ROME: L’Italie passe à côté d’énormes sources de revenus liées au tourisme halal, selon une étude universitaire présentée au Forum économique islamique de Turin.
D’après une étude réalisée par le département de gestion de l’université de Turin, dirigé par Paolo Biancone et Silvana Secinaro, l’Italie n’adopte «aucune approche globale» pour mettre en place un vaste réseau d’hospitalité halal, qui attirerait les touristes musulmans dans le pays. Selon les chercheurs, sa capacité concurrentielle sur le marché international est «tellement faible» que le pays ne figure même pas parmi les dix premières destinations du Global Muslim Travel Index. L’Italie se trouve bien en deçà de l’Allemagne et de la France, les deux États européens qui ont déployé le plus d’efforts pour promouvoir le tourisme halal.
Avant la pandémie, le marché du tourisme islamique était évalué à environ 220 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euros). Cependant, ce chiffre devrait doubler rapidement en raison de l’augmentation démographique de la population musulmane, ainsi que de la croissance de la classe moyenne.
Des chercheurs de Turin ont précisé qu’en 2000, le nombre de touristes musulmans était d’environ 25 millions sur la planète, mais qu’en 2020, il était passé à 158 millions. On estime que d’ici à 2026, les recettes provenant des voyageurs musulmans atteindront 300 milliards de dollars. Mais l’Italie est presque totalement exclue de ce scénario.
«Chaque année, le pays accueille environ 58,3 millions de touristes venant du monde entier. Étant une destination exceptionnellement riche en lieux et en monuments qui racontent des siècles de rencontres et de fusion entre les cultures occidentale et musulmane, l’Italie devrait être l’un des premiers choix des touristes musulmans», a indiqué M. Biancone. Au lieu de cela, a-t-il ajouté, «le pays ne dispose d’aucune approche globale capable de créer un réseau d’accueil étendu qui tienne compte des particularités d’un tourisme avec des besoins spécifiques, et qui est aussi généralement très dépensier et qualifié», a expliqué M. Biancone lors d’un forum sur la finance islamique organisé à Turin par la Chambre de commerce et l’université locales.
Selon l’étude réalisée par l’université italienne, le problème du pays avec le tourisme halal «repose avant tout sur un défi culturel et un manque de compréhension de ses grandes opportunités, en particulier dans la période de relance après la pandémie». L’une des difficultés auxquelles sont confrontées les hôtels italiens pour attirer les touristes musulmans est la présence de boissons alcoolisées dans les minibars, mais aussi l’absence de copies du Coran dans les chambres et de salles de prière.
Le manque de produits cosmétiques sans alcool et de locuteurs arabes pose également des problèmes à l’industrie touristique italienne. «La nourriture halal constitue également un élément clé pour attirer les touristes dépensiers des pays du Golfe. Nous avons constaté que le secteur de la nourriture et des boissons halal a atteint en 2019 une valeur de 1,4 milliard de dollars à l’échelle mondiale, avec des taux de croissance continus d’année en année», note l’étude.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com