PARIS : Engagé dans un bras de fer contre le projet de rachat "très hostile" de Veolia, le président de Suez Philippe Varin met en garde dimanche contre un risque de plan social si son rival, qui se veut rassurant, parvenait à ses fins.
Juste avant la rentrée, Veolia, leader mondial du traitement de l'eau et des déchets, a annoncé vouloir racheter son concurrent historique Suez, en commençant par la reprise de l'essentiel des parts (29,9%) détenues par Engie.
"Pour nos 90.000 collaborateurs, dont 30.000 en France, c'est la menace de pertes d'emplois", a affirmé Philippe Varin dans une interview au Journal du Dimanche. "On ne peut pas annoncer 500 millions de synergies et dire qu'il n'y aura pas d'impact. Je ne l'ai jamais vu de ma vie. Si on regarde Alcatel-Lucent, LafargeHolcim, GE-Alstom, chaque fois, des promesses ont été faites. Chaque fois, il y a eu des plans sociaux après", poursuit-il.
Entre les deux groupes, la bataille d'influence porte particulièrement sur l'emploi, sur lequel l'Etat, actionnaire de référence d'Engie, a prévenu qu'il serait vigilant sans pour autant s'opposer à l'opération.
"Il n'y aura aucune perte d'emploi", a répondu le patron de Veolia Antoine Frérot, dans Les Echos de lundi. "Au sein du futur groupe, bien sûr, mais c'est valable aussi pour les repreneurs des activités en France que nous devrons céder pour des raisons de concurrence. Chaque salarié sera repris, avec l'intégralité de ses avantages sociaux actuels". Concernant les synergies, Antoine Frérot affirme qu'"il n’y a dans ce projet aucune synergie venant de l’emploi".
"Je compte bien convaincre le Premier ministre que sur le fond, ce projet a des failles. Il comporte de considérables risques d'exécution", avait auparavant déclaré M. Varin, qui parle d'une offre "très hostile" de Veolia. "Je comprends tout à fait que le conseil d'administration d'Engie veuille traduire en cash sa participation dans Suez. Mais pour résoudre ce problème, la décision d'Engie sur la proposition de Veolia déterminerait le futur de Suez et consisterait notamment à démanteler le groupe Suez en France", déplore-t-il.
En début de semaine, le président d'Engie avait annoncé qu'il étudierait attentivement un "nouveau projet" de Suez s'il parvenait à lui présenter rapidement "une offre alternative".
"Le management est en train de bâtir une solution alternative que le conseil (d'administration de Suez, ndlr) encourage. Les travaux sont en cours et, pour leur sérénité, je ne peux pas en dire plus", souligne Philippe Varin.