STRASBOURG: Le Parlement européen a approuvé mercredi un texte assouplissant les conditions de délivrance de la carte bleue européenne, permis de travail pour les migrants hautement qualifiés, qui sont actuellement davantage attirés par les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie.
Les eurodéputés ont voté à 556 voix (105 contre et 31 abstentions) pour un compromis trouvé à l'issue de plusieurs années de négociations entre institutions sur la réforme de la directive adoptée en 2009 établissant ce système inspiré de la "green card" américaine.
Les demandeurs devront présenter un contrat de travail ou une offre d'emploi ferme d'au moins six mois, contre les 12 mois minimum actuellement requis.
Le seuil salarial requis pour les demandeurs a été réduit: il sera d'au moins 100% du salaire annuel brut moyen dans l'Etat membre d'emploi, contre au moins 150% jusque-là.
En outre, les détenteurs d'une carte bleue pourront se déplacer plus facilement d'un Etat membre à l'autre, après une période de 12 mois dans le premier Etat membre. La situation des membres de leur famille qui les accompagnent sera améliorée grâce à des procédures de rapprochement familial et d'accès au marché du travail accélérées.
"Avec cet accord, il sera plus facile pour les gens d'obtenir une carte bleue", s'est félicitée la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson devant les eurodéputés lors du débat mardi.
"A l'heure actuelle les migrants hautement qualifiés préfèrent l'Amérique du Nord, l'Australie et la Nouvelle-Zélande à l'Europe. Avec cet accord, nous pouvons rattraper notre retard dans la course", a-t-elle estimé.
Elle a souligné que l'accord s'adressait aussi aux réfugiés, citant parmi ceux qui fuient l'Afghanistan les "juges, avocats, journalistes, interprètes".
Elle a toutefois indiqué que l'Europe n'avait pas seulement besoin d'ingénieurs ou de programmeurs, mais aussi d'infirmiers, de cuisiniers, de plombiers, de chauffeurs routiers ou d'électriciens notamment.
La carte bleue européenne est un permis de travail et de séjour, qui ouvre la voie à un séjour permanent dans l'UE. Le Danemark et l'Irlande n'y participent pas. Et les 25 autres pays de l'UE peuvent aussi avoir des dispositifs nationaux parallèles.
En 2019, dernière année pour laquelle des données complètes sont disponibles, 36 800 cartes bleues européennes ont été délivrées, contre 17 100 en 2015.
L'Allemagne est le premier pays émetteur de cartes bleues européennes (78,4% du total dans l'UE), bien devant la Pologne (5,7%) et la France (5,5%).
Les Indiens sont les principaux bénéficiaires du dispositif: en 2019, 9 400 cartes bleues européennes ont été accordées à des ressortissants de ce pays, suivis par les Russes (2 600).