PARIS: La force antidjihadiste française Barkhane n'a relevé aucune preuve de déploiement au Mali du sulfureux groupe de sécurité privée russe Wagner, avec lequel les autorités maliennes sont en discussion, a assuré jeudi à Paris l'état-major français des armées.
"Nous n'avons pas constaté d'éléments de Wagner au Mali", a indiqué lors d'un point-presse le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l'état-major.
Interrogé sur l'éventuelle signature d'un accord entre la junte malienne et la société russe, il a indiqué ne pas pouvoir répondre. "Je ne sais pas s'ils ont signé ou pas avec Wagner (...). Au niveau militaire, la coopération se poursuit, elle est toujours aussi dense, il n'y a aucune difficulté".
Les relations entre Paris et Bamako se sont envenimées le 25 septembre, lorsque le Premier ministre de transition malien, Choguel Kokalla Maïga, a accusé la France, engagée militairement au Mali depuis 2013, d'"abandon en plein vol". Des critiques censées justifier le possible recours au groupe Wagner, décrit comme proche du président russe Vladimir Poutine.
Le dirigeant malien évoquait la décision française de réduire l'engagement de ses forces nationales et de quitter les positions de Kidal, Tessalit et Tombouctou, dans le nord du Mali, pour recentrer des effectifs allégés autour de Gao et Ménaka, plus près de la zone dite "des trois frontières", aux confins du Niger et du Burkina Faso.
"Plusieurs opérations conjointes ont été menées cette semaine, dans la continuité de tout ce qu'on fait depuis des semaines et depuis des mois", a insisté le Colonel Ianni, détaillant en particulier des "opérations de harcèlement" des groupes djihadistes.
En Centrafrique, où sont déployées des centaines de paramilitaires russes de Wagner, la France déploie des forces au sein de l'EUTM-RCA, projet européen de formation de l'armée locale.
Questionné sur une possible compatibilité sur le terrain entre forces françaises et mercenaires russes, le porte-parole a rejeté tout parallèle. "Les situations sont très différentes et comparaison n'est pas raison", a-t-il répondu, arguant notamment du fait que la force française en République centrafricaine (RCA) n'était pas nationale mais intégrée dans une mission européenne.
"Ce qui ne nous empêche pas de suivre ce qui se passe en RCA, notamment les exactions, les actions de prédation, dans lesquelles sont impliqués des personnels rattachés" à Wagner, a-t-il fait valoir.
La Centrafrique a reconnu vendredi une partie des accusations formulées en mars par l'ONU, notamment sur des crimes et actes de torture commis "majoritairement" par des rebelles mais aussi des soldats centrafricains et leurs alliés "instructeurs russes".