TBILISSI: Le parti au pouvoir en Géorgie se dirigeait dimanche vers une victoire au lendemain d'élections municipales cruciales marquées par des accusations de fraudes et l'arrestation à son retour d'exil de l'ex-président et opposant Mikheïl Saakachvili.
Après le décompte de 91% des bureaux de vote, la formation Rêve géorgien, qui dirige ce pays du Caucase depuis 2012, remporte 47% des suffrages.
Elle est suivie par le Mouvement national uni (MNU), fondé par Mikheïl Saakachvili, avec 30,61% des voix, selon les résultats préliminaires de la Commission électorale.
Les partis d'opposition remportent toutefois ensemble 53% des votes et plusieurs d'entre-eux ont dénoncé des fraudes.
Dans un communiqué, Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, le principal rival de M. Saakachvili, a rétorqué que le vote de samedi avait correspondu "aux plus hauts critères démocratiques".
Et son dirigeant, Irakli Kobakhidze, a revendiqué une victoire "convaincante".
La Géorgie est plongée dans une crise politique depuis la dénonciation par l'opposition de fraudes massives aux législatives d'octobre 2020, remportées sur le fil par le parti au pouvoir.
En mai, après une médiation de l'Union européenne, Rêve géorgien avait accepté d'organiser des législatives anticipées s'il ressemblait moins de 43% lors du scrutin local de samedi.
Il s'était finalement retiré de cet accord, en juillet, suscitant la colère des opposants.
Retour de Saakachvili
Avant son arrestation vendredi, Mikheïl Saakachvili avait appelé à manifester dimanche à Tbilissi pour que ses partisans protègent leurs voix.
Mais l'opposition s'est pour l'heure refusée d'appeler à manifester, dans l'attente des conclusions des observateurs internationaux de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) qui doivent s'exprimer dimanche à partir de 11H00 GMT.
Comme lors des législatives de 2020, l'opposition a dénoncé des fraudes durant les élections locales de samedi.
Guiorgi Baramidze, un cadre du MNU, a dénoncé auprès de l'AFP des "intimidations d'électeurs et des achats de voix" avant les élections, puis des "votes multiples" le jour du scrutin.
Il a promis que sa formation utiliserait "tous les moyens légaux pour faire annuler cette falsification".
Selon lui, la "crédibilité" du vote avait déjà été entachée par le départ en exil puis l'arrestation à son retour de Mikheïl Saakachvili.
Pour soutenir le MNU, M. Saakachvili, 53 ans, président de 2004 à 2013, est rentré au pays après un exil de huit ans marqué par une nouvelle carrière politique agitée en Ukraine.
Il a été arrêté dès son arrivée pour une condamnation par contumace, en 2018, à six ans de prison pour "abus de pouvoir", une affaire qu'il juge politique. Depuis sa cellule, il a annoncé une grève de la faim.
Dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé qu'il allait faire pression pour que Mikheïl Saakachvili soit renvoyé en Ukraine. Ce dernier a perdu sa nationalité géorgienne et possède un passeport ukrainien.