GENEVE : Des millions de professionnels de la santé et l'OMS ont appelé lundi les dirigeants mondiaux à "mettre la santé au coeur de la lutte contre le changement climatique" à quelques semaines de la COP26.
"Les mêmes décisions intenables qui tuent notre planète tuent des gens", a résumé le patron de l'Organisation mondiale de la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Nous voulons que les responsables politiques "fassent tout ce qu'il faut pour réduire notre vulnérabilité face à la prochaine crise, que cette crise soit un agent infectieux ou le changement climatique dont nous sentons déjà les effets", a souligné pour sa part la responsable de l'OMS pour le changement climatique, la docteure Maria Neira, lors d'un point de presse.
Pour elle l'argument de la santé comme levier pour lutter contre le changement climatique est convaincant et positif. "Il s'agit de notre santé, pas seulement de l'environnement, mais de ma santé, la santé de mes enfants, la santé de ma famille, pas dans quelques années mais tout de suite", a-t-elle insisté.
Le plan d'action de l'organisation onusienne est appuyé par une lettre ouverte de 300 organisations regroupées au sein de la Global Health Alliance, qui revendique représenter 45 millions de médecins et autres professionnels de la santé, soit les deux tiers de l'ensemble des effectifs.
"Partout où nous soignons, dans nos hôpitaux, nos cliniques et communautés dans le monde entier, nous répondons déjà aux méfaits du changement climatique sur la santé", ont écrit les signataires, qui demandent aux dirigeants mondiaux "de placer la santé et l'équité au coeur de toutes les actions pour mitiger les effets du changement climatique et s'y adapter".
«Sauver des millions de vies»
Pour l'OMS et les auteurs de la lettre ouverte ce sont "des millions de vies qui pourraient être sauvées chaque année" si les Etats signataires de l'Accord de Paris sur le climat en remplissent les objectifs, que ce soit grâce à l'amélioration de la qualité de l'air ou une meilleure alimentation.
Mais, constatent-ils, "la plupart des processus de décisions actuels en matière de climat ne tiennent pas compte de ces bénéfices pour la santé et leur valeur économique".
"Il est très clair que la crise du climat est l'une des plus graves urgence sanitaire à laquelle nous ayons à faire face", a souligné la docteure Neira.
Selon elle, la réduction de la pollution de l'air aux niveaux recommandés par l'OMS permettrait "de réduire le nombre total de morts dans le monde du fait de la pollution de l'air de 80%" en réduisant l'usage des énergies fossiles.
"En basculant sur des régimes alimentaires plus nutritifs, basés sur les plantes ont réduirait significativement les émissions (de gaz à effet de serre) au niveau mondial, tout en créant des chaînes alimentaires plus résilientes et on pourrait éviter les quelque 5,1 millions de décès par an liés aux habitudes alimentaires d'ici 2050", a souligné la docteur Neira.
«Saine, verte et juste»
Dans son plan d'action, l'OMS demande aux dirigeants qui seront à Glasgow en novembre de s'engager en faveur d'une sortie de crise du Covid-19 "saine, verte et juste" et réclame que la santé et la justice sociale soient au centre des négociations.
Il recommande aussi de donner la priorité aux politique climatiques qui présentent les plus grands bénéfices pour la santé, sociaux et économiques et de s'assurer que les système de santé soient résilients et respectueux de l'environnement.
L'OMS réclame aussi de "protéger et restaurer la nature en tant que fondation même de la santé", préconise l'utilisation d'énergies renouvelables ainsi que l'accès à des zones vertes dans les espaces urbains, où doivent être privilégiés la marche, le vélo et les transports en commun.
De manière générale, l'organisation demande aux dirigeants "de financer un futur plus sain, plus juste et plus vert" et réclame "une transition vers une économie du bien-être".
Et enfin, l'OMS demande aux participants à la COP26 "d'écouter la communauté des soignants et d'agir en urgence pour le climat".
"Les voix des professionnels de la santé ne vont pas s'éteindre de si tôt" a lancé Howard Catton, qui dirige le conseil international des infirmiers et infirmières, à l'adresse des responsables politiques.