Les sanctions américaines qui visent les deux anciens ministres libanais Ali Hassan Khalil proche du président du Parlement Nabih Berri et Youssef Fenianos, proche du Hezbollah et de Sleiman Frangié, le leader du parti Marada, ne simplifient pas la tâche du nouveau chef du gouvernement libanais Moustapha Adib. Ce dernier s’est en effet engagé auprès d’Emmanuel Macron à former un gouvernement dans les 15 jours suivant son second déplacement, le 1er septembre.
Le nouveau Premier ministre qui garde un silence absolu concernant les membres de son futur cabinet verra sa tâche compliquée si le Hezbollah et son allié chiite Amal tiennent à conserver le ministère des Finances. La France qui suit de près les développements au Liban, avait obtenu l’engagement des partis politiques de ne pas bloquer la formation d’un gouvernement de mission à même de réaliser des réformes. Mais depuis l’annonce des sanctions américaines, la mission d’Adib devient encore plus complexe.
Le nouveau Premier ministre qui garde un silence absolu concernant les membres de son futur cabinet verra sa tâche compliquée si le Hezbollah et son allié chiite Amal tiennent à conserver le ministère des Finances.
Paris affirme que ces sanctions n’ont pas pour but de saborder son initiative, car elles ne sont pas coordonnées par la France, mais existaient déjà depuis longtemps. Ces sanctions vont probablement raidir les positions du Hezbollah et d’Amal, selon des sources françaises mais elles vont ensuite envoyer un signal fort à tous les alliés du Hezbollah qui sacrifient tout pour le pouvoir en s’alliant à ce parti. Ces sanctions pourraient bientôt toucher d’autres personnalités alliées au Hezbollah, comme le gendre du président libanais Gebran Bassil.
La France a cependant bien fait comprendre à tous les partis politiques que les habitudes passées des uns et des autres de revendiquer tel ou tel ministère devaient cesser. Si un parti commence à le faire, alors d’autres le feront par la suite. La diplomatie française a aussi transmis le message que faire défaut aux engagements pris devant le président français le 2 septembre à la Résidence des Pins aurait un coût élevé pour le Liban. Il ne serait dans ce cas pas question d’obtenir un centime de la communauté internationale.
Le Hezbollah et Amal vont-ils saboter la formation du gouvernement ?
Macron a engagé son capital politique en venant deux fois en moins d’un mois à Beyrouth pour sortir le pays de la crise. Paris prépare déjà une conférence internationale pour le Liban. Le président français a nommé officiellement la semaine dernière Pierre Duquesne, coordinateur de l’aide internationale pour le Liban. Il était déjà chargé du suivi de la conférence CEDRE en 2018.
Paris ne veut cependant pas être faiseur de ministres, Emmanuel Macron avait d’ailleurs clairement expliqué aux chefs de partis libanais qu’il ne voulait pas participer à ces débats.
Abbas Ibrahim, directeur de la Sureté générale et homme des missions délicates et difficiles, s’est rendu à Paris pour porter un message du président Aoun dont on ne connaît pas la teneur. Il est probable qu’il soit venu rendre compte aux responsables français des derniers développements politiques au Liban depuis la visite d’Emmanuel Macron dans le pays.
Paris ne veut cependant pas être faiseur de ministres, Emmanuel Macron avait d’ailleurs clairement expliqué aux chefs de partis libanais qu’il ne voulait pas participer à ces débats. Des informations ont circulé, affirmant que le diplomate Bernard Emié, patron des renseignements extérieurs français à la DGSE aurait son mot à dire dans le nouveau gouvernement relève du fantasme de certains médias libanais.
Mustapha Adib étant un proche des frères Mikati, l’ancien Premier ministre Najib et son frère Taha ont poussé sa candidature auprès du chef du Parlement Nabih Berri, lequel l‘a suggéré à l’ancien Premier ministre Saad Hariri, qui, le connaissant déjà, l’a adoubé. Le nouveau Premier ministre a également reçu la bénédiction de la France, qui a été informée par son ambassade en Allemagne de la réputation intègre du diplomate libanais choisi par Hariri. Le patron de la DGSE Emié, ancien ambassadeur au Liban connaissait Adib puisqu’il a été en poste au Liban au moment où Nagib Mikati était Premier ministre. Pourtant, ce n’est ni Macron, ni Emié qui ont conduit à la nomination d’Adib, le président français souhaitant ne pas s’impliquer dans la nomination des ministres.
Mustapha Adib étant un proche des frères Mikati, l’ancien Premier ministre Najib et son frère Taha ont poussé sa candidature auprès du chef du Parlement Nabih Berri, lequel l‘a suggéré à l’ancien Premier ministre Saad Hariri, qui, le connaissant déjà, l’a adoubé.
La question qui se pose à l’heure actuelle est de savoir si le Hezbollah va entraver la formation du gouvernement et faire échouer l’initiative de Macron, condamnant ainsi le Liban à plus de malheurs au cours des prochaines semaines. La réponse à cette question sera bientôt connue. Le président Macron a confié à son hôte le roi de Jordanie il y a quelques jours qu‘il était optimiste. D‘autres sources françaises partagent cet espoir car le Liban n’a plus d’autre alternative que celle offerte par la France.
Randa Takieddine est correspondante en chef d’Arab News en français à Paris.
Twitter : @randaparis
NDLR : Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.