PARIS: Marion Maréchal prend nettement ses distances avec sa tante et candidate Marine Le Pen, s'exposant aux critiques de son ancien parti, désireux de la compter parmi ses soutiens pour 2022.
La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, candidate déjà déclarée à l'Elysée, « ne peut pas gagner seule » à la présidentielle et doit faire un « effort d'ouverture » vers les déçus de LR, a estimé mardi sur BFMTV et RMC l'ancienne députée du Front national (devenu RN).
L'ancienne élue du Vaucluse semble revenir dans le débat politique à l'occasion d'une rentrée très médiatique, même si elle a redit qu'à ce jour, elle n'avait pas « envie du tout » de briguer l'Elysée ou de se présenter à un quelconque scrutin.
Marion Maréchal a quitté la politique électorale depuis l'échec de sa tante à la présidentielle de 2017 pour diriger une école de sciences politiques à Lyon et mener une « bataille culturelle » des idées. La petite-fille du cofondateur du parti Jean-Marie Le Pen s'est aussi éloignée du RN, n'ayant pas repris sa carte cette année.
Pour autant, elle ne « compte pas (se) mettre au service d'un candidat » à la présidentielle, y compris sa tante, et juge « impossible de prédire l'affiche du second tour », alors que Marine Le Pen est donnée au second tour selon de récents sondages.
« S'engager »
Une distanciation qui ne l'empêche pas de prodiguer des conseils à chaque interview. Elle suggère au RN de construire des « passerelles » vers les Républicains qui ne souhaitent pas de rapprochement avec Emmanuel Macron, et aux déçus de LR de créer une « espèce de mouvement » pour la présidentielle.
Marion Maréchal assure ne pas être « en guerre » contre le RN mais elle n'a pas digéré la mise à l'écart de plusieurs de ses proches au sein de la commission nationale d'investiture du RN, dénonçant une « espèce de tendance, un peu stalinienne » d'élus pour qui « tu dois tout au parti et le parti ne te doit rien ».
De quoi faire froncer les sourcils au RN, où plusieurs dirigeants l'ont invité à reprendre le « combat électoral ».
:« Il n'y a ni croisade, ni chapelle au Rassemblement national », a assuré dimanche Marine Le Pen, en l'invitant revenir « travailler avec » le RN.
« Il faut participer au débat des idées mais il faut aussi se coller à la chose électorale et au plus près des habitants », a renchéri mardi sur BFMTV le maire RN de Perpignan Louis Aliot.
« Les électeurs jugeraient durement un comportement qui vise finalement à donner des bons points ou des mauvais points sans s'engager directement », a-t-il mis en garde.
Le maire de Perpignan, qui a fait campagne sans le logo du RN et accueilli sur sa liste des candidats extérieurs au parti, estime que « cet effort de rassemblement et d'ouverture, on n'a pas attendu Marion pour le faire », évoquant également le ralliement aux élections européennes de l'ancien LR Thierry Mariani ou de l'ancien LFI Andrea Kotarac.
« Gauchisantes »
Le numéro deux du parti Jordan Bardella a assuré ne pas avoir « entendu de propositions divergentes » de celles du RN venant de Marion Maréchal sur le laxisme judiciaire ou le libre-échange.
L'ancienne députée, plus libérale sur le plan économique et plus conservatrice sur les valeurs sociétales que sa tante, a pourtant une approche stratégique différente, proposant d'approcher l'électorat « orphelin » de la droite quand sa tante défend une ligne « ni droite ni gauche ».
Jordan Bardella n'a pas évoqué cette question épineuse des alliances mais a promis que des candidats « qui ne sont pas issus du RN » seraient têtes de liste aux régionales.
L'eurodéputé et membre du bureau exécutif (direction) du RN Nicolas Bay, proche de Marion Maréchal, a souhaité pour sa part que son parti soit capable d'avoir « des sensibilités qui s'expriment » mais que la critique devait « aussi être constructive ».
Il a cité à cet égard le maire de Béziers Robert Ménard, élu avec le soutien du RN, pour qui Marine Le Pen n'est « pas en position de gagner » parce qu'elle tient des « analyses très gauchisantes » sur le plan économique et social.
Pour le porte-parole des sénateurs LREM Julien Bargeton, Marion Maréchal « a décidé de gâcher la rentrée de sa tante ».