La reine Soraya d’Afghanistan : une femme à l’avant-garde

La reine Soraya a usé de son influence en tant que membre de la famille royale pour tenter d’instaurer l’égalité entre hommes et femmes ainsi qu’un accès paritaire à l’éducation. (Getty images/Arab News).
La reine Soraya a usé de son influence en tant que membre de la famille royale pour tenter d’instaurer l’égalité entre hommes et femmes ainsi qu’un accès paritaire à l’éducation. (Getty images/Arab News).
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Publié le Vendredi 11 septembre 2020

La reine Soraya d’Afghanistan : une femme à l’avant-garde

  • Soraya a été la première femme et reine afghane à encourager ses semblables, à les éduquer et à essayer de leur donner des droits
  • La vision de la reine Soraya est toujours présente chez de nombreuses jeunes femmes influentes et restera ancrée chez les générations à venir, si nous continuons à éduquer notre société

LONDRES/KABOUL : Née et morte en exil, Soraya Tarzi a offert aux femmes de son pays, pendant ses dix ans de règne en tant que reine de l’Afghanistan, une fascinante lueur d’espoir, celle d’un avenir émancipé qui, un siècle plus tard, laisse à désirer.

Si elle est peu connue en Occident, où elle a été accueillie par une foule nombreuse lors d’une tournée des capitales européennes en 1927-1928 acclamée, avec son mari, le roi Amanullah Khan, la reine Soraya a pourtant été honorée en début d’année par le magazine Time, dans une série rendant hommage aux pionnières oubliées de l’histoire du monde.

Pendant soixante-douze ans, le Time a désigné l’« homme de l’année », un titre qui a été rebaptisé « personne de l’année » en 1999. Toutefois, pour reconnaître les femmes qu’il avait omises dans le passé, le Time a publié en mars 89 de nouvelles couvertures en ligne mettant en avant des « femmes influentes souvent éclipsées ». Le choix pour l’année 1927 s’est porté sur la reine progressiste d’Afghanistan, qui a été contrainte à l’exil en 1929.

« Soraya a été la première femme et reine afghane à encourager ses semblables, à les éduquer et à essayer de leur donner des droits », a déclaré Shinkai Karokhail, militante pour les droits des femmes, députée et ancienne ambassadrice d’Afghanistan au Canada.

« La reine a entrepris une grande révolution et a réussi à la mettre en œuvre par l’intermédiaire du roi. Elle est apparue en public et a multiplié les voyages pour informer les femmes sur leurs droits et sur l’importance de l’éducation. »

« À cette époque, elle était unique. Une femme solide et exceptionnelle. »

CHRONOLOGIE La reine Soraya

- 24 novembre 1899 : Fille de l’intellectuel afghan exilé Mahmud Tarzi, Soraya Tarzi voit le jour en Syrie.

- Octobre 1901 : Le nouveau roi, Habibullah Khan, invite la famille Tarzi à rentrer en Afghanistan.

- 30 août 1913 : Le fils du roi, le prince Amanullah, et Soraya Tarzi se marient.

- 20 février 1919 : Le prince Amanullah devient roi.

- 3 mai 1919 : Amanullah envahit l’Inde britannique. Cela déclenche la troisième guerre anglo-afghane au terme de laquelle l’indépendance de l’Afghanistan sera prononcée.

- Décembre 1927-juillet 1928 : Le roi Amanullah et la reine Soraya voyagent en Europe.

- 14 novembre 1928-13 octobre 1929 : Guerre civile en Afghanistan.

- 17 janvier 1929 : Le roi Amanullah abdique et s’installe à Rome avec Soraya.

- 25 avril 1960 : Amanullah meurt en Suisse, à l’âge de 67 ans.

- 20 avril 1968 : Soraya meurt à Rome, à l’âge de 68 ans.

Le 7e anniversaire de l’indépendance de l’Afghanistan, en 1926, a été marqué par un discours typiquement provocateur et inspirant, prononcé par Soraya.

L’indépendance appartient « à nous tous », a-t-elle dit. « Êtes-vous vraiment convaincus que notre nation n’a besoin que d’hommes pour la servir ? Les femmes doivent, elles aussi, assumer leur rôle comme dans les toutes premières années de notre nation et de l’islam ... Nous devons tous essayer de nous instruire autant que possible. »

En 1928, après leur tournée européenne, le roi et la reine retournent en Afghanistan, déterminés à moderniser leur pays. Mais, selon Zubair Shafiqi, journaliste et analyste politique basé à Kaboul, ils ont agi trop vite.

 

« Dès leur retour, elle a commencé, avec le roi, à introduire des changements, des réformes et des libertés. Ils avaient, tous les deux, été influencés par ce qu’ils avaient observé en Europe », explique-t-il.

« Ni l’un ni l’autre n’avait bien compris l’Afghanistan. C’était une société traditionnelle et conservatrice. Ils ont agi avec précipitation, ce qui a provoqué la colère du peuple et a finalement conduit à la révolte. »

En 1929, après une année de guerre civile, le roi Amanullah abdique et s’enfuit avec la reine en Inde britannique.

Le roi est considéré comme un grand réformateur, mais Soraya a été le vrai moteur de son programme.

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Exilée d’Afghanistan en 1881 à la suite de la montée au pouvoir d’Abdur Rahman Khan, sa famille s’était installée à Damas. C’est là que Soraya est née, le 24 novembre 1899. De son père, Mahmud Tarzi, elle a hérité la pensée progressiste.

Tarzi était un intellectuel afghan. Son idéologie libérale et nationaliste ne convenait pas à Khan, désigné roi par les Britanniques en 1880, après la défaite de son prédécesseur lors de la seconde guerre anglo-afghane.

Exilé, Tarzi a multiplié les voyages en Europe. Cette ouverture ainsi que la vie en Turquie avaient élargi ses horizons et il était déterminé à faire de même pour son pays. Sa chance s’est présentée en 1901 avec la mort de Khan et l’accession au trône de son fils aîné, Habibullah Khan. Ce dernier a invité Tarzi et d’autres intellectuels exilés à rentrer en Afghanistan.

Tarzi, devenu alors membre du gouvernement, se lance dans un ambitieux programme de modernisation. Sa fille Soraya, quant à elle, tombe amoureuse d’Amanullah Khan, le fils du roi. Le 30 août 1913, ils se marient.

Le 20 février 1919, Habibullah Khan est assassiné. Après une brève dispute familiale, le prince Amanullah revendique le trône. C’est ainsi que Soraya devient reine, et son père, le réformateur Mahmoud Tarzi, ministre des Affaires étrangères.

Les évènements se précipitent alors : le 3 mai 1919, le roi Amanullah, déterminé à poursuivre la politique nationaliste prônée par Tarzi, prend la décision audacieuse d’envahir l’Inde britannique.

La troisième guerre anglo-afghane, mieux connue en Afghanistan sous le nom de « guerre d’Indépendance », s’est achevée en août de la même année. La Grande-Bretagne, affaiblie par la Première Guerre mondiale, n’a pas les troupes et le matériel suffisants et accepte un armistice. C’est à Kaboul, le 22 novembre 1921, que Tarzi et Henry Dobbs, chef de la mission britannique, signent un traité engageant les deux nations à « respecter tous les droits d’indépendance interne et externe de l’autre ».

L’Afghanistan s’est enfin libéré des chaînes de l’impérialisme britannique. Tarzi ouvre alors des ambassades dans plusieurs capitales européennes et, avec le soutien enthousiaste du roi et de la reine, poursuit la modernisation de son pays.

Comme le rappelle l’hommage rendu par le Time en mars, « malgré l’opposition », le roi et la reine « ont fait campagne contre la polygamie et le voile, et ont mis en œuvre leurs convictions ». Les traditions de prendre plusieurs femmes et de maintenir un harem ont été bannies par le roi. Tandis que la reine, « une fervente partisane des droits des femmes et de l’éducation […] était célèbre pour enlever son voile en public ».

À Kaboul en 1921, la première école primaire pour filles, l’école Masturat, ouvre, sous le patronage de la reine Soraya, qui en 1926 est nommée ministre de l’Éducation. D’autres ouvertures d’écoles suivent, et, en 1928, 15 élèves de la Masturat Middle School, issues de familles importantes de Kaboul, vont poursuivre leurs études en Turquie.

C’était une décision pour le moins provocatrice.

En 2011, dans un essai de Jennifer Heath et Ashraf Zahedi, Land of the Unconquerable: The Lives of Contemporary Afghan Women, Shireen Khan Burki écrit : « Envoyer les jeunes filles non mariées à l’étranger a suscité l’inquiétude dans de nombreux milieux. C’était un signe de plus que l’État, dans ses efforts d’occidentalisation, était prêt à repousser les normes sociales et culturelles. »

Les politiques du roi en matière de parité hommes-femmes « étaient totalement détachées des réalités sociales de son pays extrêmement conservateur, essentiellement tribal et géographiquement éloigné ».

En décembre 1927, une goutte d’eau fait déborder le vase, lorsque le roi et la reine partent pour une luxueuse tournée de six mois dans les capitales européennes.

En Angleterre, ils sont accueillis par le prince de Galles puis conduits à Londres, à la gare Victoria, en train royal, où les attendent le roi George et la reine Mary. Les couples royaux se rendent ensuite en calèche ouverte au palais de Buckingham, acclamés par la foule dans les rues.

Ils sont chaleureusement accueillis dans d’autres capitales européennes dont Moscou, une étape particulièrement politique pour le roi et la reine car la Russie est alors considérée par les Britanniques comme un tampon contre les ambitions soviétiques dans la région.

Selon Mariam Wardak, analyste et militante pour l’intégration des femmes en Afghanistan, qui a cofondé Her Afghanistan, une organisation dédiée à la promotion des jeunes femmes afghanes, « à leur retour en Afghanistan en juillet 1928, il apparait très rapidement que la grande tournée européenne a été une terrible erreur. En quelques mois, les progrès que Soraya avait réalisés ont été balayés ».

Alors que le roi tente d’apaiser ses opposants, « les écoles laïques, y compris les écoles de filles, sont fermées. Les lois sur la famille qui interdisent la polygamie et accordent aux femmes le droit au divorce sont abrogées, et les tribunaux laïcs sont dissous et transformés en tribunaux de la charia ».

En vain. En novembre 1928, l’Afghanistan plonge dans la guerre civile, et des forces d’opposition, menées par Habibullah Kalakani, le soi-disant roi des bandits, s’organisent. En janvier 1929, Amanullah abdique et quitte le pays.

Kalakani occupe alors le pouvoir pendant à peine dix mois. Le 13 octobre 1929, il est renversé et exécuté par Nadir Shah qui s’installe comme nouveau roi, avec le soutien des Britanniques.

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Le couple royal inspecte une garde d’honneur militaire à Paris. (Images Getty)

Aujourd’hui encore, de nombreux Afghans pensent que le gouvernement britannique a joué un rôle dans le renversement d’Amanullah et que, pour saboter son règne, il a monté une campagne secrète de rumeurs contre sa femme.

« En accompagnant le roi Amanullah lors de ses voyages à l’étranger, la reine incarnait la jeunesse et la modernité de l’Afghanistan et la nouvelle ère que le couple voulait développer et consolider, explique l’historien Habibullah Rafi. Cependant, notre ennemi malveillant, l’empire britannique à l’époque, qui avait échoué en Afghanistan, a voulu venger sa défaite. C’est ainsi qu’il a commencé à répandre des rumeurs sur les objectifs de reine, afin de bloquer le progrès dans le pays ».

Rafi raconte que les Britanniques ont distribué des photographies montrant la reine à l’étranger avec les jambes nues. C’était un tableau choquant pour beaucoup de gens au pays. « La Grande-Bretagne, poursuit Rafi, ne pouvait pas se permettre de voir un Afghanistan libre et prospère, car l’Inde, qu’elle occupait, aurait été inspirée par notre liberté et notre progrès et se serait également révoltée. C’est pourquoi la Grande-Bretagne a fait tout son possible pour saper le gouvernement de l’époque, et surtout la reine. »

Les documents de l’ancien cabinet secret consultés par Arab News révèlent que la Grande-Bretagne, qu’elle soit ou non à l’origine d’une campagne de coup bas contre Amanullah et sa femme, a toutefois soutenu avec enthousiasme Mohammed Nadir Shah, le successeur d’Amanullah au poste de roi.

Les Britanniques se préoccupaient principalement de protéger l’Inde, le joyau de la couronne de l’Empire. Pour eux, elle était menacée par les relations de plus en plus étroites d’Amanullah avec l’Union soviétique. À la grande inquiétude des Britanniques, Amanullah avait signé, en mai 1921, un traité d’amitié avec les Soviétiques.

En 1932, le successeur d’Amanullah demande aux Britanniques l’assurance qu’ils l’aideront à faire face à une éventuelle invasion soviétique. Le paragraphe d’un télégramme que le gouvernement britannique de l’Inde a envoyé à Londres le 10 septembre 1932 confirme l’ingérence de l’Empire dans les affaires intérieures de l’Afghanistan.

Dans ce télégramme il est écrit : « Le gouvernement afghan est conscient que sa position interne est instable en raison de la propagande pro-Amanullah et de l’aide que nous accordons à Nadir pour l’aider à accéder au trône. »

Le roi Amanullah et la reine Soraya s’exilent à Rome, en Italie, où ils finiront leurs jours. Amanullah décède en avril 1960. Son épouse meurt huit ans plus tard, en avril 1960, à l’âge de 68 ans. Une escorte militaire accompagne son cercueil jusqu’à l’aéroport de Rome. En Afghanistan, on lui fera des funérailles nationales.

Aujourd’hui, le roi et la reine reposent à côté de l’émir Habibullah dans le mausolée de la famille, situé dans les jardins de Shaheed, à Jalalabad.

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Aujourd’hui près de 60% des quelques 3 millions d’enfants afghans non scolarisés âgés de 7 à 15, sont des filles. (Photo d’archives AFP).

Le 11 octobre marque la Journée internationale de la fille, organisée pour sensibiliser aux obstacles auxquels elles sont confrontées partout dans le monde. Cette année, l’organisation Education Cannot Wait (ECW), créée lors du Sommet humanitaire mondial de 2016, souligne ces obstacles en se concentrant sur le sort des filles en Afghanistan.

L’association explique : « Le conflit de plus de trois décennies a dévasté le système éducatif afghan et l’école primaire reste un rêve lointain pour de nombreux enfants, en particulier dans les zones rurales. »

Selon ECW, entre 3,2 et 3,7 millions d’enfants âgés de 7 à 15 ans, dont 60 % de filles, ne sont pas scolarisés aujourd’hui en Afghanistan, alors que le taux d’abandon d’études reste élevé.

Quatre-vingt-dix ans se sont écoulés depuis que Soraya a essayé de libérer les jeunes filles et les femmes afghanes. Une tentative qui a pris fin dans la révolte et le retour à un système de répression traditionnaliste. Elle serait certainement triste aujourd’hui de voir le peu de progrès réalisés dans son pays par la suite.

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90 ans après, la reine Soraya serait triste de savoir combien très peu de choses ont change en matière d’émancipation féminine. (Photo d'archives AFP).

Wardak, qui lutte pour l’intégration des femmes en Afghanistan, déclare : « J’admire les efforts de la reine Soraya, mais je crois qu’elle aurait pu être plus efficace si elle avait adopté une approche plus subtile sur la manière de faire progresser les droits des femmes. »

« Aujourd’hui, nous luttons pour imposer de nombreux droits pour les femmes, le mariage des mineures existe toujours et le système de dot n’a pas été supprimé. »

Néanmoins, Wardak l’affirme : « Je crois que la vision de la reine Soraya est toujours présente chez de nombreuses jeunes femmes influentes et restera ancrée dans les générations à venir, si nous continuons à éduquer notre société. L’éducation est la clé. »

Twitter: @JonathanGornall // Twitter: @sayedsalahuddin


Israël : Netanyahu en visite en Hongrie le 2 avril malgré le mandat d'arrêt de la CPI

Un manifestant brandit le drapeau israélien lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à une action pour obtenir la libération des otages israéliens détenus depuis les attaques du 7 octobre par des militants palestiniens dans la bande de Gaza, devant le ministère israélien de la Défense dans la ville côtière de Tel Aviv, le 29 mars 2025. (Photo par Jack GUEZ / AFP)
Un manifestant brandit le drapeau israélien lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à une action pour obtenir la libération des otages israéliens détenus depuis les attaques du 7 octobre par des militants palestiniens dans la bande de Gaza, devant le ministère israélien de la Défense dans la ville côtière de Tel Aviv, le 29 mars 2025. (Photo par Jack GUEZ / AFP)
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  • Au cours de sa visite, M. Netanyahu devrait s'entretenir avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban et d'autres hauts responsables hongrois.
  • Au cours de sa visite, M. Netanyahu devrait s'entretenir avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban et d'autres hauts responsables hongrois.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit se rendre en Hongrie le 2 avril, a annoncé dimanche son bureau, malgré un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour des soupçons de crimes de guerre et contre l'humanité à Gaza.

Au cours de sa visite, M. Netanyahu devrait s'entretenir avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban et d'autres hauts responsables hongrois, avant de retourner en Israël le 6 avril.

M. Orban a adressé une invitation à M. Netanyahu malgré le mandat d'arrêt de la CPI, émis l'année dernière. Il avait fermement condamné la décision de la Cour, la qualifiant de « honteuse ».

La CPI a émis des mandats d'arrêt contre M. Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés dans le cadre de la guerre d'Israël contre le Hamas à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

La Hongrie a signé le Statut de Rome, le traité international qui a créé la CPI, en 1999 et l'a ratifié deux ans plus tard, pendant le premier mandat de M. Orban.

Cependant, Budapest n'a jamais promulgué la convention associée au Statut de Rome, pour des raisons de conformité avec sa Constitution. Elle affirme donc qu'elle n'est pas tenue de se conformer aux décisions de la CPI.


Diversité: l'administration Trump met la pression sur des entreprises françaises

Le président américain Donald Trump s'exprime lors de la cérémonie de prestation de serment d'Alina Habba en tant que procureur général du New Jersey, dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 mars 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'exprime lors de la cérémonie de prestation de serment d'Alina Habba en tant que procureur général du New Jersey, dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 mars 2025. (AFP)
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  • Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l'ambassade des Etats-Unis les interrogeant sur l'existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec le gouvernement américain
  • Le contractant doit également confirmer qu'il est "en conformité avec toutes les lois fédérales anti-discrimination applicables, ce qui est important pour les décisions de paiement du gouvernement"

PARIS: Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l'ambassade des Etats-Unis les interrogeant sur l'existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec le gouvernement américain, rapportent vendredi plusieurs médias français.

Interrogé par l'AFP, l'entourage du ministre français de l'Economie, Eric Lombard, a jugé que "cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain. Ce ne sont pas les nôtres. Le ministre le rappellera à ses homologues au sein du gouvernement américain", selon la réaction transmise.

"Le contractant ou l'offrant potentiel certifie qu'il (...) ne met pas en œuvre de programmes de promotion de la diversité, de l'équité, et de l'inclusion qui enfreignent les lois fédérales anti-discrimination applicables" aux Etats-Unis, demande un questionnaire attaché au courrier adressé à plusieurs entreprises, que l'AFP a pu consulter.

Le contractant doit également confirmer qu'il est "en conformité avec toutes les lois fédérales anti-discrimination applicables, ce qui est important pour les décisions de paiement du gouvernement", et mentionner le numéro d'appel d'offre ou contrat qui le concerne, peut-on lire dans le questionnaire.

Dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, Donald Trump a signé un décret exécutif déclarant "illégaux" les programmes et politiques de "DEI" (Diversité, équité, inclusion), promouvant l'égalité des chances, au sein de l'Etat fédéral.

"Nous vous informons que le décret 14173, concernant la fin de la discrimination illégale et rétablissant les opportunités professionnelles basées sur le mérite, signé par le Président Trump, s'applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain, quel que soit leur nationalité et le pays dans lequel ils opèrent", peut-on lire dans le courrier publié par Le Figaro.

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Trump s'est engagé dans une vaste réforme du gouvernement fédéral, traquant les dépenses publiques jugées de gaspillage ou contraires à sa politique, comme les programmes faisant la promotion de la diversité ou de l'inclusion.


Washington somme l'armée libanaise de désarmer le Hezbollah

Une photo prise dans la région de Marjayoun, au sud du Liban, montre un avion de guerre israélien survolant le sud du Liban, le 28 mars 2025. L'envoyé des Nations unies pour le Liban a appelé toutes les parties à la retenue le 28 mars, après qu'Israël a mené des frappes aériennes dans le sud du Liban à la suite de nouveaux tirs de roquettes en direction d'Israël. (AFP)
Une photo prise dans la région de Marjayoun, au sud du Liban, montre un avion de guerre israélien survolant le sud du Liban, le 28 mars 2025. L'envoyé des Nations unies pour le Liban a appelé toutes les parties à la retenue le 28 mars, après qu'Israël a mené des frappes aériennes dans le sud du Liban à la suite de nouveaux tirs de roquettes en direction d'Israël. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont indiqué vendredi qu'il était de la "responsabilité" du Liban et de l'armée libanaise de désarmer le Hezbollah, disant soutenir Israël après les bombardements dans la banlieue sud de Beyrouth
  • L'armée israélienne, qui a aussi bombardé le sud du Liban, avait appelé à évacuer une partie des habitants de la banlieue sud, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont indiqué vendredi qu'il était de la "responsabilité" du Liban et de l'armée libanaise de désarmer le Hezbollah, disant soutenir Israël après les bombardements dans la banlieue sud de Beyrouth.

"Dans le cadre de l'accord de cessation des hostilités, le gouvernement libanais est responsable du désarmement du Hezbollah, et nous attendons des forces armées libanaises qu'elles désarment ces terroristes afin d'empêcher la poursuite des hostilités", a déclaré à la presse la porte-parole du département d'Etat, Tammy Bruce.

Israël a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve, en riposte à des tirs de roquettes qui ont visé son territoire.

L'armée israélienne, qui a aussi bombardé le sud du Liban, avait appelé à évacuer une partie des habitants de la banlieue sud, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte qui l'ont opposée au mouvement libanais, avant un fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.

"Si des attaques ont eu lieu, c'est parce que des terroristes ont lancé des roquettes sur Israël depuis le Liban. Il s'agit d'une violation de la cessation des hostilités", a poursuivi Mme Bruce, en soulignant qu'Israël devait "réagir, comme le feraient les Etats-Unis ou tout autre pays dans ce genre de situation".