PARIS: Sa déclaration de candidature, attendue dimanche, inquiète ses alliés de la majorité municipale mais son entourage l'assure: Anne Hidalgo "reste plus que jamais maire de Paris", où elle a l'intention de poursuivre son programme de mandature.
L'ambiance sera-t-elle différente lundi à l'Hôtel de Ville, une fois que l'édile de la capitale depuis 2014 aura mis fin au faux suspense en officialisant à Rouen sa volonté de porter l'étendard du PS à l'élection présidentielle d'avril 2022 ?
Non, assure-t-on dans son entourage, contacté par l'AFP. "Elle va exercer ses compétences de maire de Paris de manière complète et entière" tout en étant "en campagne quelques jours par semaine", explique-t-on au sein de son cabinet. Si "elle sera sans doute physiquement moins présente qu'elle ne l'a été", reconnaît son adjoint (PS) chargé de l'éducation Patrick Bloche, "elle reste plus que jamais maire de Paris".
La candidate annoncée du PS "continuera à arbitrer les dossiers les plus importants", assure M. Bloche, à l'heure où les dossiers sensibles de sa deuxième mandature entrent en phase de réalisation: stationnement payant pour les deux-roues motorisés, police municipale...
L'imminence de son entrée en campagne ne l'a pas dissuadée d'avancer sur les centres d'accueil de consommateurs de crack, un sujet explosif, fait valoir un collaborateur. Autre "preuve": les 30 km/h dans la capitale ont été instaurés "en dépit des impacts qu'ils pouvaient avoir sur la campagne".
«Incertitude budgétaire»
Mais alliés écologistes et communistes sont dubitatifs. "Les projets pourraient ne plus avancer pour éviter toute polémique", redoute un élu écologiste.
Pour Nathalie Maquoi, cheffe de file des élus Génération.s, "l'incertitude budgétaire" est source de craintes "par rapport aux grands enjeux". Même son de cloche chez David Belliard (EELV), l'adjoint aux transports et mobilités: "Aujourd'hui, le dispositif de gouvernance n'est pas clair, on n'a pas d'info, on ne sait pas comment les prises de décision vont être faites", estime-t-il en pointant du doigt l'absence de Plan d'investissement de la mandature (PIM).
"On nous dit que rien ne va changer mais tout le monde sait que tout va changer", dit encore ce soutien de Yannick Jadot.
Nicolas Bonnet-Oulaldj (PCF) va encore plus loin: "Ma crainte, c'est d'être mis devant le fait accompli d'événements et que la maire, ou son cabinet, garde des informations au fil de sa campagne".
Les fissures apparues entre elle et ses alliés communistes et écologistes, et notamment avec ces derniers une polémique autour d'un hommage à l'enseignant décapité Samuel Paty, peuvent-elles s'élargir?
"Notre adversaire, ce n'est pas Anne Hidalgo, c'est la droite et le RN", rassure M. Bonnet-Oulaldj qui soutiendra le candidat communiste Fabien Roussel. "Ce n'est pas la première fois qu'on vit ensemble dans la majorité municipale et qu'il y a des choix différents qui s'expriment sur des échéances nationales", abonde le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire.
Séparer «Ville et campagne»
En place depuis 2018 et la démission fracassante de Bruno Julliard qui avait dénoncé "l'inconstance" de la maire de Paris, M. Grégoire "sera amené à représenter un peu plus" Mme Hidalgo, acquiesce Patrick Bloche.
Déjà largement en première ligne pour communiquer sur les dossiers majeurs, comme le crack, Emmanuel Grégoire n'a pas pâti du couac autour d'un possible reconfinement de Paris fin février. "Anne Hidalgo sait qu'elle peut compter sur moi pour être là où je suis, et c'est à Paris", déclare-t-il.
Du côté des collaborateurs, l'entrée en campagne ne va que peu affecter l'organisation interne, assure-t-on au cabinet. "Il va y avoir une vraie équipe de campagne et Anne a demandé à ce qu'il y ait une vraie séparation entre la Ville et la campagne", assure un conseiller.
Les quelques-uns qui embraieront vers la campagne puiseront d'abord dans leurs congés ou leur compte épargne temps (CET), puis "leur contrat à l'Hôtel de Ville sera résilié et ils basculeront vers des contrats campagne", précise un autre membre du cabinet.