MONTREAL : Le prochain gouvernement du Canada sera formé par le parti libéral de Justin Trudeau, qui obtient donc un troisième mandat de Premier ministre après une campagne très difficile, ont annoncé lundi les médias canadiens.
Les résultats du vote, encore préliminaires, ne permettent toutefois pas de déterminer si le Premier ministre sera à la tête d'un gouvernement majoritaire ou minoritaire.
Dans ce pays qui compte six fuseaux horaires, les derniers bureaux de vote ont fermé leurs portes à 19H00 (02H00 GMT mardi), à l'ouest, en Colombie-Britannique, sur la côte pacifique et au Yukon.
Le Premier ministre sortant a déclenché des élections anticipées à la mi-août pour tenter de regagner la majorité qu'il avait perdue deux ans plus tôt. Mais impossible de savoir encore s'il a gagné son pari face au conservateur modéré Erin O'Toole qui est parvenu à percer pendant la campagne.
Justin Trudeau a connu une campagne particulièrement compliquée, l'usure du pouvoir se fait sentir et la "Trudeaumanie" de 2015 semble bien loin...
Les intentions de vote donnaient encore à quelques heures du scrutin les deux grands partis au coude à coude, autour de 31% d'intentions de vote.
Justin Trudeau s'était dit "serein" à la sortie de son bureau de vote à Montréal. "On a travaillé très fort pendant cette campagne et les Canadiens sont en train de faire un choix important", a-t-il déclaré entouré de ses enfants et de sa femme Sophie Grégoire.
Lors des derniers jours de campagne, il a appelé au vote stratégique, expliquant que le retour des conservateurs serait synonyme de retour en arrière, notamment sur la question climatique.
"Fiers de voter aujourd'hui, assurez-vous de faire de même!", a encouragé de son côté sur Twitter Erin O'Toole, en postant une photo devant l'urne avec son épouse. Ce dernier a fait campagne en promettant aux Canadiens d'incarner le renouveau et fait une campagne résolument au centre.
Du «jamais vu»
Peu avant la fermeture, les médias locaux montraient encore de nombreuses personnes faisant la queue devant des bureaux de vote de grandes villes.
Liliane Laverdière, Montréalaise de 67 ans, a tenté quatre fois d'aller voter et a expliqué avoir été surprise par l'affluence. "D'après moi, les gens veulent du changement", a-t-elle déclaré en précisant "n'avoir jamais vu ça" en dix ans.
D'autres électeurs mettent en avant la façon dont le Premier ministre sortant a géré la crise sanitaire - avec un pays qui affiche l'un des taux de vaccination les plus élevés au monde.
"Pour moi, la gestion de la pandémie est l'enjeu le plus important de cette élection. Et je pense que le Premier ministre l'a bien gérée", estime Kai Anderson, 25 ans, électrice à Ottawa, la capitale fédérale.
Majoritaire ou minoritaire
Les quelques 27 millions de Canadiens étaient appelés à élire les 338 députés que compte la Chambre des communes. Si aucun des deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n'est en mesure d'obtenir une majorité des sièges au Parlement, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire.
Et pour cela, il aura besoin de composer avec les plus petits partis pour gouverner à Ottawa.
Comme le Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche), de Jagmeet Singh, crédité de 20% des intentions de vote. Ou le Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par Yves-François Blanchet, qui a semblé reprendre des couleurs en fin de campagne après une polémique sur la place du Québec au sein de la confédération canadienne.
Dernier grand parti en lice, les Verts d'Annamie Paul ont peiné à faire passer leur message d'une urgence climatique, luttant pour leur survie en raison de problèmes d'unité et d'image.