Adnan Abou Walid al-Sahraoui, un des plus intraitables chefs djihadistes au Sahel

« Le terroriste Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, chef du groupe terroriste de l'EIGS, a succombé a des blessures provoquées par une frappe de la force Barkhane en août 2021, » indique la ministre des Armées Florence Parly (Photo, AFP)
« Le terroriste Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, chef du groupe terroriste de l'EIGS, a succombé a des blessures provoquées par une frappe de la force Barkhane en août 2021, » indique la ministre des Armées Florence Parly (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 16 septembre 2021

Adnan Abou Walid al-Sahraoui, un des plus intraitables chefs djihadistes au Sahel

« Le terroriste Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, chef du groupe terroriste de l'EIGS, a succombé a des blessures provoquées par une frappe de la force Barkhane en août 2021, » indique la ministre des Armées Florence Parly (Photo, AFP)
  • Adnan Abou Walid al-Sahraoui, dont Paris a annoncé la mort, était considéré comme le plus impitoyable chef djihadiste de la zone
  • Les spécialistes et les sources de sécurité prêtent à la fois à Adnan Abou Walid al-Sahraoui un exercice très personnalisé du commandement et une apparente indifférence aux morts de civils

BAMAKO: Depuis plus d'un an et demi, il était la cible « prioritaire » de la France et de ses alliés au Sahel. Adnan Abou Walid al-Sahraoui, dont Paris a annoncé la mort, était considéré comme le plus impitoyable chef djihadiste de la zone. 

Des informations sur la mort du chef du groupe « Etat islamique dans le Grand Sahara » (EIGS), entre Ménaka, dans le nord-est du Mali, et l'autre côté de la frontière avec le Niger, son principal champ d'action, circulaient depuis le mois d'août. 

C'est dans la nuit de mercredi à jeudi que Paris a annoncé qu'il avait été « neutralisé par les forces françaises », une opération menée à la mi-août, selon la ministre des Armées Florence Parly. 

Cet homme d'une quarantaine d'années, à la barbe et au turban noirs selon les rares photos connues de lui, était né au Sahara occidental et fut membre du Front Polisario qui réclame l'indépendance de cette région. 

Après avoir passé une partie de sa jeunesse en Algérie, où il aurait rejoint des groupes islamistes armés, selon plusieurs experts, il participe à la création en 2011 dans le nord du Mali du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). 

Le Mujao se fait notamment par connaître avec l'enlèvement en octobre 2011 de deux coopérants espagnols et d'une Italienne dans un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf, dans le sud-ouest de l'Algérie. 

A l'époque, Adnan Abou Walid al-Sahraoui lui-même revendique le versement d'une « rançon considérable » de 15 millions d'euros au Mujao, pour leur libération en juillet 2012. 

Le Mujao fait partie de la coalition djihadiste liée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui prend en mars-avril 2012 le contrôle du nord du Mali. Il en est alors le porte-parole, basé à Gao, principale ville de la région, où il a laissé le souvenir d'un partisan inflexible de l'application de la charia, en particulier des châtiments corporels. 

« Si à Gao plus qu'ailleurs on a coupé les mains des personnes accusées de vol, c'est à cause des instructions d'Abou Walid », affirme un élu de la ville, qui a requis l'anonymat. 

Tensions intercommunautaires 

Après le lancement en 2013 de l'opération française Serval qui chasse les djihadistes des villes et localités du nord du Mali, le Mujao défait fusionne avec le groupe de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, pour créer le groupe Al-Mourabitoune. 

Mais en 2015, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, réputé acquis à une vision plus transnationale et mondialisée du jihad que la plupart de ses homologues sahéliens, fait dissidence du groupe de Belmokhtar, toujours affilié à Al-Qaïda, pour prêter allégeance au groupe Etat islamique (EI). 

En 2017, alors que les groupes se réclamant d'Aqmi fusionnent au sein du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, selon l'acronyme arabe) dirigé par le chef touareg malien Iyad Ag Ghaly, il frappe un grand coup en octobre avec l'embuscade de Tongo Tongo au Niger, dans laquelle périssent quatre soldats américains et quatre militaires nigériens. 

Le groupe monte en puissance dans cette zone dite des « trois frontières », aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. De nombreuses attaques meurtrières contre les communautés touareg sont imputées à l'EIGS, qui recrute largement parmi les Peuls et est accusé de s'impliquer délibérément dans les tensions interethniques. 

Les spécialistes et les sources de sécurité prêtent à la fois à Adnan Abou Walid al-Sahraoui un exercice très personnalisé du commandement et une apparente indifférence aux morts de civils. 

Une source de sécurité malienne le décrit ainsi comme le « maître absolu » de l'EIGS qui « n'hésitait pas à mener lui-même les attaques contre les troupes étrangères et nigériennes à la frontière avec le Mali ». 

Entre fin 2019 et janvier 2020, une série d'attaques attribuées pour l'essentiel à son groupe contre des camps militaires nigériens, maliens et burkinabè dans la zone des « trois frontières », font des centaines de morts.  

Cette escalade amène la France et les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) à désigner en janvier 2020 l'EIGS comme leur « ennemi prioritaire », sur lequel se concentrent leurs efforts. 

Malgré les pertes qu'il subit, le groupe persiste dans sa volonté d'imposer une vision intransigeante de la charia, accusant parfois ses rivaux de tiédeur dans son application. 

Ainsi en mai, lors du marché hebdomadaire de Tin Hama, près d'Ansongo (nord), des membres de l'EIGS ont publiquement amputé d'une main et d'un pied trois « coupeurs de route » présumés. 


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.


1983 – L'attaque contre les Marines américains à Beyrouth

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  • Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines
  • Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang

BEYROUTH: Le 23 octobre 1983, aux alentours de 6h25, une violente déflagration secoue Beyrouth et sa banlieue, jusque dans les hauteurs montagneuses. Le souffle, sourd et diffus, fait d’abord penser à un tremblement de terre.

Mais sept minutes plus tard, une seconde explosion, bien plus puissante, déchire la ville et ses environs, dissipant toute confusion: Beyrouth venait de vivre l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire.

Je travaillais alors pour le journal libanais As-Safir en tant que correspondant de guerre. Beyrouth était assiégée, dans sa banlieue sud, dans les montagnes et dans la région du Kharoub, par des affrontements entre le Parti socialiste progressiste et ses alliés d'une part, et les Forces libanaises d'autre part, dans ce que l'on appelait la «guerre des montagnes».

Le sud du pays a également été le théâtre de la résistance armée des combattants libanais contre l'occupation israélienne. Ces combattants étaient liés à des partis de gauche et, auparavant, à des factions palestiniennes.

Des forces multinationales, notamment américaines, françaises et italiennes, avaient été stationnées à Beyrouth après le retrait des dirigeants et des forces de l'Organisation de libération de la Palestine, à la suite de l'agression israélienne contre le Liban et de l'occupation de Beyrouth en 1982.

Quelques minutes après les explosions, la réalité s’impose avec brutalité: le quartier général des Marines américains, situé sur la route de l’aéroport de Beyrouth, ainsi que la base du contingent français dans le quartier de Jnah, ont été ciblés par deux attaques-suicides coordonnées.

Les assaillants, non identifiés, ont lancé des camions piégés – chargés de plusieurs tonnes d’explosifs – contre les deux sites pourtant fortement sécurisés, provoquant un carnage sans précédent.

Comment nous l'avons écrit

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Au lendemain des attentats, Arab News faisait état de 120 morts parmi les Marines et de 20 morts parmi les Français, un chiffre nettement inférieur au décompte final.

L'attaque de la base américaine a tué 241 militaires américains – 220 Marines, 18 marins et trois soldats – et en a blessé des dizaines. Le bombardement du site militaire français a tué 58 parachutistes français et plus de 25 Libanais.

Ces attentats étaient les deuxièmes du genre à Beyrouth; un kamikaze avait pris pour cible l'ambassade des États-Unis à Aïn el-Mreisseh six mois plus tôt, le 18 avril, tuant 63 personnes, dont 17 Américains et 35 Libanais.

Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines. Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang, des morceaux de corps et de la confusion. Voici ce que nous, journalistes, avons pu voir au milieu du chaos qui régnait immédiatement après la catastrophe, et ce qui reste gravé dans ma mémoire plus de 40 ans plus tard.

La nuit précédente, un samedi, les Marines avaient fait la fête, divertis par un groupe de musique qui avait fait le voyage depuis les États-Unis pour se produire devant eux. La plupart dormaient encore lorsque la bombe a explosé.

Aucun groupe n'a revendiqué les attentats ce jour-là, mais quelques jours plus tard, As-Safir a publié une déclaration qu'il avait reçue et dans laquelle le «Mouvement de la révolution islamique» déclare en être responsable.

Environ 48 heures après l’attentat, les autorités américaines pointent du doigt le mouvement Amal, ainsi qu’une faction dissidente dirigée par Hussein al-Moussawi, connue sous le nom d’Amal islamique, comme étant à l’origine de l’attaque.

Selon la presse locale de l’époque, la planification de l’attentat aurait eu lieu à Baalbeck, dans la région de la Békaa, tandis que le camion utilisé aurait été aperçu garé devant l’un des bureaux du mouvement Amal.

Le vice-président américain, George H.W. Bush, s'est rendu au Liban le lendemain de l'attentat et a déclaré: «Nous ne permettrons pas au terrorisme de dicter ou de modifier notre politique étrangère.»

La Syrie, l'Iran et le mouvement Amal ont nié toute implication dans les deux attentats.

En riposte à l’attaque visant leurs soldats, les autorités françaises ont lancé une opération militaire d’envergure: huit avions de chasse ont bombardé la caserne Cheikh Abdallah à Baalbeck, que Paris considérait comme un bastion de présences iraniennes.

À l’époque, les autorités françaises ont affirmé que les frappes avaient fait environ 200 morts.

Un responsable de l'Amal islamique a nié que l'Iran disposait d'un complexe dans la région de Baalbeck. Toutefois, il a reconnu le lien idéologique fort unissant son groupe à Téhéran, déclarant: «L’association de notre mouvement avec la révolution islamique en Iran est celle d’un peuple avec son guide. Et nous nous défendons.»

Le 23 novembre, le cabinet libanais a décidé de rompre les relations avec l'Iran et la Libye. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Elie Salem, a déclaré que la décision «a été prise après que l'Iran et la Libye ont admis qu'ils avaient des forces dans la Békaa».

Un rapport d'As-Safir cite une source diplomatique: «Les relations avec l'Iran se sont détériorées en raison des interventions, pratiques et activités illégales qu'il a menées sur la scène libanaise, malgré de nombreux avertissements.»

Les attentats du 23 octobre étaient jusqu'alors le signe le plus évident de l'évolution de l'équilibre des forces régionales et internationales au Liban et de l'émergence d'un rôle iranien de plus en plus important dans la guerre civile.

Le chercheur Walid Noueihed m'a expliqué qu'avant 1982, Beyrouth avait accueilli toutes les formes d'opposition, y compris l'élite éduquée, appelée «opposition de velours», et l'opposition armée, dont les membres étaient formés dans des camps ou des centres d'entraînement palestiniens dans la vallée de la Békaa et au Liban-Sud.

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Vue aérienne de l'ambassade américaine à Beyrouth après l'explosion qui a fait 63 morts, dont 46 Libanais et 17 Américains. (AFP)

Il a indiqué que l'opposition iranienne au chah était présente parmi ces groupes et a décrit Beyrouth comme une oasis pour les mouvements d'opposition jusqu'en 1982. Toutefois, cette dynamique a changé lorsqu'Israël a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, ce qui a entraîné le départ de l'OLP en vertu d'un accord international qui exigeait en échange qu'Israël s'abstienne de pénétrer dans Beyrouth.

Si les factions palestiniennes ont quitté le Liban, ce n'est pas le cas des combattants libanais associés à l'OLP, pour la plupart des chiites qui constituaient la base des partis de gauche libanais.

Les attaques contre les bases militaires américaines et françaises ont entraîné le retrait des forces internationales du Liban, explique M. Noueihed, laissant une fois de plus Beyrouth sans protection. Les opérations de résistance se sont multipliées, influencées par des idéologies distinctes de celles de la gauche traditionnelle, des groupes comme l'Amal islamique affichant ouvertement des slogans prônant la confrontation avec Israël.

En 1985, le Hezbollah est officiellement créé en tant qu'«organisation djihadiste menant une révolution pour une république islamique». Il s'est attiré le soutien des partis de gauche libanais et palestiniens, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon M. Noueihed, l'émergence du Hezbollah a coïncidé avec le déclin des symboles existants de la résistance nationale, ce qui semble indiquer une intention d'exclure toutes les autres forces du pays du mouvement de résistance, laissant le Hezbollah comme parti dominant.

L'influence iranienne au Liban est devenue évidente lors des violents affrontements entre le Hezbollah et Amal, qui ont fait des dizaines de victimes et se sont terminés par la consolidation du contrôle du Hezbollah au milieu de la présence des forces militaires syriennes.

Beyrouth se vide peu à peu de son élite intellectuelle, a souligné M. Noueihed. Des centaines d’écrivains, d’intellectuels, de chercheurs et de professionnels des médias ont fui vers l’Europe, redoutant pour leur sécurité, laissant derrière eux une ville désertée par ceux qui faisaient autrefois vibrer sa vie culturelle et académique.

Najia Houssari est rédactrice pour Arab News, basée à Beyrouth. Elle était correspondante de guerre pour le journal libanais As-Safir au moment du bombardement de la caserne des Marines américains.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le ministre irakien des Affaires étrangères en visite officielle aux États-Unis

 Le ministre irakien des affaires étrangères, Fuad Hussein. (File/AFP)
Le ministre irakien des affaires étrangères, Fuad Hussein. (File/AFP)
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  • La visite s'inscrit dans le cadre de l'engagement diplomatique continu entre les deux pays dans un contexte d'évolution de la dynamique régionale
  • "Nous discuterons des moyens de renforcer la sécurité commune et la coopération dans divers domaines", a déclaré le ministre des affaires étrangères.

DUBAI : Le ministre irakien des Affaires étrangères, Fuad Hussein, s'est envolé jeudi pour les Etats-Unis afin de participer à une série de réunions bilatérales visant à renforcer les liens entre Bagdad et Washington.

Dans une déclaration partagée sur la plateforme X et rapportée par l'Agence de presse irakienne, M. Hussein a déclaré que la visite se concentrera sur le renforcement des relations irako-américaines et la coordination des efforts sur les questions régionales et internationales clés.

"Nous discuterons des moyens de renforcer la sécurité commune et la coopération dans divers domaines", a déclaré le ministre des affaires étrangères.

Cette visite s'inscrit dans le cadre d'un engagement diplomatique continu entre les deux pays, dans un contexte d'évolution de la dynamique régionale.