SEOUL: Les Corées du Nord et du Sud ont rétabli lundi leurs canaux de communication transfrontalière, une mesure qui selon Séoul pourrait contribuer à apaiser les relations, tendues ces dernières semaines après une série de tirs d'essais de missiles.
Des responsables des deux pays ont participé lundi matin à une conversation téléphonique, la première depuis août, a annoncé le ministère sud-coréen de l'Unification dans un communiqué.
"Cela fait un moment et je suis très heureux que la ligne de communication ait été rétablie", a déclaré un responsable sud-coréen à son homologue du Nord dans une séquence fournie par le ministère.
"Le gouvernement estime qu'avec le rétablissement de la ligne de communication Sud-Nord, une base pour la reprise des relations inter-coréennes a été posée", souligne le communiqué du ministère de l'Unification.
Il ajoute que le gouvernement espère "reprendre rapidement le dialogue et entamer des discussions pratiques pour le rétablissement des relations intercoréennes".
Le ministère sud-coréen de la Défense a confirmé dans le même temps que les communications militaires entre les deux pays ont aussi repris.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avait "exprimé son intention de rétablir les canaux de communication coupés entre le Nord et le Sud", avait annoncé l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA quelques heures plus tôt, expliquant cette décision comme une tentative d'établir une "paix durable" dans la péninsule.
Un analyste minimisait cependant ce rétablissement des canaux de communication, le qualifiant de geste "symbolique" et soulignait les récents tirs de missiles.
"Même si cela mène à des discussions, nous pourrions entrer dans une nouvelle phase où la Corée du Nord engage le dialogue, mais continue dans le même temps à mener des provocations", a estimé Park Won-gon, professeur d'études nord-coréennes à l'Université féminine d'Ewha à Séoul.
Cette reprise des communications intervient après une série de tirs de missiles qui avait soulevé de nombreuses inquiétudes et provoqué une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les communications entre Séoul et Pyongyang avaient été interrompues en août par Pyongyang, deux semaines seulement après leur rétablissement lors d'un dégel surprise des relations entre les deux pays.
La Corée du Nord avait unilatéralement coupé une première fois tous les canaux officiels de communication militaire et politique en juin 2020 après avoir dénoncé l'envoi sur son territoire de tracts de propagande anti-Pyongyang par des militants basés au Sud.
«Bombe à retardement»
Un an plus tard, le 27 juillet 2021, les deux Corées avaient annoncé un dégel surprise de leurs relations avec le rétablissement de ces communications transfrontalières.
Cette décision, dévoilée le jour anniversaire de la fin des hostilités de la guerre de Corée, était la première annonce positive depuis la série de sommets, en 2018, entre le président sud-coréen Moon Jae-in et le leader nord-coréen Kim Jong Un, qui n'avaient permis aucune percée diplomatique d'importance.
De hauts responsables des deux pays avaient eu leur premier entretien téléphonique ce jour-là et les deux parties avaient révélé un échange de lettres depuis avril entre MM. Kim et Moon, dans lesquelles ils estimaient qu'un rétablissement d'une ligne téléphonique entre eux serait une première étape de réchauffement des relations entre les deux pays, techniquement encore en guerre.
Cette détente n'avait toutefois pas duré, Pyongyang, irrité par des exercices militaires conjoints des Etats-Unis et de la Corée du Sud, cessant de répondre aux appels deux semaines plus tard.
Depuis août, Pyongyang a annoncé le tir d'un missile de croisière de longue portée puis d'un missile présenté comme hypersonique et, vendredi, d'un missile anti-aérien.
La Corée du Nord a fustigé dimanche la réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour évoquer les tirs de missiles, Pyongyang accusant les pays membres de jouer avec une "bombe à retardement".
La réunion avait été demandée par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. Mais les cinq pays membres du Conseil de Sécurité n'ont pas réussi à s'accorder sur un projet de déclaration, "la Russie et la Chine ayantt indiqué qu'il n'était pas pertinent à ce stade", selon une source diplomatique.