Après la crise franco-américaine, Blinken le francophile reçu à Paris sans effusion

Le ministre américain des Affaires étrangères Anthony Blinken est arrivé en France (Photo, AFP).
Le ministre américain des Affaires étrangères Anthony Blinken est arrivé en France (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 octobre 2021

Après la crise franco-américaine, Blinken le francophile reçu à Paris sans effusion

  • Le chef de la diplomatie de la première puissance mondiale doit rencontrer en début de matinée son homologue français Jean-Yves Le Drian
  • Objectif: «identifier les étapes» pour «permettre un rétablissement de la confiance», explique-t-on côté français

PARIS: Même endroit, autre ambiance: reçu en ami en juin à Paris, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, réputé francophile, est de retour mardi mais l'accueil se veut plus distant après la crise inédite entre la France et les Etats-Unis.

Arrivé lundi soir pour deux jours de réunions à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le chef de la diplomatie de la première puissance mondiale doit rencontrer en début de matinée son homologue français Jean-Yves Le Drian puis être reçu par un conseiller du président Emmanuel Macron.

Objectif: "identifier les étapes" pour "permettre un rétablissement de la confiance", explique-t-on côté français, tout en prévenant que "la sortie de crise prendra du temps et requerra des actes".

Washington, qui a fait publiquement amende honorable après la crise des sous-marins australiens, ne dit pas autre chose.

"Il faut que nos conversations aboutissent sur des actes concrets qui montrent comment, en travaillant ensemble, nous allons rétablir la confiance", a affirmé avant le voyage la secrétaire d'Etat américaine adjointe chargée de l'Europe, Karen Donfried, sans préciser si des annonces étaient attendues à l'issue de ces entretiens parisiens.

Le coup de froid a éclaté mi-septembre, quand le président des Etats-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle alliance avec l'Australie et le Royaume-Uni dans la région indo-pacifique, dans le cadre de sa grande priorité internationale: contrer la Chine.

Ce partenariat stratégique, baptisé AUKUS, a suscité une rare colère de la France, car il a provoqué la rupture par l'Australie d'un mégacontrat pour acheter des sous-marins français.

«Baisser d'un ton»

Il aura fallu un coup de fil entre Joe Biden et Emmanuel Macron, après une semaine de vives tensions, pour amorcer un certain apaisement. Le locataire de la Maison Blanche a reconnu que les Etats-Unis auraient pu mieux communiquer avec leur allié de longue date. Et les deux chefs d'Etat ont lancé un "processus de consultations approfondies".

La visite à Paris d'Antony Blinken, qui avait déjà rencontré Jean-Yves Le Drian le 23 septembre à New York, à l'abri des caméras, doit ainsi marquer une étape de ce processus avant un tête-à-tête Macron-Biden fin octobre en Europe.

Mais les retrouvailles s'annoncent plutôt froides.

Aucune rencontre n'était inscrite à l'agenda entre le secrétaire d'Etat et le président français. Il l'avait pourtant reçu à l'Elysée au début de l'été, et s'était même entretenu avec Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat de Donald Trump, lors de son passage à Paris à la fin du mandat du milliardaire républicain.

Jean-Yves Le Drian ne devrait de son côté s'afficher qu'à minima avec lui, sans conférence de presse commune.

En juin, le ministre français avait pourtant chaleureusement lancé "bienvenu chez toi" à Antony Blinken, parfait francophone qui a vécu dans la capitale française toute son adolescence et considère la France comme sa "deuxième patrie".

Mais celui qui vantait il y a encore peu en petit comité sa relation "excellente" avec son homologue américain, la plus "tonique, confiante et stimulante" de sa carrière ministérielle, a changé de ton depuis mi-septembre.

Jean-Yves Le Drian a dénoncé un "coup dans le dos", une annonce "brutale" digne de la méthode tant honnie de l'ère Trump, et une "rupture de confiance". Les deux alliés doivent maintenant trouver des "actes concrets" pour sceller la réconciliation.

Une source européenne espérait récemment que la crise se révèle être in fine un mal pour un bien, en permettant une "clarification" entre les deux rives de l'Atlantique au sujet des ambitions d'une défense européenne complémentaire de l'Otan - un projet poussé notamment par Emmanuel Macron.

Ce dernier veut aussi que le statut de "puissance indo-pacifique" de la France soit reconnue, dans un cadre qui reste à définir.

"Il semble utile de baisser d'un ton notre rhétorique sur les agissements de nos partenaires", estiment le chercheur Bruno Tertrais et l'ex-ambassadeur Michel Duclos dans une note du cercle de réflexion Institut Montaigne.

Ils recommandent aux autorités françaises de miser désormais davantage sur l'Inde, mais aussi sur le Japon, dans leur stratégie indo-pacifique.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.


Macron attendu à La Réunion sur le chikungunya et les dégâts du cyclone Garance

 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
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  • A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre
  • Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans

SAINT-DENIS DE LA REUNION: Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance.

Le chef de l'Etat, arrivé lundi soir sur l'île en provenance du département voisin de Mayotte, va aussi réaffirmer le "rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique", où la France aspire à se poser en puissance régionale au côté des Etats-Unis, de la Chine ou l'Inde.

Le président poursuit ainsi une tournée de cinq jours dans le sud-ouest de l'océan Indien qui le mènera aussi à Madagascar mercredi et l'île Maurice vendredi.

A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre.

La Réunion est secoué par une épidémie de chikungunya, une maladie infectieuse transmise par le moustique tigre, qui a fait six morts depuis le début de l'année et touché potentiellement 100.000 personnes, soit un habitant sur neuf.

Emmanuel Macron sera informé des derniers développements de l'épidémie, qui a atteint son pic ces derniers jours, lors d'un échange avec l'Agence régionale de la santé.

Engorgements 

Les difficultés sur ce front restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l'envoi de renforts médicaux face au risque de saturation des centres de santé.

"Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de +chik+ sur nos deux services d'urgence", ce qui génère "vraiment une grosse tension sur nos capacités", a-t-il alerté dimanche.

Début avril, le CHU avait déclenché le plan blanc, dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux.

Une campagne de vaccination a aussi été lancée le 7 avril. Les 40.000 premières doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont destinées aux personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités. Elles peuvent se faire vacciner gratuitement.

Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans.

Déjà frappées par une sécheresse sévère, toutes les filières agricoles de l'île - la canne à sucre représentant 53% de la surface agricole - ont lourdement été impactées par les vents et les pluies de Garance, qui a fait cinq morts.

"Echelle régionale" 

A la même époque, l'an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l'île, deux cyclones en deux ans qui témoignent de l'augmentation et de l'intensification de ces phénomènes météorologiques.

Le chef de l'Etat rencontrera dans la matinée des exploitants agricoles alors que l'île est autosuffisante aux trois-quarts.

La souveraineté alimentaire sera au coeur du cinquième sommet de la Commission de l'océan Indien jeudi à Madagascar.

La Réunion y est représentée au côté de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles mais pas Mayotte, les Comores s'opposant à l'intégration de l'archipel dans l'organisation en raison d'un contentieux colonial.

"Le président veut à travers cette visite illustrer le fait que l’échelle régionale c’est le moyen de mieux survivre, de mieux se préparer à affronter ces éléments climatiques", résume l'Elysée.

"Cet espace régional doit s’organiser avec l'ensemble de ses territoires et il y a un avenir commun à bâtir", assure la présidence française.

Emmanuel Macron fera aussi le point sur l'état de l'économie réunionnaise.

 


Macron présidera lundi un Conseil des ministres sur la « refondation » de l'archipel depuis Mayotte

(Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron présentera un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.
  • Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

PARIS : Emmanuel Macron présidera lundi un Conseil des ministres en visioconférence depuis Mayotte afin de présenter un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.

Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

Une loi d'urgence, destinée à faciliter la reconstruction de Mayotte via des assouplissements des règles d'urbanisme et de commande publique, a déjà été adoptée en février.

La loi de refondation, beaucoup plus large, comprend des « mesures plus structurelles permettant le développement économique et social du territoire sur de nouvelles bases », selon le ministre des Outre-mer Manuel Valls.

Mayotte, le département le plus pauvre de France, est confronté à plusieurs défis majeurs : une forte pression migratoire, un habitat précaire avec de nombreux toits de tôle et bidonvilles, ainsi que des difficultés économiques et sociales.

Ce texte, attendu depuis plusieurs années par les élus mahorais, prévoit notamment un durcissement des conditions d'obtention du titre de séjour dans l'archipel, une aide au retour volontaire et la facilitation des évacuations d'habitats insalubres et illégaux.