Nikolaus Meyer-Landrut: de l'importance du maintien des relations Turquie-UE

L’ambassadeur de l’UE en Turquie, Nikolaus Meyer-Landrut. (Photo fournie)
L’ambassadeur de l’UE en Turquie, Nikolaus Meyer-Landrut. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 02 octobre 2021

Nikolaus Meyer-Landrut: de l'importance du maintien des relations Turquie-UE

  • La dernière opération de déminage est considérée comme la plus importante jamais entreprise par l'ONU
  • La Turquie accueille actuellement environ 4 millions de réfugiés

ANKARA : Malgré plusieurs différends dans les relations Turquie-UE l'année dernière, notamment les tensions en Méditerranée orientale et la crise des migrants, les deux parties poursuivent leur coopération dans divers domaines.

Ce travail va du déminage de vastes territoires le long de la frontière iranienne, à l'ouverture de centaines d'écoles pour les réfugiés syriens et au développement de la coopération pour lutter ensemble contre le changement climatique.

Le 28 septembre, l'UE et le Programme des Nations Unies pour le développement ont lancé un projet de €18,6 millions ($21,5 millions) pour enlever 83 000 mines terrestres le long de la frontière orientale de la Turquie avec l'Iran d'ici janvier 2023 en partenariat avec Ankara.

La dernière opération de déminage, qui a débuté mardi, est considérée comme la plus importante jamais entreprise par l'ONU.

L'ambassadeur Nikolaus Meyer-Landrut, qui dirige la délégation de l'UE en Turquie, a déclaré que le projet aidera le pays à remplir ses engagements envers la Convention d'Ottawa, de laquelle Ankara fait partie depuis 2004 et qui interdit l'utilisation des mines antipersonnel.

«Le financement de l'UE contribue à améliorer les conditions de travail des autorités turques chargées de la gestion des frontières», a déclaré Meyer-Landrut , à Arab News. «Les mines antipersonnel sont très dangereuses, tuant sans discrimination des civils dont de nombreux enfants et des animaux , et elles ne constituent plus maintenant, de toute façon, un système moderne de gestion des frontières».

La Turquie accueille actuellement environ 4 millions de réfugiés. Les Afghans, la deuxième plus grande communauté de réfugiés en Turquie après les Syriens, arrivent pour la plupart par la frontière iranienne.

En termes de relations UE-Turquie, les négociations d'adhésion sont presque gelées bien que les leaders de l'UE aient déclaré plus tôt cette année que le bloc était prêt à soutenir un programme concret et positif avec Ankara, en particulier dans les domaines de la coopération économique et de la migration.

D'autre part, le Parlement européen discute également d'un rapport recommandant la fin de l'union douanière et son remplacement par un accord de libre-échange. Pour beaucoup, renoncer à l'union douanière signifie également renoncer au processus d'adhésion et cela créera des problèmes politiques, en particulier dans des conditions où Ankara soutient la modernisation de l'union douanière de manière à couvrir des secteurs tels que les services, le tourisme, les affaires et le commerce électronique.

«Depuis le début de cette année, l'UE et la Turquie travaillent ensemble pour la mise en œuvre d'un programme positif. Dans plusieurs de ses décisions, le Conseil européen a mentionné différents points sur lesquels il souhaite progresser, tels qu'une collaboration soutenue sur les questions migratoires et la coopération en Afghanistan ainsi que la reprise du dialogue de haut niveau», a souligné l'ambassadeur.

Dans un premier temps, le 16 septembre, le vice-président exécutif de la Commission européenne pour le Pacte vert pour l'Europe, Frans Timmermans, et le ministre turc de l'Environnement et de l'Urbanisation, Murat Kurum, se sont rencontrés à Bruxelles pour un dialogue de haut niveau sur le climat.

Bruxelles a également salué la récente décision d’Ankara de ratifier l'Accord de Paris avant le sommet de Glasgow, sur le changement climatique, le mois prochain.

Comme autre voie de dialogue de haut niveau, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, se rendra en Turquie à la mi-octobre pour lancer le mécanisme de dialogue de haut niveau Turquie-UE sur la gestion des migrations, notamment les questions de libéralisation du régime des visas.

Le troisième dialogue de haut niveau qui se tiendra avant la fin de l'année portera sur la coopération sur les questions de santé, en particulier l'harmonisation des certificats de vaccination numériques.

Les efforts d’Ankara pour intégrer les réfugiés syriens ont été salués par Bruxelles, qui a encore contribué à plusieurs projets.

De jeunes étudiants turcs et syriens, assis côte à côte, jouant ensemble et apprenant le même programme, ainsi que de jeunes étudiants universitaires syriens étudiant le droit dans des universités turques, ont tous vécu des expériences très positives et ces personnes seront toujours reconnaissantes envers la Turquie pour tout ce qu'elle a fait, dans le cadre du système éducatif national, a reconnu l'ambassadeur de l'UE.

«Tout ce que vous êtes capable d'enseigner à la jeune génération maintenant sera la base de sa vie future. Ces jeunes pourront contribuer à la société, ils pourront gagner leur vie, payer des impôts dans n'importe quel pays où ils seront. Pour donner à ces gens une possibilité, ils devraient tout d’abord, être éduqués. C'est dans leur intérêt personnel et dans l'intérêt de la société. C'est la meilleure stratégie de prévention afin d’empêcher la création d’une génération perdue», a expliqué Meyer-Landrut.

Les ambassadeurs de l'UE ont approuvé mercredi 149,6 millions d’€ ($173,5 millions) comme financement supplémentaire pour les réfugiés syriens en Turquie. L'aide mensuelle en espèces de l’UE aux réfugiés sera revue à la hausse.

Cependant, aucun progrès n'a été réalisé jusqu'à présent sur la mise au point de l'accord sur les migrations signé avec la Turquie en 2016.

Malgré un processus de paix intermittent au cours des dernières années, Chypre reste toujours un point de friction pour les relations Turquie-UE, surtout après que l'île divisée est devenue membre de l'UE en 2004.

En dépit de plusieurs efforts diplomatiques de l'ONU, aucun règlement global n'a été trouvé jusqu'à présent dans le différend qui dure depuis des décennies.

«L'ONU est l'organisation dans laquelle les pourparlers chypriotes doivent avoir lieu. Les résolutions de l'ONU fixent le cadre et l'ONU est l'acteur-clé dans de tel désaccord. L'UE soutiendra les efforts de l'ONU et tous les efforts des parties concernées pour trouver une solution », a indiqué Meyer-Landrut.

Bruxelles soutient une fédération bizonale et bicommunautaire à Chypre, tandis que Ankara affirme que le moment est venu d'engager des pourparlers entre deux États, et non deux communautés.

La Turquie s'attend à ce que le nouveau gouvernement allemand, qui joue un rôle moteur au sein de l'UE, soutienne et contribue à l'amélioration des relations d'Ankara avec Bruxelles, à l'instar du régime de la chancelière sortante Angela Merkel.

Les liens de la Turquie avec l'UE précèdent un accord d'association qu'elle a signé avec le prédécesseur de l'UE, la Communauté économique européenne, en 1964. La Turquie a obtenu le statut de pays candidat en 1999 et a entamé des négociations d'adhésion en 2005.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.