NEW YORK: Les responsables de l’ONU [Organisation des nations unies, NDLR] et les dirigeants mondiaux ont lancé un appel urgent relatif à l’avenir du système alimentaire mondial. Ils se sont engagés à travailler ensemble afin de garantir qu’il reste durable et équitable pour les générations à venir.
S’exprimant lors du Sommet des nations unies sur les systèmes alimentaires de 2021, la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a qualifié nos systèmes alimentaires de «défaillants».
Ce rendez-vous, auquel participait Arab News, s’est déroulé en même temps que l’Assemblée générale des nations unies. Il a pour objectif de déployer des efforts à l’échelle mondiale en vue de «tirer parti du pouvoir des systèmes alimentaires pour nous permettre de surmonter la pandémie de Covid-19 et nous remettre sur la bonne voie dans le but d’atteindre les dix-sept objectifs de développement durable d’ici à 2030».
«Tous les jours, plus de huit cents millions de personnes sont affamées. Des millions d’enfants meurent de faim alors que le tiers de la nourriture produite est perdue ou gaspillée. Ce gaspillage alimentaire vaut aujourd’hui plus de 1 000 milliards de dollars [1 dollar = 0,85 euro]», alerte la vice-secrétaire générale.
«Trois milliards de personnes ne peuvent se permettre d’avoir une alimentation saine, tandis que deux autres milliards d’hommes, de femmes et d’enfants sont en surpoids ou obèses à travers le monde. Nos modes de consommation actuels devraient générer plus de 1 000 milliards de dollars supplémentaires de dépenses de santé liées à l’alimentation», souligne-t-elle. «Autrement dit, nos systèmes alimentaires ne répondent pas aux besoins des peuples, sans parler de leur incidence sur l’environnement», poursuit-elle.
Cependant, elle affirme que, «grâce à des systèmes de production alimentaire durables, il est possible de nourrir une population mondiale croissante tout en protégeant notre planète». Mais, prévient-elle, «cela ne peut se faire que si nous travaillons ensemble».
Selon un rapport de la Banque mondiale publié plus tôt cette année, l’agriculture est à l’origine de 19 à 29% de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Une réforme urgente de ce système qui produit de la nourriture au détriment de la planète est donc indispensable.
Les dirigeants mondiaux et les responsables d’organisations internationales soutiennent les objectifs de ce sommet, au cours duquel le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a déclaré: «La mise en place de systèmes alimentaires durables qui garantissent la sécurité alimentaire de nos communautés devrait constituer notre priorité à tous face aux défis actuels.»
Il met également en lumière certaines des démarches entreprises par l’Égypte pour faire progresser le programme de l’ONU, comme le fait de proposer aux élèves de rejoindre la Global School Meals Coalition pour bénéficier d’une alimentation plus saine. Il souligne par ailleurs que son pays participe aux pourparlers panafricains qui visent à apporter une réponse aux problèmes de sécurité alimentaire à l’échelle du continent.
Al-Sissi appelle également les pays à prendre des mesures concrètes: «Le succès du Sommet des nations unies sur les systèmes alimentaires dépend de notre capacité à obtenir des résultats tangibles qui nous permettront de mettre en place un système ambitieux et réalisable selon les priorités des pays, sans imposer de vision spécifique.»
Lors du sommet, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a également pris la parole. Il a affirmé que la Turquie s’était engagée à fournir un «monde plus juste, plus habitable et plus pacifique pour nos enfants».
Samantha Power, qui dirige l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid), a déclaré jeudi dernier: «Les personnes bien nourries ont l’obligation de se soucier de la faim des autres.»
«Nous allons revoir notre stratégie de sécurité alimentaire mondiale afin de garantir que l’argent fasse plus de bien dans le monde. Nous nous concentrerons davantage sur une croissance agricole inclusive qui viendra en aide aux femmes, aux filles et aux communautés marginalisées», indique-t-elle.
Elle a également promis que les États-Unis veilleraient à «doubler leurs investissements judicieux en faveur du climat», donnant comme exemples le choix de «semences qui résistent à la sécheresse» ou «le stockage du carbone dans les sols», «afin que le monde puisse augmenter le taux de rendement agricole tout en réduisant les émissions».
Des dizaines d’autres dirigeants mondiaux devraient prendre la parole lors du sommet, qui prendra fin vendredi. Ce jour-là, Abdelrahmane al-Fadley, le ministre saoudien de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture, fera une allocution.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com