A Chypre, la détresse de migrants syriens séparés de leurs enfants

Cette femme de 25 ans qui voyage avec son mari et ses deux enfants, âgés d'un et trois ans, est alors sur le point d'accoucher. (AFP)
Cette femme de 25 ans qui voyage avec son mari et ses deux enfants, âgés d'un et trois ans, est alors sur le point d'accoucher. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 03 octobre 2021

A Chypre, la détresse de migrants syriens séparés de leurs enfants

  • Selon la loi chypriote, seuls les migrants ayant le statut de réfugié ont droit au regroupement familial
  • Avec des dizaines d'autres migrants syriens, Kawthar Raslan a quitté Beyrouth le 22 août sur une embarcation pour rallier clandestinement l'île méditerranéenne

KOFINOU: "Je suis dévastée, ma famille aussi". Kawthar, une jeune Syrienne, berce son nourrisson dans un camp pour migrants à Chypre, où elle a été emmenée par les autorités après avoir été séparée en pleine mer de son mari et ses jeunes enfants.

Avec des dizaines d'autres migrants syriens, Kawthar Raslan a quitté Beyrouth le 22 août sur une embarcation pour rallier clandestinement l'île méditerranéenne, située à quelque 160 kilomètres de là.

Cette femme de 25 ans qui voyage avec son mari et ses deux enfants, âgés d'un et trois ans, est alors sur le point d'accoucher. A une dizaine de kilomètres des côtes chypriotes, l'embarcation est encerclée par des garde-côtes, venus renvoyer le bateau vers le Liban.

Sur une vidéo filmée à bord, on entend des passagers crier "Aidez-nous!". 

Voyant l'état de Kawthar, les garde-côtes l'emmènent avec eux mais laissent le reste de la famille dans l'embarcation, contrainte de repartir vers le Liban, où plus d'un million de Syriens ayant fui la guerre ont trouvé refuge.

Le Liban étant plongé dans une grave crise économique, des centaines de Syriens ont tenté depuis un an la traversée vers Chypre. Mais ce pays de l'Union européenne, avec le plus grand nombre de primo-demandeurs d'asile par habitant, a signé en 2020 un accord avec le Liban pour renvoyer tout clandestin essayant d'atteindre l'île par bateau.

«Ni au Liban, ni en Syrie»
"J'ai failli mourir quand j'ai appris le renvoi de ma famille vers le Liban", raconte à l'AFP Kawthar, qui vit dans un préfabriqué dans le camp de Kofinou (sud).

"Les (garde-côtes) savaient que mon mari et mes enfants m'accompagnaient et ils les ont empêchés de me suivre", dit la jeune femme, qui accouché le lendemain de son arrivée à Chypre. Son bébé dort paisiblement à côté d'elle dans un berceau.

Originaire d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, Kawthar exhorte Chypre d'accepter sa demande de regroupement familial, affirmant ne pouvoir "vivre ni au Liban ni en Syrie".

Selon la loi chypriote, seuls les migrants ayant le statut de réfugié ont droit au regroupement familial. Mais, sur les quelque 7 700 demandeurs d'asile syriens arrivés sur l'île depuis 2018, moins de 2% ont obtenu ce statut, indique l'Agence de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR). 

"Les enfants sont traumatisés, ils répètent sans fin :+Maman+", confie le mari de Kawthar, Hassan al-Ali, rencontré par l'AFP à Aïn El-Tefaha, un village près de Beyrouth, où il loue une chambre.

Et de se rappeler la tragique journée du 22 août, quand le bateau est resté immobilisé "des heures" lors de l'intervention des garde-côtes. "Il y avait un soleil de plomb, les enfants avaient très soif (...) Ma fille ne bougeait plus, je pensais qu'elle allait mourir", dit-il, la voix brisée par l'émotion.

Issa Chamma, un autre Syrien dans l'embarcation, se trouve aussi à Kofinou. Comme Kawthar, il a été séparé de sa famille après avoir perdu connaissance sur le bateau.

Originaire d'Alep, ce migrant de 37 ans qui souffre de problèmes pulmonaires affirme à l'AFP que sa femme et ses trois enfants, âgés de deux à onze ans, ont "passé deux jours en prison à leur retour à Beyrouth".

«Des vies en danger»
Selon l'UNHCR, le refoulement des migrants en mer est contraire aux lois internationales. "Cette pratique doit cesser parce qu'elle met des vies en danger", souligne Emilia Strovolidou, porte-parole de l'UNHCR à Chypre, appelant les autorités à réunir les familles de Kawthar et de Issa.

EuroMed Droits, un réseau de 65 organisations méditerranéennes de défense des droits humains, lancera d'ailleurs lundi une campagne pour sensibiliser sur cette affaire, appelant l'UE à "enquêter sur les violations commises par les forces frontalières chypriotes".

Le 21 septembre, lors d'une audience au Parlement chypriote, plusieurs députés ont critiqué la politique migratoire de leur pays: "Le gouvernement doit appliquer les lois internationales et réunir Kawthar avec sa famille maintenant", a dit à l'AFP la députée Alexandra Attalides, du Parti vert.

Le ministre de l'Intérieur, Nicos Nouris, qui n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP, avait argué récemment que son pays était "en droit de refuser l'arrivée illégale de migrants".

En visite fin août à Nicosie, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a toutefois affirmé que cette opération de refoulement "pos(ait) question".

En attendant, Kawthar dit "penser constamment" à ses deux autres enfants: "Je ne fais que pleurer (...) Rien ne peut compenser leur absence".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.