Retrouvailles studieuses pour Blinken à Paris après la crise franco-américaine

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken assiste à une réunion avec le ministre français des Affaires européennes et étrangères Jean-Yves Le Drian à Paris le 5 octobre 2021. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken assiste à une réunion avec le ministre français des Affaires européennes et étrangères Jean-Yves Le Drian à Paris le 5 octobre 2021. (AFP)
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Publié le Mardi 05 octobre 2021

Retrouvailles studieuses pour Blinken à Paris après la crise franco-américaine

  • C'est la première rencontre de Macron avec un dirigeant des Etats-Unis depuis le début de la crise des sous-marins
  • Blinken, a été reçu mardi par Macron afin de «contribuer à restaurer la confiance entre la France et les Etats-Unis»

PARIS: Emmanuel Macron a reçu mardi à Paris le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken dans une ambiance studieuse mais sans effusions, pour préparer les "décisions concrètes" que le président français et Joe Biden annonceront fin octobre afin de sceller la réconciliation après une crise inédite.

Le "long tête-à-tête", qui n'était initialement pas à l'agenda, doit "contribuer à restaurer la confiance entre la France et les Etats-Unis" après la crise des sous-marins qui a éclaté mi-septembre, a déclaré l'Elysée.

Les deux pays alliés "poursuivent leur travail de coordination sur les enjeux d'intérêt commun, qu'il s'agisse de la coopération UE-OTAN, du Sahel, ou de l'espace indo-pacifique".

Selon un haut responsable américain, qui a salué un entretien "positif" et "productif", il y a un "commun accord que nous avons une opportunité à présent d'approfondir et renforcer la coordination" franco-américaine.

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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken assiste à une réunion avec le ministre français des Affaires européennes et étrangères Jean-Yves Le Drian à Paris le 5 octobre 2021. (AFP)

"Mais beaucoup de travail difficile reste à faire pour identifier les décisions concrètes" qui seront soumises aux deux présidents en vue de leur propre rencontre prévue fin octobre en Europe, a-t-il expliqué.

Le coup de froid a éclaté le 15 septembre, quand le président des Etats-Unis a annoncé une nouvelle alliance avec l'Australie et le Royaume-Uni dans la région Indo-Pacifique, dans le cadre de sa grande priorité internationale: contrer la Chine.

Ce partenariat baptisé AUKUS a suscité une rare colère de la France car il a torpillé un mégacontrat de sous-marins français passé avec les Australiens.

Il aura fallu un coup de fil Joe Biden et Emmanuel Macron, après une semaine de vives tensions, pour amorcer un certain apaisement. Le locataire de la Maison-Blanche a reconnu que les Etats-Unis auraient pu mieux communiquer avec leur allié de longue date. Et les deux chefs d'Etat ont lancé un "processus de consultations approfondies".

Selon le haut responsable américain, l'ambiance mardi était "sérieuse", et les conversations n'ont plus porté sur les récriminations françaises au sujet d'AUKUS, comme lors d'un précédent entretien entre Antony Blinken et son homologue Jean-Yves Le Drian fin septembre à New York.

«Baisser d'un ton»

Les retrouvailles parisiennes ont néanmoins été marquées par un accueil moins chaleureux que par le passé.

Jean-Yves Le Drian a certes reçu longuement son homologue en tête-à-tête au Quai d'Orsay avant la rencontre formelle, mais il ne s'est affiché qu'à minima avec lui. Aucune conférence de presse commune n'a été programmée.

En juin, le ministre français avait chaleureusement lancé "bienvenue chez toi" à Antony Blinken, parfait francophone qui a vécu dans la capitale française toute son adolescence et considère la France comme sa "deuxième patrie".

Depuis mi-septembre, changement de ton: Jean-Yves Le Drian a dénoncé un "coup dans le dos" digne de la méthode tant honnie de l'ère Trump.

Pour montrer que la France n'est pas isolée, le ministre a eu lundi des échanges avec ses homologues allemand, espagnol, polonais et avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et devait s'entretenir mardi avec l'Italien et le Néerlandais.

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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken assiste à une réunion avec le ministre français des Affaires européennes et étrangères Jean-Yves Le Drian à Paris le 5 octobre 2021. (AFP)

"Cette crise met en jeu les intérêts de tous les Européens concernant le fonctionnement de nos alliances et l'engagement des Européens dans l'Indo-Pacifique", insiste-t-on de source diplomatique française.

Une source européenne espérait récemment que la crise se révèle être in fine un mal pour un bien, en permettant une "clarification" entre les deux rives de l'Atlantique au sujet des ambitions d'une défense européenne complémentaire de l'Otan, un projet poussé notamment par Emmanuel Macron.

Ce dernier veut aussi que le statut de "puissance indo-pacifique" de la France soit reconnue, dans un cadre qui reste à définir.

"Il semble utile de baisser d'un ton notre rhétorique sur les agissements de nos partenaires", estiment le chercheur Bruno Tertrais et l'ex-ambassadeur Michel Duclos dans une note du cercle de réflexion Institut Montaigne.

Ils recommandent aux autorités françaises de miser désormais davantage sur l'Inde, mais aussi sur le Japon, dans leur stratégie indo-pacifique.

Antony Blinken devait également participer mardi et mercredi à deux jours de réunions à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".