PARIS : Selon les statistiques d’Eurostat, les exportations dans le secteur de l’habillement du Maroc vers l’Union européenne ont enregistré une baisse drastique de l’ordre de 42 % sur les cinq premiers mois de l’année 2020, comparativement à la même période en 2019.
« C’est la plus mauvaise performance parmi les 50 premiers fournisseurs d’habillement de l’Union européenne », affirme Jean-François Limantour, président d’Evalliance, une association chargée de contribuer au renforcement des relations de partenariats et de coopération économique entre l’Union européenne, l’Asie du Sud-Est et la Méditerranée, en charge des secteurs du textile, de l’habillement, du cuir, des chaussures et du luxe.
Dans la presse marocaine, les professionnels locaux du textile expliquent que « la situation est dramatique » et souhaitent « une réaction rapide pour relancer le secteur ». Ils craignent que leurs clients n’aillent s’approvisionner ailleurs, sur d’autres marchés, plus attractifs et réactifs.
« Cette crise a impulsé une opportunité de relocalisation vers les pays proches de l’Europe », réagit un professionnel du secteur auprès de Médias24. Il explique que le Maroc « n’a pas eu suffisamment de visibilité ». Selon la même source : « Toutes les problématiques dont souffrait le secteur de l’habillement au Maroc avant la crise sanitaire ont été exacerbées », notamment l’absence de dispositifs qui améliorent l’offre de l’entreprise, comme l’assistance technique, la formation, la recherche et le développement (R&D).
Les professionnels pointent du doigt le problème endémique et déloyal des produits contrefaits. Cités dans le même média, ces derniers rapportent « la contrebande, les importations déloyales, les produits subventionnés de certains pays comme la Turquie qui ont envahi le marché et fragilisé le secteur ».
Pour y remédier, il est important de redéfinir et de redéployer les chaînes de valeurs des marchés régionaux et mondiaux. « C’est rattrapable, explique Kamel, un professionnel de la filière. Mais, cela ne pourra se faire sans avoir déterminé une stratégie claire qui permette de se positionner aussi sur le plan régional. Il ne faut pas rater l’opportunité de réadapter l’offre à la demande, de diversifier les partenariats et de les faire fructifier. Pour cela, nous avons besoin d’un plan viable, qui serait moins vulnérable aux aléas de la vie économique et/ou sanitaire ».