LONDRES: Une Haute Cour anglaise a décidé que les citoyens libanais vivant dans l'UE n'ont pas besoin d'être physiquement au Liban pour poursuivre leurs banques.
L'affaire pourrait avoir des conséquences importantes pour les banques libanaises déjà soumises à une pression financière extrême.
Un juge a statué que le résident britannique Bilal Khalifeh pourrait obtenir de la Blom Bank le remboursement de 1,4 million de dollars de son épargne réalisée en Grande-Bretagne.
Alors que la situation financière au pays du Cèdre est devenue incontrôlable, les Libanais comme les étrangers sont confrontés à des restrictions relatives au retrait de leur argent des banques du pays.
Cette récente décision de justice signifie cependant que ceux qui vivent hors du Liban ont désormais un recours légal pour récupérer leur argent.
« La décision a des répercussions étendues car cette partie du droit de la consommation s’applique à l’échelle européenne », déclare l’avocat de Khalifeh, Joseph McCormick, associé du cabinet d’avocats Rosenblatt.
« J'ai le sentiment que les banques libanaises luttent contre les incendies et qu’elles ont manifestement beaucoup d'autres problèmes. Mais je soupçonne que ceux-ci occupent maintenant une place importante sur leur liste de problèmes », ajoute McCormick.
Cette décision signifie que les quelque 400 000 Libanais vivant en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Scandinavie et qui n'ont pas pu accéder à leur argent peuvent désormais poursuivre les banques libanaises en justice depuis leur pays de résidence.
On ne sait toujours pas si un tribunal européen peut contraindre les banques à transférer les fonds des déposants hors du Liban.
Mais si ces banques ne restituent pas les avoirs des demandeurs, elles risquent de voir leurs opérations européennes réduites ou les avoirs de leurs propriétaires européens gelés pour non-conformité.
Concernant l’affaire de Khalifeh, la Blom Bank a déclaré, en réponse à la décision de justice, qu’elle n’était pas obligée de lui faire un virement international et a proposé à la place de lui rembourser un chèque qui ne pouvait être encaissé qu’au Liban.
Cependant, en raison de la chute libre des taux de change, l’argent de Khalifeh perdrait environ 65 % de sa valeur s’il choisissait cette option.
Alors que la décision n'aide g uère les Libanais du pays qui ne peuvent pas accéder à leur argent, McCormick a déclaré qu’elle pourrait constituer un moyen de pression supplémentaire sur les banques afin qu'elles trouvent un moyen de sortir de la crise.
« Je pense que nous verrons des affaires collectives, des cas de groupes présentés à un juge grâce au nombre d’enquêtes que nous avons reçues depuis que nous avons porté cette affaire, a-t-il ajouté. Les gens sont désespérés. Ils recherchent une lueur d'espoir. »
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com