DUBAÏ: Le Fonds d’investissement public saoudien (PIF) associe deux développeurs de projets très importants sur le littoral de la mer Rouge pour «renforcer les synergies» dans une période où le Royaume cherche à atteindre des objectifs touristiques ambitieux.
L’accord de consolidation permettra à la Red Sea Development Company (TRSDC) de reprendre le projet Amaala; tous deux sont détenus par le PIF. Cependant, les destinations touristiques qu’ils comptent développer conserveront des identités «séparées» et «distinctes», fait savoir le PDG des deux structures, John Pagano, dans un entretien à Arab News.
«Amaala dispose d’un positionnement et d’une image de marque qui lui sont propres, tout comme le projet Red Sea. Cela ne changera pas», confie-t-il à Dubaï en marge de la conférence Arabian and African Hospitality Investment.
«Amaala se concentre sur le bien-être, tandis que le projet Red Sea est davantage orienté vers l’écotourisme. Ces objectifs demeureront inchangés», précise M. Pagano.
Rappelons que M. Pagano a été nommé PDG d’Amaala au mois de janvier dernier.
«Nous avions déjà fait part de notre volonté de combiner les organisations et de mettre tout en œuvre pour renforcer les synergies entre les deux groupes», ajoute M. Pagano.
«Nous allons tirer parti des compétences uniques des deux équipes et les appliquer pour le bien des deux projets. Cette consolidation permettra également aux deux destinations de renforcer leur efficacité opérationnelle», explique-t-il.
Cette opération n’implique pas de coûts, signale M. Pagano, qui définit cette démarche comme une consolidation de ces deux entreprises détenues par une même entité.
Régénérer le tourisme
La Red Sea Development Company exploite, à elle seule, plus de 28 000 kilomètres carrés de terre et d’eau le long de la côte ouest du Royaume. Le projet comprendra des canyons, des volcans éteints ainsi que d’anciens sites de patrimoine culturel.
La première phase devrait être achevée en 2023 avec la construction de seize hôtels. Pas moins de cinquante complexes hôteliers seront construits, qui proposeront quelque 8 000 chambres d’ici à 2030.
Ces énormes projets suscitent des interrogations des défenseurs de l’environnement, mais M. Pagano insiste sur le rôle de la régénération, qu’il présente comme un élément phare du projet.
«La durabilité ne suffit plus. La régénération est désormais plus importante que tout», souligne-t-il.
Selon lui, il ne suffit pas de «ne pas nuire» à l’environnement, mais de rechercher activement des moyens pour améliorer le site et pour le «laisser dans un meilleur état que celui dans lequel on l’a trouvé».
Pour prouver qu’elle tiendra ses promesses, l’entreprise a fait part de plusieurs initiatives, qui vont des petites réglementations, comme le fait d’interdire le plastique à usage unique, aux grands plans opérationnels, avec l’utilisation d’énergies renouvelables pour alimenter le site.
«Nous serons la plus grande destination touristique du monde, alimentée à 100% par des énergies renouvelables – vingt-quatre heures sur vingt-quatre complètement hors réseau», se félicite M. Pagano.
Pour y parvenir, ce dernier affirme que sera installé ce qui est selon lui le plus grand système de stockage de batteries au monde.
L’entreprise s’engage également à améliorer la biodiversité sur le littoral de la mer Rouge, en coopérant par exemple avec la communauté scientifique pour parvenir à faire pousser des coraux.
Ce niveau d’engagement est également partagé par des marques internationales qui prévoient d’investir dans le projet Red Sea, fait savoir M. Pagano, à mesure que le secteur hôtelier devient de plus en plus conscient des objectifs environnementaux à l’échelle mondiale.
«Les marques internationales doivent soutenir notre vision, sinon nous ne coopérerons pas avec elles», renchérit-il. L’identité de ces marques sera révélée lors du sommet Future Investment Initiative, qui se tiendra à Riyad le mois prochain.
Financer l’ambition
Le PDG déclare par ailleurs qu’ils «arriveront sur le marché l’année prochaine avec une approche similaire pour Amaala», faisant référence aux 3,7 milliards de dollars (plus de 3,1 milliards d’euros) de financement qu’ils ont reçus au mois d’avril et qui couvraient déjà les grandes infrastructures de la première phase du projet Red Sea.
«Cette facilité de créance – le financement conventionnel – est prioritaire. Nous en aurons besoin à ce stade. Cela viendra dans un avenir proche», indique-t-il.
M. Pagano précise que ses entreprises ont gagné une certaine crédibilité auprès des institutions de prêt, ce qui devrait leur permettre d’obtenir plus facilement des financements.
Selon un rapport publié par Reuters qui cite le PDG, l’Arabie saoudite prévoit de lever jusqu’à 2,67 milliards de dollars (environ 2,3 milliards d’euros) l’année prochaine pour Amaala.
L’Arabie saoudite en plein essor
Tous ces projets s’inscrivent dans la transformation continue qui répond à la volonté du Royaume de diversifier ses sources de revenus au-delà du secteur pétrolier.
L’Arabie saoudite a identifié le tourisme comme l’un des secteurs phares de cette diversification. De nombreux projets d’infrastructures sont en cours, ainsi que des changements réglementaires qui permettent aux touristes de visiter plus facilement cet État du Golfe qui, auparavant, était fermé.
«Il est juste de dire que les politiques de l’Arabie saoudite ont changé. Et ce changement est radical», estime M. Pagano.
En ce qui concerne les sites du projet Red Sea, M. Pagano affirme qu’ils appartiendront à une zone économique spéciale qui fera l’objet d’un cadre réglementaire plus souple.
«Il sera propice à attirer les investissements et nous permettra d’adapter les normes sociales de manière à rendre les destinations attrayantes pour les visiteurs étrangers», conclut-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com