TOULOUSE: Comme tous les 21 septembre, Toulouse commémorera mardi l'explosion de l'usine AZF qui a fait 31 morts et des milliers de victimes il y a 20 ans, avec une particularité cette année: l'inauguration d'un "parcours mémoriel".
Et comme tous les ans, la commémoration de "la plus grave catastrophe industrielle en France depuis 1945" se fera en ordre dispersé: certaines associations de victimes et sinistrés refusant de participer à la cérémonie officielle qui a lieu sur le site de l'ancienne usine chimique.
Mardi, après l'enclenchement des sirènes dans la ville à 10H17, la lecture des noms des victimes décédées, le dépôt de gerbe et la minute de silence, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc dévoilera un parcours mémoriel composé de "neuf pupitres retraçant l'histoire de l'usine, son passé industriel de 1924 à nos jours, la catastrophe elle-même, puis l’après-catastrophe, les procès et le renouveau du site".
Ce "parcours mémoriel", à proximité d'un mémorial déjà existant, a pour objectif de "rétablir l'histoire du site" alors que "la mémoire s'efface très vite", selon Francis Grass, l'adjoint au maire en charge des politiques culturelles et mémorielles.
"L'espace a été sensiblement réaménagé pour créer un cheminement, mettant en valeur le moirage du mémorial et restituant au site toute sa solennité", souligne la mairie de Toulouse dans un communiqué.
"Sur la base de ressources documentaires, les contenus, en trois parties, ont été élaborés sous l’égide d’un comité scientifique composé d'historiens, de sociologues et d'urbanistes", poursuit-elle, soucieuse de ne pas raviver les tensions qui opposent associations de victimes et anciens salariés d'AZF.
Les premiers, qui ont toujours tenu Grande paroisse, la société exploitante d'AZF et filiale de Total, responsable de l'explosion, en veulent aux anciens salariés d'accepter de figurer aux côtés des représentants de Total lors des commémorations.
Les seconds, eux, ont toujours eu du mal à digérer la fermeture de l'usine et n'ont jamais cru à la piste accidentelle de l'explosion.
Lors du deuxième procès d'AZF en appel, en 2017, la cour d'appel de Paris infligea 15 mois d'emprisonnement avec sursis et 45.000 euros d'amende à l'ex-directeur de l'usine et 225.000 euros d'amende à la société, reconnus coupables de "fautes caractérisées" commises par "maladresse", "négligence" ou encore "manquement aux obligations de prudence".
Leurs deux pourvois en cassation ont été rejetés le 17 décembre 2019, soit dix-huit ans après la catastrophe.