Chez les talibans, on peut faire «tous les sports»... si on est un homme

Au centre, le nouveau chef des sports des talibans, Bashir Ahmad Rustamzai (Photo, AFP).
Au centre, le nouveau chef des sports des talibans, Bashir Ahmad Rustamzai (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 15 septembre 2021

Chez les talibans, on peut faire «tous les sports»... si on est un homme

  • Pour les femmes, le problème se pose entre autres pour les matches internationaux, en public et médiatisés
  • Les talibans sont déjà sous pression en cricket, où chaque pays doit avoir une équipe masculine et une équipe féminine pour pouvoir disputer des marches internationaux

KABOUL: Football, natation, athlétisme, équitation... A Kaboul, le nouveau chef des sports des talibans l'assure: les Afghans pourront faire jusqu'à "400 sports". Mais il ne peut pas encore dire si les femmes pourront en pratiquer un seul en public.

"S'il vous plaît, ne me posez plus de questions sur les femmes..." Assis dans le large fauteuil de l'ancien président du comité olympique afghan, qui a fui comme le reste de l'ancien gouvernement, le débonnaire Bashir Ahmad Rustamzai commence à s'agacer.

Carrure massive, visage rond et avenant, turban noir et longue et épaisse barbe poivre et sel, le frais nommé directeur des sports et de l'éducation physique afghan est un ancien champion de lutte et de kung-fu. Président de la fédération de kung-fu sous le premier régime taliban, il a ensuite travaillé avec le gouvernement pro occidental, avec qui il a fini par se brouiller à cause, dit-il, de sa "corruption généralisée".

Il doit beaucoup aux talibans, à commencer par sa liberté: emprisonné par le gouvernement parce qu'il s'était rapproché des rebelles, ils l'ont libéré le 15 août dernier, après sept ans de détention, en même temps qu'ils prenaient Kaboul et le pouvoir.

A l'AFP, il assure d'emblée que les talibans ont évolué par rapport aux années 90, lorsqu'ils se servaient surtout des stades pour exécuter leurs opposants. Et promet qu'ils vont développer le sport "partout dans le pays", et non plus le contrôler strictement chez les hommes et l'interdire chez les femmes, comme le craignent notamment les Occidentaux.

"Tout cela, c'est de la propagande ! Nous n'interdirons aucun sport", clame-t-il. Les Afghans, poursuit-il, n'ont aucun souci à se faire et pourront continuer à pratiquer leurs sports favoris, football, cricket et arts martiaux en tête. Et bien d'autres, car "plus de 400 sports sont permis par les lois de l'islam".

Les talibans n'ont qu'une exigence: que chaque sport soit "pratiqué conformément à la loi islamique". Cela pose peu de problèmes chez les hommes, explique-t-il: pour se conformer à la charia, ils doivent juste se couvrir les genoux. Il leur suffit donc de mettre "des shorts un peu plus longs". Cela marche "pour tous les sports", y compris le football, dit-il.

« Vues comme ça »

Mais qu'en sera-t-il pour les femmes? Sur ce terrain sensible, où les talibans sont attendus au tournant par l'Occident, le mollah Rustamzai marche sur des oeufs. Il tient encore à rassurer: là aussi, "il y a eu des changements" chez les talibans.

Mais certaines déclarations sèment sérieusement le doute. Il y a une semaine, un responsable taliban, Ahmadullah Wasiq, a indiqué au média australien SBS que le régime ne devrait pas autoriser les femmes à jouer au cricket si elles devaient être exposées au regard du public.

"Elles pourraient être confrontées à une situation où leur visage et leur corps ne seront pas couverts. L'islam ne permet pas aux femmes d’être vues comme ça", a-t-il affirmé.

Un compromis pourrait être de suivre l'exemple des universités, où les talibans autorisent désormais les femmes à étudier sous certains conditions, comme porter le voile et être séparées des hommes. "On peut imaginer la même chose: autoriser les femmes à faire du sport, mais séparément des hommes", glisse un conseiller du mollah Rustamzai.

A écouter les talibans, il ne s'agit pas d'interdire le sport aux femmes, mais d'empêcher qu'elles ne le pratiquent trop légèrement vêtues, avec des hommes et en public. De quoi les priver de nombreux sports en société, quand il suffit aux hommes de se couvrir les genoux.

Le problème se pose entre autres pour les matches internationaux, en public et médiatisés.  

Les talibans sont déjà sous pression en cricket, où chaque pays doit avoir une équipe masculine et une équipe féminine pour pouvoir disputer des marches internationaux.

Après les propos d'Ahmadullah Wasiq, l'Australie a menacé d'annuler le premier match masculin historique entre les deux pays, prévu à Hobart en novembre.

A la radio SBS, le président de la fédération afghane, Azizullah Fazli, a ensuite laissé entendre que les talibans pourraient autoriser les femmes à jouer au cricket sous certaines conditions. "Très bientôt, nous vous donnerons de bonnes nouvelles", a-t-il ajouté.

Lassé du sujet, le mollah Rustamzai renvoie lui vers le commandement taliban: "S'ils nous demandent d'autoriser les femmes, nous le ferons, sinon nous ne le ferons pas".


Extrême droite, climat, Ukraine... les grands enjeux des élections européennes

Le drapeau européen flottant devant le Parlement européen, à Strasbourg (Photo, AFP).
Le drapeau européen flottant devant le Parlement européen, à Strasbourg (Photo, AFP).
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  • L'invasion russe de l'Ukraine pousse les Européens à renforcer leur industrie de défense et leur sécurité
  • Le scrutin se décline en 27 élections distinctes, avec autant d'enjeux nationaux

BRUXELLES: Quelque 370 millions d'électeurs sont appelés aux urnes du 6 au 9 juin dans les 27 pays de l'UE pour élire 720 députés au Parlement européen: voici les principaux enjeux de ce scrutin hors normes.

Jusqu'où montera l'extrême droite?

Les sondages prédisent une montée en puissance des droites radicales et nationalistes, après leur essor dans plusieurs scrutins nationaux. La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni est elle-même tête de liste de son parti post-fasciste Fratelli d'Italia.

Ces droites sont divisées en deux groupes au Parlement: ECR ("Conservateurs et réformistes") compte Fratelli d'Italia, le parti Droit et Justice (PiS) polonais, Vox (Espagne) et Reconquête (France), tandis qu'ID ("Identité et démocratie") réunit le Rassemblement national français, la Ligue italienne et le PVV néerlandais de Geert Wilders - l'AfD allemand en a été récemment écarté.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, candidate à un second mandat et issue du Parti populaire européen (PPE, droite, première formation au Parlement), a exclu de coopérer avec les partis d'ID, accusés d'être des alliés du président russe Vladimir Poutine.

Mais elle affirme être prête à travailler avec ECR et Giorgia Meloni - au grand dam des Socialistes et démocrates (S&D) et de Renew Europe (centristes et libéraux), principaux alliés du PPE dans la "grande coalition" où se forgent les compromis et qui permet d'adopter la plupart des textes.

Reste à savoir quel groupe intègrera le Fidesz du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui lorgne sur l'ECR.

Les partis des droites radicales pourraient, en nombre cumulé d'eurodéputés, dépasser le PPE, mais l'hypothèse récurrente d'une fusion ECR-ID reste compliquée en raison de leurs importantes divergences - notamment sur la Russie, l'Europe et l'économie.

Quels dirigeants incarneront l'UE?

Les équilibres politiques issus des élections détermineront l'attribution des "top jobs": chefs des institutions de l'UE (Commission, Conseil, Parlement), haut représentant de la diplomatie...

Les dirigeants des Vingt-Sept veulent trancher cette distribution lors d'un sommet les 27-28 juin.

La plupart des grands groupes ont désigné leur candidat à la présidence de la Commission: le PPE étant attendu en tête, sa candidate Ursula von der Leyen est favorite pour sa reconduction.

Mais celle-ci devra être confirmée par les chefs d'Etat et de gouvernement, puis par un vote des eurodéputés - peut-être dès juillet.

Contestée au sein du PPE et critiquée par la gauche et les libéraux pour avoir approché Giorgia Meloni, sa reconduction n'est cependant pas acquise. L'ex-chef du gouvernement italien Mario Draghi fait partie des alternatives évoquées.

Quel avenir du Pacte vert?

Fin des voitures thermiques neuves en 2035, déforestation importée, taxe carbone aux frontières... après des avancées majeures sur certains volets d'ores et déjà adoptés, le "Pacte vert", gigantesque paquet de législations environnementales, polarise désormais les contestations.

Impact socio-économique, "fardeau" pour les entreprises et ménages, colère agricole, appels à une "pause" réglementaire: à l'unisson de l'extrême droite, le PPE réclame de ne pas renforcer les mesures vertes contraignantes, pour mieux doper l'industrie et la compétitivité.

Un Parlement où l'extrême droite pèserait davantage serait susceptible d'enrayer les législations climatiques pour l'après-2030, voire de compliquer l'application de textes déjà adoptés, dont certains comprennent des clauses de révision (fin des moteurs thermiques...)

Signe d'un net reflux des préoccupations environnementales, les Verts pourraient perdre 40% de leurs eurodéputés, selon les sondages.

Quel message pour l'Ukraine?

L'invasion russe de l'Ukraine pousse les Européens à renforcer leur industrie de défense et leur sécurité, mais ils peinent à dégager les fonds nécessaires.

Bruxelles a proposé une nouvelle stratégie dotée de 1,5 milliard d'euros pour aider les industriels du secteur à mieux travailler ensemble, qu'il reste à négocier.

Faute d'accord en vue d'un nouvel emprunt européen, sur le modèle du fonds de relance post-Covid, le dossier animera les discussions du nouveau Parlement consacrées au budget pluriannuel de l'UE.

Les eurodéputés -dépourvus de compétence sur la politique étrangère- n'influenceront guère les débats sur l'envoi éventuel de troupes en Ukraine, mais pourraient peser sur les futures négociations avec Kiev pour son adhésion à l'UE.

Derrière l'UE, des enjeux nationaux

Le scrutin se décline en 27 élections distinctes, avec autant d'enjeux nationaux.

En France, l'attention se focalisera sur le score du parti présidentiel d'Emmanuel Macron, qui met en scène son "duel" avec le Rassemblement national et est talonné par la liste socialiste de Raphaël Glucksmann - de quoi aiguiser les spéculations sur une recomposition du paysage politique national.

En Allemagne, les partis de la coalition au pouvoir - Verts, libéraux, socialistes - pourraient pâtir de la défiance envers le gouvernement.

En Slovaquie, l'attentat contre le Premier ministre pro-Russie Robert Fico a bouleversé la campagne et pourrait doper le soutien en faveur de sa coalition populiste.

En Pologne, où le gouvernement pro-UE de Donald Tusk est arrivé au pouvoir fin 2023, la campagne est restée marquée par la colère des agriculteurs, soutenus par le parti d'opposition PiS.


Pyongyang a envoyé quelque 600 nouveaux ballons chargés de déchets

Objets non identifiés qui seraient des déchets nord-coréens provenant de ballons ayant traversé la frontière intercoréenne (Photo, AFP).
Objets non identifiés qui seraient des déchets nord-coréens provenant de ballons ayant traversé la frontière intercoréenne (Photo, AFP).
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  • Les ballons ont atterri dans les provinces du nord de la Corée du Sud, y compris la capitale Séoul et la région adjacente de Gyeonggi
  • Séoul a condamné mercredi cette action qualifiée de «bas étage»

SÉOUL: Depuis le début de la campagne mardi, quelque 900 ballons ont été lancés, selon l'état-major interarmées sud-coréen qui avait fait état au début de quelque 260 ballons remplis de déchets, notamment piles usagées, mégots de cigarettes et excréments d'animaux.

"La Corée du Nord a recommencé à lancer des ballons remplis de déchets en direction de la Corée du Sud", depuis samedi soir 20H00 (11H00 GMT) a déclaré l'état-major interarmées dans un communiqué.

"Environ 600 ballons ont été identifiés, avec 20 à 50 ballons par heure se déplaçant dans les airs" dimanche vers 10H00 locales, précise-t-il.

Les ballons ont atterri dans les provinces du nord de la Corée du Sud, y compris la capitale Séoul et la région adjacente de Gyeonggi, qui abritent ensemble près de la moitié de la population du Sud.

«bas étage»

Séoul a condamné mercredi cette action qualifiée de "bas étage", et le ministère sud-coréen de l'Unification a averti vendredi de contre-mesures si Pyongyang ne cessait pas ces provocations "irrationnelles".

Cette fois, les ballons contiennent "des déchets tels que des mégots de cigarettes, des bouts de papier, des morceaux de tissu et du plastique", a indiqué l'état-major dimanche, relevant qu'"aucune substance dangereuse n'a été trouvée".

"Nos militaires effectuent des opérations de surveillance et de reconnaissance des sites de lancement des ballons, les suivent par reconnaissance aérienne et ramassent les débris tombés, en accordant la priorité à la sécurité publique", a-t-il ajouté.

L'état-major a demandé au public d'éviter "tout contact" avec ces déchets.

La municipalité de Séoul avait envoyé un message d'alerte aux habitants samedi après la détection de nouveaux ballons, sur la présence d'un "objet non identifié présumé être des tracts de propagande nord-coréens".

Pyongyang a affirmé en début de semaine que ses ballons, des "cadeaux sincères", visaient à riposter à l'envoi sur son territoire de ballons chargés de tracts de propagande contre le dirigeant Kim Jong Un.

La Corée du Nord est depuis longtemps exaspérée par ces actions menées par de militants sud-coréens, qui envoient parfois également de l'argent, du riz ou des clés USB de fictions télévisées sud-coréennes.


Condamné, Trump lève plus de 50 millions de dollars en 24 heures

L'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir été reconnu coupable dans l'affaire des pots-de-vin à la Trump Tower à New York, le 31 mai 2024. (Photo par Angela Weiss AFP).
L'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir été reconnu coupable dans l'affaire des pots-de-vin à la Trump Tower à New York, le 31 mai 2024. (Photo par Angela Weiss AFP).
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  • «C'est plus de 2 millions de dollars par heure», s'est félicité son équipe de campagne dans un communiqué
  • «Joe l'escroc et les démocrates, avec leur chasse aux sorcières, ont réveillé le mouvement MAGA («Make America Great Again», slogan de Donald Trump ) comme jamais auparavant», ont encore salué les conseillers de campagne

WASHINGTON : L'équipe de campagne de Donald Trump a annoncé vendredi avoir récolté plus de 50 millions de dollars de donations en ligne en 24 heures, depuis sa condamnation au pénal, soulignant que le verdict avait galvanisé son soutien «comme jamais auparavant».

«C'est plus de 2 millions de dollars par heure», s'est félicité son équipe de campagne dans un communiqué.

«Quelques minutes après l'annonce du verdict, notre système de levée de fonds numérique était dépassé par le soutien, et, malgré des retards temporaires liés à la fréquentation en ligne, le président Trump a levé 34,8 millions de dollars via des petites sommes», avait déclaré Chris LaCivita et Susie Wiles, conseillers de campagne, dans un communiqué vendredi matin.

Vendredi soir, le chiffre a grimpé à 52,8 millions de dollars, une somme faramineuse.

Rien que le chiffre du matin représente presque le double de la meilleure journée de collecte de fonds pour la campagne sur WinRed, plateforme officielle de dons du parti républicain.

Et 30% de ces dons ont été effectués par de nouveaux donateurs.

«Joe l'escroc et les démocrates, avec leur chasse aux sorcières, ont réveillé le mouvement MAGA («Make America Great Again», slogan de Donald Trump, NDLR) comme jamais auparavant», ont encore salué les conseillers de campagne.

Donald Trump a été reconnu coupable jeudi à New York de l'ensemble des chefs d'accusation qui pesaient contre lui dans un procès pénal, le premier d'un ex-président américain, pour avoir falsifié des documents afin de cacher des paiements destinés à acheter le silence d'une ancienne star de films X.

Le juge Juan Merchan a fixé le prononcé de la peine au 11 juillet.

Donald Trump a l'habitude de tourner les scandales à son avantage. Quelques instants après l'annonce de sa culpabilité, le site internet de sa campagne avait commencé à rediriger les visiteurs vers une page de collecte de fonds déclarant qu'il était un «prisonnier politique».

La page est restée bloquée pendant près d'une heure en raison d'une importante fréquentation.

Vendredi, Donald Trump a fustigé un procès «très injuste» et truqué, et annoncé qu'il ferait «appel de cette arnaque».

Le candidat républicain qualifie régulièrement ses déboires judiciaires de bataille contre les forces du mal que sont l'«Etat profond» -- une entité nébuleuse qui selon les adeptes de théories du complot agit dans les coulisses du gouvernement -- et l'administration Biden.

Le républicain aime se dépeindre en martyr de la cause, prêt à sacrifier sa liberté pour le bien de ses partisans.

En avril, il avait fait le lien entre sa situation et celle de Nelson Mandela, le militant sud-africain anti-apartheid qui resta emprisonné 27 ans.