puissante menace de l’État islamique?

  • Les talibans minimisent les capacités de l’État islamique et le considèrent comme un groupe marginal sans attrait pour le grand public
  • L’évolution future de l’État islamique en Afghanistan dépendra en grande partie de sa capacité à recruter davantage de membres et à conquérir une grande partie de la population

KABOUL: Avec l’arrivée au pouvoir des talibans en Afghanistan, un nouvel ennemi se profile. L’État islamique (EI) menace d’entamer une nouvelle phase de violence. Cette fois cependant, les anciens insurgés – les talibans – jouent le rôle de l’État, maintenant que les troupes américaines et leur gouvernement afghan allié sont partis. Les talibans ont promis aux États-Unis de contrôler le groupe extrémiste lors des cycles successifs de pourparlers de paix. Dans le cadre de l’accord entre les États-Unis et les talibans de 2020, les talibans s’engagent à ne pas faire de l’Afghanistan un refuge pour les groupes terroristes menaçant les États-Unis ou leurs alliés.

On ne sait toujours pas s’ils sont capables de tenir leur engagement, au vu de l’augmentation soudaine des attaques de l’EI depuis la prise de contrôle des talibans le 15 août. Vendredi, un attentat meurtrier dans la province de Kunduz a tué quarante-six fidèles à l’intérieur d’une mosquée où se recueillent les chiites. D’autres attentats meurtriers ont frappé la capitale, Kaboul, et les provinces de l’Est et du Nord, tandis que des attaques à plus petite échelle prennent des combattants talibans pour cible presque quotidiennement.

«Historiquement, la majorité des attaques de l’EI sont dirigées contre l’État. Maintenant que les États-Unis et les forces internationales ont déserté les lieux, ils doivent s’en prendre à l’État – soit les talibans», déclare Andrew Mines, chercheur associé au sein du Programme sur l’extrémisme de l’université George Washington.

Rivalité de longue date

Les talibans et l’EI veulent tous deux établir un État de droit selon leurs interprétations radicales de la loi islamique. Mais il existe des différences idéologiques essentielles qui alimentent la haine d’un groupe envers l’autre. Les talibans soutiennent qu’ils mettent en place un État islamique en Afghanistan, à l’intérieur des frontières de ce pays. L’EI se veut lui-même LE califat mondial que tous les musulmans devraient soutenir. Il méprise les objectifs nationalistes des talibans et ne les reconnaît pas comme un pur mouvement islamiste. Pour des raisons similaires, l’EI est depuis longtemps un ennemi farouche d’Al-Qaïda.

Les talibans et l’EI prônent des versions particulièrement dures de la charia islamique et ont recours à des tactiques telles que les attentats-suicides. Mais lorsque des territoires de la Syrie étaient sous son emprise, l’EI a mené des actes bien plus brutaux, et infligé des punitions plus horribles que les talibans. 

L’EI est apparu en 2015 en Afghanistan, dans la province du Khorasan, à une époque où le groupe était à son apogée, contrôlant une grande partie de l’Irak et de la Syrie. Il a attiré des militants afghans et pakistanais, notamment une vague de transfuges talibans.

Le groupe a d’abord trouvé du soutien auprès du petit mouvement salafiste afghan dans les provinces orientales de Kunar et de Nangarhar. Les salafistes avaient été largement marginalisés par les talibans et, en se liant à l’EI, ils ont trouvé moyen d’établir une force militaire.

Cependant, les actes brutaux de l’EI ont, depuis, conduit certains religieux salafistes à exprimer leur opposition. Dans les années qui ont suivi son émergence, l’EI a été durement touché par des revers militaires face aux talibans et par des frappes aériennes américaines, avant de regagner en puissance l’année dernière.

Les talibans minimisent les capacités de l’EI et le considèrent comme un groupe marginal sans attrait pour le grand public.

«Ils n’ont pas de racines ici», déclare le cheikh Abdelhamid Hamasi, figure influente des talibans, dans un entretien accordé à l’Associated Press.

Fin de partie

Pourtant, nul ne peut contester la puissance de la menace de l’EI. Deux attentats meurtriers ont frappé Kaboul, dont un à l’extérieur de l’aéroport au plus fort des évacuations, avant le retrait des États-Unis. Cent soixante-neuf Afghans et treize militaires américains y ont trouvé la mort. Les attaques à plus petite échelle augmentent également. «L’intensité et l’ampleur des attaques montrent que les capacités et la portée nationale de l’EI ont pris les talibans au dépourvu», affirme Ibrahim Bahiss, consultant auprès de l’International Crisis Group. L’EI «ne constitue pas une menace à court terme».

L’EI risque de mettre du temps avant de reprendre le contrôle des territoires. Son objectif immédiat est de déstabiliser les talibans et de briser l’image du groupe en tant que gardien de la sécurité. Pour l’instant, sa stratégie est lente et méthodique. Il tend la main aux tribus et à d’autres groupes pour recruter des personnes tout en éradiquant toute forme de contestation parmi les salafistes modérés et en orchestrant des opérations d’évasion de prison, des assassinats et des attaques contre les talibans. 

«L’accumulation de tous ces actes est une technique d’insurrection à part entière que les talibans ne sont pas en mesure de gérer», soutient M. Mines.

Bill Roggio du Long War Journal, publié par la Fondation pour la défense des démocraties – un groupe de réflexion à but non lucratif – a un avis différent. Il pense que les talibans peuvent eux-mêmes éradiquer l’EI, même sans le soutien des frappes aériennes américaines qui ont presque éliminé le groupe.

Selon M. Roggio, les talibans se sont montrés capables d’éradiquer certaines cellules terroristes de l’EI, en utilisant leurs vastes réseaux locaux de collecte de renseignements. Il note que l’EI – contrairement aux talibans pendant leur insurrection – n’a pas accès à des abris sûrs au Pakistan et en Iran.

Les talibans ont refusé de coopérer avec les États-Unis contre l’EI, avant que les deux parties ne s'entretiennent directement le week-end dernier.

L’évolution future de l’EI en Afghanistan dépendra en grande partie de sa capacité à recruter davantage de membres et à conquérir une grande partie de la population. Depuis sa création, il débauche des membres des talibans. En 2015, un ancien commandant taliban, Abdel Rauf Khadim, est nommé vice-président de l’EI en Afghanistan. Il aurait proposé des incitations financières à d’autres combattants talibans pour qu’ils rejoignent le groupe.

En 2020, lorsque l’EI réapparaît en Afghanistan, il est dirigé par un nouveau chef issu du réseau Haqqani – actuellement une faction des talibans. Les membres de la ligne dure des talibans pourraient rejoindre l’EI, parce que les dirigeants talibans désormais au pouvoir doivent faire des compromis, que ce soit dans le pays ou à l’étranger. Les talibans ont promis un gouvernement plus inclusif, bien que l’administration temporairement mise en place soit entièrement composée de talibans.

Plus les talibans coopèrent avec d’autres pays à l’échelle internationale, plus ils vont à l’encontre de l’image des moudjahidines. «C’est une identité clé que les talibans vont perdre», ajoute M. Mines. 

Traitement des minorités 

Alors que les talibans passent de l’insurrection à la gouvernance, un test vital serait de savoir s’ils agissent pour protéger les groupes minoritaires que leurs combattants ont autrefois tyrannisés, comme les Hazaras de confession chiite. Ces derniers ont été victimes de plusieurs campagnes de persécution et de déplacement tout au long de l’Histoire de l’Afghanistan. Lorsque les talibans ont pris le pouvoir pour la première fois dans les années 1990, ils ont perpétré des massacres contre la communauté, parfois en guise de représailles contre les massacres de Pachtounes.

L’EI a pris les Hazaras pour cible parce que la plupart sont des musulmans chiites. Le groupe a tué des centaines de personnes lors d’attaques brutales visant leurs lieux de culte dans le cadre de ce qu’il appelle une «guerre contre les hérétiques». L’attaque de la mosquée de vendredi à Kunduz a été l’occasion pour les talibans de montrer une nouvelle image en tant que pouvoir d’État. Les talibans ont agi rapidement: des forces spéciales ont été dépêchées sur les lieux du massacre, des enquêtes ouvertes et le chef de la police provinciale a fait de belles promesses, en s’engageant notamment à protéger les «frères» minoritaires.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.