DOHA: Le ministre afghan des Affaires étrangères a lancé un appel destiné à tisser des liens avec les autres pays, mais il n’a pris aucun engagement ferme sur l’éducation des jeunes filles, malgré les demandes internationales qui visent à permettre à l’ensemble des enfants afghans de retourner sur les bancs de l’école.
Près de deux mois après l’effondrement de l’ancien gouvernement soutenu par l’Occident et l’arrivée des forces insurgées à Kaboul, la nouvelle administration talibane incite à nouer des relations avec d’autres pays afin d’éviter une crise économique désastreuse.
«Il faut que la communauté internationale commence à coopérer avec nous», souligne le ministre des Affaires étrangères par intérim, Amir Khan Muttaqi, lors d’un événement organisé par le Centre d’études sur les conflits et l’humanitaire de l’Institut de Doha pour les études supérieures. «Ainsi, nous pourrons mettre fin à l’insécurité et, dans le même temps, collaborer activement avec le monde.»
Cependant, les talibans refusent de faire des concessions au sujet du retour des jeunes filles au collège – ce qui constitue l’une des principales demandes de la communauté internationale après que la nouvelle administration a décidé, le mois dernier, que les écoles n’ouvriraient leurs portes qu’aux garçons après la sixième.
M. Muttaqi affirme que le gouvernement des talibans de l’émirat islamique d’Afghanistan avance prudemment, mais qu’il ne se trouve au pouvoir que depuis quelques semaines. Par conséquent, on ne peut s’attendre à ce qu’il mette en place des réformes que la communauté internationale n’a pas réussi à établir en vingt ans.
«L’administration précédente disposait de ressources financières importantes et d’un soutien international solide, et c’est à nous que vous demandez de mettre en place des réformes en deux mois?», a-t-il lancé.
La nouvelle administration a fait l’objet de vives critiques en raison de la manière dont elle a évoqué le thème de l’éducation des jeunes filles – considéré comme l’une des rares avancées positives de ces deux décennies d’occupation occidentale en Afghanistan.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, affirme que les talibans n’ont pas tenu leur promesse sur la garantie des droits des femmes et des filles, ajoutant qu’il n’y a aucun moyen de relancer l’économie si les femmes sont exclues du monde du travail.
M. Muttaqi a réitéré ses appels pour inciter les États-Unis à débloquer les réserves monétaires de la Banque centrale afghane, gelées en dehors du pays. Ces dernières s’élèvent à plus de 9 milliards de dollars (soit environ 7,8 milliards d’euros). Le ministre ajoute cependant que le gouvernement dispose de ses propres revenus, qui proviennent des taxes, des tarifs douaniers et de l’agriculture, au cas où ces fonds demeureraient bloqués.
Il affirme par ailleurs que les forces talibanes contrôlent la totalité du pays et qu’elles sont en mesure de contrer la menace des militants de Daech, qui ont revendiqué une série d’attaques meurtrières ces dernières semaines – en particulier, le récent attentat à la bombe contre une mosquée chiite dans la ville de Kondoz, dans la partie nord du pays.
«La question de Daech a été très bien contrôlée par l’émirat islamique jusqu’à présent», poursuit-il, usant d’un terme péjoratif pour qualifier le groupe sunnite radical. Il affirme toutefois que la pression internationale exercée sur le gouvernement a pour effet de remonter le moral des combattants de Daech.
«Au lieu de faire pression sur notre gouvernement, le monde devrait coopérer avec nous», indique-t-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com