La crise afghane relance l'hébergement solidaire en France

Les places d’hébergement d’urgence manquent par rapport au nombre de réfugiés (Photo, AFP).
Les places d’hébergement d’urgence manquent par rapport au nombre de réfugiés (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 30 septembre 2021

La crise afghane relance l'hébergement solidaire en France

  • Depuis la chute de Kaboul aux mains des talibans, les bonnes volontés se sont tournées massivement vers les associations
  • Le programme J'Accueille met en relation réfugiés et citoyens prêts à les loger pendant au moins un trimestre

PARIS: Un canapé-lit pour une nuit, une chambre où se poser quelques mois: la crise afghane, ultra-médiatisée, a redonné un nouveau souffle à l'"hébergement solidaire" et agi comme un "déclencheur" pour les citoyens qui accueillent des exilés sans-abri.

C'est le cas de Marc-Antoine Deville, un Parisien de 26 ans, qui s'installe désormais une fois par semaine sur un matelas d'appoint, lorsqu'il cède son canapé-lit à un demandeur d'asile.

Ce jeune chef de produit dans la mode a été interpellé mi-août par les images de milliers d'Afghans fuyant les talibans. "La crise en Afghanistan m'a poussé à me demander comment je pouvais aider à mon échelle. Partager mon toit avec des personnes qui n'en ont pas, c'est à ma portée", explique-t-il.

Pour Mathilde Lerosier aussi, la crise afghane a été un "moment déclencheur". "On n'a pas découvert d'un seul coup ce qu'il se passe dans le monde, mais on ne pouvait plus ne rien faire pour y répondre", raconte cette Parisienne de 38 ans. 

Avec son mari et ses trois enfants, dont l'un cèdera sa chambre, la famille a décidé d'accueillir une personne réfugiée, d'Afghanistan ou d'ailleurs, pendant trois mois. Peut-être plus, si le courant passe. 

Depuis la chute de Kaboul aux mains des talibans, les bonnes volontés se sont tournées massivement vers les associations comme Singa, dont le programme J'Accueille met en relation réfugiés et citoyens prêts à les loger pendant au moins un trimestre.

"Nous avons reçu 500 propositions depuis la mi-août. Il y en avait eu 15 l'année dernière à la même période", affirme Vincent Berne, responsable du programme.

Chez Utopia56 aussi, le téléphone n'a cessé de sonner depuis que les images d'Afghans fuyant Kaboul ont envahi les écrans. 

L'association, qui trouve un toit chaque soir pour une quinzaine de familles au sein de son réseau d'hébergeurs, a enregistré plus de 100 nouvelles inscriptions entre mi-août et mi-septembre, contre huit en juillet. 

Essoufflement

Classique, en temps de crise, observent les associations. En 2015, la photo du petit Aylan, un enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque, avait ému et suscité une large vague de fraternité. 

"Dans une moindre mesure, l'évacuation musclée du campement de migrants place de la République (en novembre 2020) a aussi provoqué un élan de solidarité", se souvient Tristan, 40 ans, bénévole d'Utopia56. 

Depuis 2019, il est chargé de "conventionner" les candidats à l'accueil, chez lesquels il se rend pour expliquer le fonctionnement de l'association, vérifier la salubrité, donner un cadre à cet hébergement qui peut déboussoler.

"En général, les volontaires ont une idée assez claire de ce en quoi consiste l'hébergement d'urgence. Mais il arrive parfois qu'il faille préciser que les personnes à la rue ne seront pas celles dont ils ont entendu parler à la télévision", relève Tristan. 

Chez Singa aussi, une réunion d'information est obligatoire.

"Beaucoup de personnes s'inscrivent sous le coup de l'émotion mais se démotivent après la réunion car la réalité ne correspond pas à ce qu'ils avaient imaginé", précise Vincent Berne. Créé en 2015, J'Accueille a généré 15.000 propositions: environ 1.000 foyers ont été au bout. 

Hors des moments de crise, Yann Manzi, fondateur d'Utopia56, note d'ailleurs un "essoufflement" de l'hébergement solidaire, qu'il impute à la fois aux confinements successifs et "au discours anti-migrant qui se généralise dans le débat public".

"Avant la crise sanitaire, on pouvait avoir plusieurs dizaines de contacts par semaine. Aujourd'hui, il faut attendre les moments de crise majeurs, comme la prise de pouvoir des talibans, pour retrouver ces chiffres", affirme-t-il.

En parallèle, la demande de logement ne faiblit pas. "Nous ne sommes pas là pour nous substituer à l'État mais si personne n'hébergeait plus les demandeurs d'asile, beaucoup se retrouveraient constamment à la rue", poursuit Yann Manzi.

Malgré la multiplication par deux du nombre de places d'hébergement d'urgence disponibles (110.000) depuis 2015, "près de la moitié des demandeurs d'asile restent sans hébergement pendant la période de la procédure", selon l'association France terre d'asile.

A moins de trouver un hébergeur solidaire.


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.