ANKARA : Malgré plusieurs différends dans les relations Turquie-UE l'année dernière, notamment les tensions en Méditerranée orientale et la crise des migrants, les deux parties poursuivent leur coopération dans divers domaines.
Ce travail va du déminage de vastes territoires le long de la frontière iranienne, à l'ouverture de centaines d'écoles pour les réfugiés syriens et au développement de la coopération pour lutter ensemble contre le changement climatique.
Le 28 septembre, l'UE et le Programme des Nations Unies pour le développement ont lancé un projet de €18,6 millions ($21,5 millions) pour enlever 83 000 mines terrestres le long de la frontière orientale de la Turquie avec l'Iran d'ici janvier 2023 en partenariat avec Ankara.
La dernière opération de déminage, qui a débuté mardi, est considérée comme la plus importante jamais entreprise par l'ONU.
L'ambassadeur Nikolaus Meyer-Landrut, qui dirige la délégation de l'UE en Turquie, a déclaré que le projet aidera le pays à remplir ses engagements envers la Convention d'Ottawa, de laquelle Ankara fait partie depuis 2004 et qui interdit l'utilisation des mines antipersonnel.
«Le financement de l'UE contribue à améliorer les conditions de travail des autorités turques chargées de la gestion des frontières», a déclaré Meyer-Landrut , à Arab News. «Les mines antipersonnel sont très dangereuses, tuant sans discrimination des civils dont de nombreux enfants et des animaux , et elles ne constituent plus maintenant, de toute façon, un système moderne de gestion des frontières».
La Turquie accueille actuellement environ 4 millions de réfugiés. Les Afghans, la deuxième plus grande communauté de réfugiés en Turquie après les Syriens, arrivent pour la plupart par la frontière iranienne.
En termes de relations UE-Turquie, les négociations d'adhésion sont presque gelées bien que les leaders de l'UE aient déclaré plus tôt cette année que le bloc était prêt à soutenir un programme concret et positif avec Ankara, en particulier dans les domaines de la coopération économique et de la migration.
D'autre part, le Parlement européen discute également d'un rapport recommandant la fin de l'union douanière et son remplacement par un accord de libre-échange. Pour beaucoup, renoncer à l'union douanière signifie également renoncer au processus d'adhésion et cela créera des problèmes politiques, en particulier dans des conditions où Ankara soutient la modernisation de l'union douanière de manière à couvrir des secteurs tels que les services, le tourisme, les affaires et le commerce électronique.
«Depuis le début de cette année, l'UE et la Turquie travaillent ensemble pour la mise en œuvre d'un programme positif. Dans plusieurs de ses décisions, le Conseil européen a mentionné différents points sur lesquels il souhaite progresser, tels qu'une collaboration soutenue sur les questions migratoires et la coopération en Afghanistan ainsi que la reprise du dialogue de haut niveau», a souligné l'ambassadeur.
Dans un premier temps, le 16 septembre, le vice-président exécutif de la Commission européenne pour le Pacte vert pour l'Europe, Frans Timmermans, et le ministre turc de l'Environnement et de l'Urbanisation, Murat Kurum, se sont rencontrés à Bruxelles pour un dialogue de haut niveau sur le climat.
Bruxelles a également salué la récente décision d’Ankara de ratifier l'Accord de Paris avant le sommet de Glasgow, sur le changement climatique, le mois prochain.
Comme autre voie de dialogue de haut niveau, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, se rendra en Turquie à la mi-octobre pour lancer le mécanisme de dialogue de haut niveau Turquie-UE sur la gestion des migrations, notamment les questions de libéralisation du régime des visas.
Le troisième dialogue de haut niveau qui se tiendra avant la fin de l'année portera sur la coopération sur les questions de santé, en particulier l'harmonisation des certificats de vaccination numériques.
Les efforts d’Ankara pour intégrer les réfugiés syriens ont été salués par Bruxelles, qui a encore contribué à plusieurs projets.
De jeunes étudiants turcs et syriens, assis côte à côte, jouant ensemble et apprenant le même programme, ainsi que de jeunes étudiants universitaires syriens étudiant le droit dans des universités turques, ont tous vécu des expériences très positives et ces personnes seront toujours reconnaissantes envers la Turquie pour tout ce qu'elle a fait, dans le cadre du système éducatif national, a reconnu l'ambassadeur de l'UE.
«Tout ce que vous êtes capable d'enseigner à la jeune génération maintenant sera la base de sa vie future. Ces jeunes pourront contribuer à la société, ils pourront gagner leur vie, payer des impôts dans n'importe quel pays où ils seront. Pour donner à ces gens une possibilité, ils devraient tout d’abord, être éduqués. C'est dans leur intérêt personnel et dans l'intérêt de la société. C'est la meilleure stratégie de prévention afin d’empêcher la création d’une génération perdue», a expliqué Meyer-Landrut.
Les ambassadeurs de l'UE ont approuvé mercredi 149,6 millions d’€ ($173,5 millions) comme financement supplémentaire pour les réfugiés syriens en Turquie. L'aide mensuelle en espèces de l’UE aux réfugiés sera revue à la hausse.
Cependant, aucun progrès n'a été réalisé jusqu'à présent sur la mise au point de l'accord sur les migrations signé avec la Turquie en 2016.
Malgré un processus de paix intermittent au cours des dernières années, Chypre reste toujours un point de friction pour les relations Turquie-UE, surtout après que l'île divisée est devenue membre de l'UE en 2004.
En dépit de plusieurs efforts diplomatiques de l'ONU, aucun règlement global n'a été trouvé jusqu'à présent dans le différend qui dure depuis des décennies.
«L'ONU est l'organisation dans laquelle les pourparlers chypriotes doivent avoir lieu. Les résolutions de l'ONU fixent le cadre et l'ONU est l'acteur-clé dans de tel désaccord. L'UE soutiendra les efforts de l'ONU et tous les efforts des parties concernées pour trouver une solution », a indiqué Meyer-Landrut.
Bruxelles soutient une fédération bizonale et bicommunautaire à Chypre, tandis que Ankara affirme que le moment est venu d'engager des pourparlers entre deux États, et non deux communautés.
La Turquie s'attend à ce que le nouveau gouvernement allemand, qui joue un rôle moteur au sein de l'UE, soutienne et contribue à l'amélioration des relations d'Ankara avec Bruxelles, à l'instar du régime de la chancelière sortante Angela Merkel.
Les liens de la Turquie avec l'UE précèdent un accord d'association qu'elle a signé avec le prédécesseur de l'UE, la Communauté économique européenne, en 1964. La Turquie a obtenu le statut de pays candidat en 1999 et a entamé des négociations d'adhésion en 2005.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com