GENEVE: Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a dénoncé lundi "une série d'événements horribles" en Libye, qui ont fait au moins une demi-douzaine de morts parmi les migrants ou demandeurs d'asiles, tués par les forces de sécurité.
"Nous sommes extrêmement inquiets des souffrances que continuent d'endurer les migrants et demandeurs d'asile en Libye, qui sont soumis quotidiennement à une myriade d'atteintes à leurs droits et d'abus par des acteurs étatiques et non-étatiques", a dénoncé Marta Hurtado, porte-parole du Haut-Commissariat à Genève lors d'un point de presse.
Mme Hurtado a relevé plusieurs incidents entre le 1er et le 8 octobre qui ont fait au moins une demi-douzaine de morts selon un bilan encore provisoire.
Le 1er octobre, au moins une personne a été tuée quand des personnels du ministère de l'Intérieur ont lancé un raid contre un campement de fortune à environ 12 km à l'ouest de Tripoli, où vivent des centaines de migrants et demandeurs d'asile, a indiqué la porte-parole.
L'intervention a aussi fait au moins cinq blessés et quelque 4.000 personnes ont été arrêtées. Elles ont ensuite été rassemblées dans "des cellules extrêmement surpeuplées avec peu d'accès à de la nourriture ou de l'eau" au centre de détention de Al-Mabani.
Le 2 octobre, plusieurs centaines de migrants ont été transférés dans le centre de détention de Gharyan d'où 500 migrants se sont échappés le 6 octobre. Les gardes ont ouvert le feu et tué "au moins quatre personnes" et en ont blessé "beaucoup d'autres", selon un bilan préliminaire du Haut-Commissariat.
Le 8 octobre, les gardes du centre de détention de Al-Mabani ont tiré sur des détenus "en tuant et en blessant un nombre inconnu" de personnes, a indiqué la porte-parole, précisant qu'un grand nombre des évadés avait été à nouveau arrêtés.
Un porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) avait fait état de 6 évadés tués par les gardes dès vendredi.
La Libye est un important point de passage pour des dizaines de milliers de migrants, majoritairement issus de pays d'Afrique saharienne, cherchant chaque année à gagner l'Europe par les côtes italiennes, distantes de quelque 300 km des côtés libyennes.
Plusieurs ONG et agences onusiennes dénoncent régulièrement les conditions déplorables dans les centres de détention en Libye, où passeurs et trafiquants ont profité ces dix dernières années du climat d'instabilité ayant suivi la révolte de 2011, faisant de ce pays la plaque tournante du trafic d'êtres humains sur le continent.