GENÈVE: L'UE entend faire adopter lors de la session en cours du Conseil des droits de l'homme de l'ONU une résolution établissant la création d'un rapporteur sur l'Afghanistan, selon un document mis en circulation vendredi.
Ces dernières semaines, l'Union européenne et la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet ont réclamé que le Conseil - en session jusqu'au 8 octobre - lance un mécanisme de surveillance des violations des droits humains en Afghanistan.
Certains pays, dont le Pakistan, ont toutefois fait part de leurs réticences à la mise en place d'un mécanisme d'enquête.
Devant le Conseil, le nouvel ambassadeur français auprès de l'ONU à Genève, Jérôme Bonnafont, s'est exprimé au nom de 26 États Membres de l'UE pour exprimer leur attachement "à la paix et à la stabilité en Afghanistan, ainsi qu'au soutien du peuple afghan".
"Nous condamnons fermement les actes de violence et d'intimidation commis par les talibans. Leurs auteurs doivent rendre des comptes. Nous appelons le gouvernement provisoire nommé par les talibans à respecter le droit international des droits de l'Homme et les normes en la matière, y compris les droits des femmes et des filles", a-t-il précisé.
Le projet de résolution de l'UE fait part notamment de sa préoccupation face aux allégations de violations des droits humains commis "par les talibans et d'autres parties au conflit" et propose de nommer un rapporteur spécial "chargé de surveiller la situation des droits humains à mesure qu'elle se développe en Afghanistan".
Le rapporteur serait notamment chargé de faire un rapport sur l'évolution de la situation des droits humains dans le pays, de faire des recommandations en vue de leur amélioration et d'aider l'Afghanistan à en assumer ses obligations tout en conseillant la société civile.
Le projet de résolution appelle à la fin immédiate de toutes les violations des droits humains et atteintes au droit humanitaire international en Afghanistan. Il demande le respect des libertés fondamentales, y compris la liberté de réunion et d'expression.
Le texte "condamne la discrimination contre les femmes et les filles sous toutes ses formes", dont le mariage forcé, et appelle à l'établissement d'un gouvernement inclusif, y compris en ce qui concerne les genres et les minorités ethniques et religieuses.
Le texte a été présenté lors d'une réunion informelle à Genève au cours de laquelle certains diplomates ont déploré que le rapporteur ne soit pas mandaté pour se pencher aussi sur les violations passées, tandis que d'autres pays ont estimé qu'un mécanisme plus robuste, comme un groupe d'experts, aurait été plus à la hauteur de la situation.
Depuis leur prise du pouvoir le 15 août, les talibans tentent de convaincre la population et la communauté internationale qu'ils ont changé et que leur régime sera moins brutal que le précédent, entre 1996 et 2001, lorsque les femmes ne pouvaient pas travailler ou étudier.
Des manifestations réclamant plus de libertés, menées notamment par des femmes, ont eu lieu début septembre dans certaines villes. Les talibans les ont réprimées parfois avec violence, puis interdites. Et le nouveau gouvernement ne compte aucune femme.